8.9.09

733 - MArdi, je te raconte...


- Et je ne veux plus te voir, c'est tout, je ne te supporte plus !

Le père hurlait dans la voiture, sa voix résonnait par les vitres ouvertes à travers le parking dans les rues,

- Toujours à demander exiger courir râler faire la gueule,

Sa colère montait comme le flot d'une rivière trop longtemps engloutie, sa colère mêlée de douleur stupide (il avait envie de pipi et venait de casser ses lunettes par maladresse contre son front), sa colère aux accents d'inquiétude je ne suis pas le père que je voudrais te donner ; sa colère, pourtant, qu'il trouvait juste - qu'avait-il demandé, après tout ?

Et l'enfant - l'enfant grandi, il avait ton visage, tes yeux étrécis, ta bouche dure - l'enfant dit de la voix de son ventre

- Là tu es en colère, mais dans dix minutes tu regretteras ce que tu dis

Alors le père se tut. La rivière en lui était siphonnée de rire ; une partie moins incandescente de son cerveau lui soufflait que pour la première fois son fils lui avait - oh non, pas tenu tête mais - indiqué la sagesse et le calme.

C'était dommage, pour ces lunettes, d'accord. Et il devait trouver des toilettes rapidement. Il se demanda quand il cesserait d'être un gosse.

***

Rahoul et Esag se regardèrent. Que venait-il de se passer ? Toutes ces images, ces sensations, ces mots entre eux - d'où venaient-ils ?

Le sequse ne bougeait plus - Esag tendit la main vers son enfant, enfin, et

Le sequse bougea à nouveau.

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