23.3.11

957 - Le temps de se poser entre les rayons du soleil neuf

Ste Cécile de la Consolation
1) Contraintes

Il est des jours (beaucoup plus nombreux que l'inverse) où le plaisir - d'écrire, s'entend - devient contrainte.

Où je me bats contre, non pas les mots qui viennent se présenter à moi en ordre discutable, petits soldats sans cervelle désireux de connaître le front, mais contre ce sentiment d'impuissance, de je m'en foutisme et d'à quoi bon du général qui sait qu'une guerre ne se gagne jamais.

Je cherche, suivant l'humeur, la cause de cette faillite dans mon ventre, mon coeur, mon souffle, la méchanceté des hommes politiques ou les nuages radioactifs. Ce qui m'évite de regarder la réalité en face : je n'ai rien à faire dans l'armée des écrivains -  je suis objecteur de conscience.

2) Chicanes

Etrangement, les ennuis mécanico-administrativo-communicatoires de ces deux dernières semaines semblent se résorber, et pour le mieux. Trois écueils subsistent, néanmoins : à quoi vont servir mon Juste courroux et mon Putain de bon sens dans un monde sans obstacle ? Et pourquoi n'ai-je pas autant d'énergie à me réjouir qu'à m'indigner ?
Et, surtout, maintenant que je n'ai plus mille choses à penser, je peux me mettre au travail.
Vite, mon mail, vite mon facebook, mon blog, pour échapper à cette obligation.

3) Multimédia

E.C a écrit à propos des blogs d'auteur un article dans Libé - mais je ne le lis que sur le net. Je ne sais pas (comme souvent) que penser de sa prise de position. Si c'en est une. Il me semble en revanche que parler d'auteur littéraire sur Internet, c'est oublier que le support transforme l'artiste (ce qui est un bien, l'artiste étant en général un triste emmerdeur autosatisfait) ; de fait, j'ai souvent du mal à lire les textes longs et complexes de beaucoup "d'écrivains du net". Parce que j'ai envie de petites phrases, de sons, d'images. Du tournoiement que procurent les écrans et que le livre interdit au profit d'un vertige intérieur, personnel.

Là, faudrait que je balance un fichier multitruc, ça aurait de la gueule.

4) In the heart of the sonido

Un bureau ergonomique, des fils dans tous les sens, et face à nous des enceintes enchâssées dans des murs de béton et de bois, scientifiquement orientés et isolés : E. et moi avons vécu hier notre première expérience de mastering.
(Pour les non-pratiquants, il s'agit de l'ultime préparation d'une chanson avant de la graver sur CD : on écoute religieusement toutes les petites fréquences pour optimiser le son, on filtre, on booster, on creuse, on équalise...)
Nous avons passé une paire d'heure dans ce qui ressemblait au cockpit d'un vaisseau spatial au coeur d'une petite maison près de Garonne ; la musique, devant nos yeux, prenait corps, littéralement.
Nous nous sentions sérieux, précis, vaguement euphoriques.
C'est tout de même plus marrant qu'écrire un livre, non ?

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