21.7.09

717 - MArdi, je te raconte


Rahoul sans cesse grimpait vers le sommet de l'Arbre ; malgré la fatigue, malgré l'inquiétude naissante, il progressait vers le sommet.

Il ne pouvait pas le voir, bien sûr : l'Arbre était trop grand, les branches trop nombreuses. Mais puisqu'il y avait un Arbre, il devait y avoir un sommet.

Non ?

Plus loin, en-dessous, Esag grimpait aussi ; il se maudissait d'avoir passé tant de temps sans chasser sans courir, sans faire d'exercice : il avait mal aux bras, aux jambes et aux pieds. Il se sentait trop vieux, trop maladroit, trop fatigué pour rattraper son fils chéri. Et pourtant, il continuait à escalader - que pouvait-il faire d'autre ?

Tomber aurait peut-être été plus simple. Lâcher prise, une seule fois - glisser le long des branches, s'en remettre à la gravité et oublier une fois pour toutes la peur qui le rongeait à l'idée que Rahoul s'éloigne de lui.

Il se passa des heures, peut-être des jours ; le feuillage de l'arbre était si épais qu'on distinguait mal le jour de la nuit, l'aube de l'obscurité.

Le vent chantait gaiement aux oreilles de Rahoul ; Esag, lui, y entendait un sifflement glacial, la chanson ironique de la fin qui l'attendait. Car Rahoul pensait à la cîme de l'arbre, qui ne cessait de s'approcher ; et Esag pensait à la terre qui s'éloignait - et au risque, toujours, d'une chute...

En bas, dans la clairière, la pléistéchione releva la tête ; elle avait fini de brouter, elle s'ennuyotait un peu. Elle s'approcha du tronc de l'Arbre, et huma l'air autour d'elle.

Puis elle enroula une de ses dix-sept pattes sur une branche basse.

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