19.5.10

877 - Trois femmes puissantes et autres divertissements


1) Un post presque mûri

Les livres que je lis, en ce moment, sont le fruit de rencontres ou de cadeaux - ce qui revient souvent au même. Cela faisait quelques semaines que trois romans me faisaient signe, dans la pile à côté de la tête du lit. Trois romans écrits par des femmes. Dont au sujet desquels j'ai envie de parler. Pas forcément d'actualité, pas forcément au top des ventes.
Des livres à rencontrer, donc.

2) Les derniers indiens

Marie regarde le temps passer à la fenêtre. Jean à ses côtés reste un vide, un silence. Ils ne sont plus que les vestiges du temps où, du temps de la Mère, maîtresse femme d'une famille comme il faut. La soeur vieille fille et le frère vieux garçon ne sont que les indiens qui restent, confits dans leurs souvenirs immobiles, tandis que les cow-boys dehors envahissent l'espace du vivant.
Il y a dans les phrases de Marie-Hélène l'odeur des pierres dans le Massif Central, les intérieurs noircis de fumée des fermes immobiles - et les cancers qui rongent en secret, avant que tout finisse, ne se dissolve et disparaisse.
Un huis-clos où l'enfer, encore, c'est les mois plus que les autres.

3) Curiosité


C'est un livre qui m'a effrayé un temps. Et envpûté, aussi, un peu comme on écoute l'appel des loups depuis le ventre d'un château de pierre, un soir d'hiver.
C'est une écriture qui se lance, coule, convulse parfois, emprunte la voie des vers ; c'est une voix creuse, presque hallucinée.
C'est la septième femme de Barbe-bleue au sourire énigmatique, qui se promène précautionneusement dans l'infini de sa prison.
C'est un roman comme le velours d'une tâche de sang sur la neige.

4) L'oeil postiche de la statue Kongo

Des matriochka. Des poupées russes, emboîtées, enfermées les unes dans les autres.
Enceinte, habitée par les prémisses d'une nouvelle existence, et fille d'une fille qui ne veut rien savoir de sa mère décédée, Anne Cabane est auxiliaire de justice. Elle enquête sur le passé d'une femme muette, soupçonnée du meurtre d'une femme-enfant.
Des strates - le passé familial, l'histoire des autres, les pays de la mémoire, la quête de soi, les différentes réalités.
Anne-Christine Tinel écrit comme un soliste improvise (ou l'inverse ?). Phrases formelles, à la rigueur presque administrative parfois - puis bribes de rêve, mots qui d'eux mêmes prennent toute la place. Avec la maîtrise de ceux (celles) qui acceptent de laisser parler leur écriture.

5) Les mots que je n'ai pas écrits ci dessus (mais que j'aurais pu)

Bouleversés/ connaissance/ copinage/ attrait/ admiration/ modèle/ acheter/ ironie/ inspiration/ salon du livre de Montgiscard/ charme/ classique/ baroque/ facilité/ conseil/ avis/ jugement
...
C'aurait été trop long, et peut-être inutile, ou égocentré.
Critique.
J'espère te donner envie de les lire ; je crois que tu les aimeras.
En tout cas, moi je, oui.

6) Semaine théâtre

J'ai, grâce à L., enfin compris ce qu'était la fameuse "Agit" dont j'avais souvent entendu parler dans la région : un genre de concentration de motards, mais pour le théâtre.
Non, je déconne.
Quelques chapiteaux sur l'herbe, des spectacles de théâtre. Un lieu différent, un cadre nouveau pour (re) découvrir des textes - cette semaine, des soli.
Hier soir, Antoine Bersoux disait de larges extraits du Voyage au bout de la nuit, et lui donnait une dimension humaine, presque naïve.
Très vite, j'ai marché (à ses côtés).

Les chanceux toulousains peuvent également (re)voir cette semaine Novecento Pianiste servi avec talent par Jean-Luc Kraus au Théâtre du Grand rond, et, à partir de demain, Il y avait foule au manoir, à partir de 5 textes de Jean Tardieu, où oeuvrent mon très cher Jean-Paul Bibé et sa future metteuse en scène de La fête à Fred.

Oups. J'ai également oublié que vendredi, on pouvait vérifier que Tonton Maurice était toujours mort au Théâtre de poche.
Sans parler de nos lectures, ce soir, au même endroit.

Ca, c'est de la concurrence. Au moins, ça me console de rater mon match de rugby ce soir...

3 commentaires:

Fa a dit…

Fred et sa fête c'est peut-être ce que j'ai le plus adoré de toi.
Ce en toi où je me suis le plus reconnu et oublié peut-être (même si je n'étais plus là, pour toi et pour moi aussi, également que pareil).
Le plus vivant, le plus introspecté, le plus visionnaire et le plus détaché de te tes textes à la fois. Alors au théâtre oui, j'attends ça de voir avec impatience ou démangeaisons...
J'ai le temps. Acquis aussi la patience des sages.
De la concurrence ne rougit pas...
Tu as ta places parmi eux. Je t'intronise dès lors !

Fa a dit…

Mon clavier aimerait aussi enlever le "s" de frappe égaré (car elle est unique la tienne), ainsi que le "te" de trop...

Fa a dit…

Mon clavier aimerait effacer le "s" de frappe égaré dans l'obscurité de mon bureau (car elle est certainement unique la tienne de place), ainsi que le "te"(tout aussi obscur)de trop.
Des bises.