28.10.08
Ce serait comme ça
Tu te lèverais un matin pour t'apercevoir que, depuis au moins X temps, tu n'as pas pensé à faire un post.
Tu te lèverais un matin sans penser que tu avais quelque chose à dire, quelque chose qui ne pouvait attendre de passer au filtre de la fiction, quelque chose d'important, sinon pour d'autres, du moins pour toi.
Ta vie de blogueur serait terminée.
Oh, tu n'aurais pas arrêté d'écrire ; mais vivre te prendrait du temps, tellement de temps que tu n'aurais plus ces moments où tu te retournes sur toi-même, où tu habites à quelques centimètres de ton corps et te regardes agir.
Tu aurais trouvé quelqu'un à qui parler de ce qui t'agite - les rêves les poussées de fièvre, les enfants qui, les amis que, le désir, toujours le désir, et cette prétention imbécile à ne sentir que le bonheur (comme si tu savais le reconnaître). Tu aurais admis une fois pour toutes que, quelle qu'elle soit, ton activité d'humain consiste finalement à soulever des brindilles, à les transporter un peu plus loin, et à les abandonner là.
Tu ne serais ni joyeux ni triste : tu avancerais, simplement.
Ce matin-là, il pleuvrait sur Toulouse. Ce serait la première pluie sur tes premières plantations dans ton jardin (le quatrième, si tu comptes bien) ; elle tomberait amicale et régulière. Tu aurais un peu faim, tu descendrais dans la cuisine. Peut-être que les deux poissons rouges (l'un est bleu) seraient encore vivants. Peut-être que tu aurais le courage d'aller chercher du pain au coin de la rue.
Tu écouterais la radio, et quelques nouvelles te feraient réagir.
Mais, décidément, tu aurais oublié d'écrire.
Tu ne penserais même pas à fermer ton blog - pas plus que le serpent ne s'occupe de ce que devient sa peau de verre après sa mue.
Tu penserais que tu as envie d'écrire, mais quoi ?
Et tu te mettrais au boulot.
Et sinon, bon anniversaire, ma grande soeur.
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