17.3.15

1093 - Reprendre l'entraînement

La gnaque, bordel.
1. Le souffle, petit. Et le coeur

On se dirait ce matin-là, bon, et s'il était temps de s'y remettre ? C'est vrai quoi, on a beau avoir mille projets qui tiennent la route, l'abordent ou la quittent, faut savoir revenir aux fondamentaux - cul sur la chaise, doigts sur le clavier. Histoire de pas s'empâter, bien sûr. Et puis de chercher de nouveaux trucs.



2. Le mode avion

Régulièrement - plusieurs fois par semaine - il coupe son téléphone ; le met en mode avion.

C'est sa façon à lui d'arrêter un peu le manège du monde. Sortir du réseau, devenir inaccessible, rester à distance.

Il ignore pourquoi il lui semble plus fort, plus intense, de passer en mode avion plutôt que d'éteindre le téléphone. À cause du nom, peut-être. Ou bien de la joie moqueuse qu'il y a à laisser le petit tyran domestique avec toutes ses fonctions, allumé, capable de donner l'heure - et coupé, muet, tranquille.

Les ondes rebondissent sur eux.

Dans ces moments-là, il s'assied parfois en tailleur, ferme les yeux, respire. Parfois aussi, il marche - il n'écoute rien d'autre que ce que ses pieds disent du sol. Que le bruit de ses pensées à mesure que l'agitation électronique se calme, qu'elles fondent comme des nuages sous le vent.

Il ressent bien sûr les tensions dans sa nuque, ses épaules ; son ventre qui lui fait mal (son ventre étrangement ne semble capable d'évoquer que deux sensations - le vide et la douleur. Le reste du temps, le ventre ne dit rien, n'émet pas. Alors, il lui prête attention dans ces moments, comme on invite un chanteur timide à s'exprimer devant les autres).

Il se souvient du temps d'avant, où il aurait souhaité être plus connecté aux autres. Du temps des lettres qu'on attendait, des coups de fil qu'on ratait. Il se souvient de ses colères, à l'époque - il essaie de se souvenir de la paix, aussi. Incroyable comme le temps a peuplé le monde de liens autour de lui.
Il respire, respire encore, s'efforçant d'oublier jusqu'au mode avion ; d'oublier la petite voix qui lui reproche toujours de n'être pas assez - détendu, libre, heureux.

L'injonction de cette voix-là, au fond du mode silence, explique peut-être pourquoi il est si prompt à rallumer son portable.

3. Jamais 203

Mais si on se dit ça des maisons, des mariages, des femmes, des enfants, on reste seul pour toujours, non ?


4 commentaires:

Anonyme a dit…

...
waoooo.
Great.
Mais c'est un peu une claque quand même, non ? la fin en tout cas.
On est seuls pour toujours de toute façon, ne crois tu pas ?

Manu a dit…

On est vachement nombreux à être seuls, sans doute. Mais je parlais de vivre ensemble ; d'avoir peur de remonter sur le tandem à cause d'une gamelle. Et ainsi de suite.
Egalement, bon à savoir pour la suite : je décline toute responsabilité pour les points (3), qui depuis hier ont revendiqué leur indépendance.
Et au fait, merci de commenter, chez anonyme, ça rappelle le bon vieux temps - tout ça à cause d'une remarque très juste de l'immense Séverine Vidal

Manu a dit…

(il devait y avoir un lien, mais j'ai oublié comment on se servait des balises html, si quelqu'un s'en souvient...) ahref http://severinevidal.blogspot.fr/, voilà voilà

estèf a dit…

Comme ça l'immense Séverine Vidal
Gamelle ou une façon de finir quelque chose qui n'était pas fait pour durer pour la vie, cette drôle d'illusion, ou pas, ça depend, mais il y a toujours un autre à rencontrer non ?