28.7.09

720- MArdi, je te raconte



Combien de temps se passa-t-il ainsi, Rahoul grimpant vers le rêve du sommet, et Esag le suivant avec au coeur la peur de la chute ?

Nul ne saurait le dire.
L'Arbre, lui, ne changeait pas. Sa ramure était toujours aussi dense, son tronc toujours aussi gigantesque ; rien n'indiquait que la cîme approchât.

Esag tentait de ne pas y penser ; Rahoul ne s'en apercevait même pas - tout comme il ne sentait nulle fatigue, nul doute, nul découragement.

C'est peut-être pour ça qu'il déboucha enfin au faîte de l'Arbre.

Il aurait attendu autre chose.
C'était un poil décevant. En haut de l'Arbre, il y avait... le haut de l'Arbre.

Sauf que ce n'était pas vraiment un haut. Pas un truc tout effilé, secoué par le vent, avec une seule branche, et d'où le regard aurait pu embrasser l'horizon dans son entier. Non, en haut de l'Arbre, il n'y avait que les branches, qui formaient un genre de plateforme ; on aurait dit que l'Arbre, fatigué de pousser, s'était arrêté , tout simplement.

Pour ce qui était de l'horizon, bin, il n'y en avait pas vraiment. Sans doute qu'il y avait du brouillard, ou un bout de nuage accroché au plus hautes branches : en tout cas, autour de lui, Rahoul ne voyait rien.

Il fit quelques pas sur le tapis de branches, s'approcha du bord. Il se pencha même pour savoir s'il pourrait encore apercevoir la clairière, là-bas, tout en bas. Il se pencha un peu, puis un peu plus, puis encore un peu, puis presque beaucoup ; mais il ne voyait rien, vraiment rien, que la ramure de l'arbre qui se perdait dans le gris.

Il se pencha encore un peu -il ne risquait tout de même rien, lui qui était tellement habitué aux arbres...

On entendit un hurlement transpercer le demi-jour.

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