24.9.09

739 - Quelques heures


Depuis peu, allez savoir pourquoi, je me suis remis à penser en heures. À penser en termes de cours, de classes, d'horaires.
D'horreures.
Ma journée se divise en temps-que-je-prends-le-matin pour rêver, temps-de-la-musique le soir.
Il y a également le temps-que-je-passe dans cette petite librairie-tartinerie, entre un bout de nouvelle et un cours de yoga, et le temps-que-je-passe avec elle.

Les jours n'ont pas tous le même goût. Il y a le lundi-pistache (je n'aime pas la pistache) avec ses longues heures et ses trous dans les cours ; le mardi-répète, où je pense à ma voix en jouant avec un tableau interactif ; le mercredi-vortex, où nous courons pour amener les enfants aux activités qui les ennuient presque, et au terme duquel je ne trouve pas toujours la force d'aller jouer au rugby. Et puis le jeudi et le vendredi qui se traînent en promettant vaguement un ouikend.
Et ainsi de suite.
Je repense à mes semaines en terme d'agenda. Avec des cases dedans.
Il faut bien dire que les non-cases, le temps dodu où je ne fais pas présence dans ce fameux collège, se teintent de joie créative. Il faut bien dire que les quelques kilomètres de vélo au bord du canal me vident la tête.
Et malgré ça...
J'étais un bon élève, je crois. Un de ceux qui se prennent pour des rebelles, mais obtient toujours les notes qu'on attend de lui.
J'étais un bon élève, je crois. Après avoir pleuré les premiers jours de 6e, dans cet univers de petits durs stupides et de cours sans affection. Pauvre petit bonhomme, va. Pauvre inadapté.
Plus tard, j'ai été un bon prof. Les leçons me semblaient une évidence, et parfois même j'ai réussi à les expliquer.
Ce matin, Ysmaëlle (fifille d'E.) a mal au ventre. Elle ne veut pas aller à l'école.
Je n'ai pas mal au ventre. La journée s'annonce facile - contrôles, du silence, quelques copies à corriger.
Je pense à "Come down", un nouveau morceau en train de s'écrire ; je pense à "L'île du moine à tête de mort", une nouvelle en cours. Je pense à la télé hier soir, ce débat sur la jungle de Calais, et à London Calling, mon dernier roman bilingue, qui se passe là-bas.
Je pense à tout à l'heure, quand je reviendrai très tôt du taf.
Je pense à la lettre que j'ai écrite, qui comportait le mot démission - et à ce mot qui me gêne. Je voulais juste dire changement.

Oui, les choses changent. Pour le meilleur, je crois.

1 commentaire:

EmmaBovary a dit…

J'aurais toujours mal au ventre si je devais retourner à l'école. Et pourtant au début, j'aimais bien...
C'est vrai que c'est moche comme mot "démission"... Changement, c'est beaucoup mieux!
:)
(C'est comme "chômeur" ou "demandeur d'emploi'", c'est pas beau, alors je dis: je suis créatrice d'avenir à mi-temps!)