13.10.09

749 - MArdi, je te raconte


Plonk, fit la pléïstéchione en tombant au creux de l'Arbre.

Chose étrange, Rahoul et son père ne la remarquèrent pas tout de suite ; ils étaient encore plongés dans une histoire racontée par le sequse.

Plunk plunk fit la pléïstéchione pour souligner sa présence.

Rahoul, comme à regrets tourna la tête vers elle.

- Oh, Papa, regarde. La pléïstéchione nous a rejoints.

Sa voix était lente et son enthousiasme curieusement lointain. Était-ce que les histoires commençaient à déteindre ? Était-ce que le temps passé au coeur de l'Arbre avait changé Rahoul ? Il saisit la pléïstéchione et se mit à jouer avec elle, comme il l'avait fait si souvent, avant, quand ils vivaient dans la jungle.
Machinalement, il commentait ses gestes (Papa, tu as vu, quand on appuie là, on). Machinalement, Esag ne l'écoutait pas.

Quelque chose était cassé. Quelque chose ne les reliait plus. Quelque chose leur faisait peur dans cette formidable machine à histoires que semblait constituer le sequse au creux de l'Arbre.

Et, papa, quand on appuie là et là en même temps, ça.

Esag, dans son crâne épais d'homme des cavernes, luttait pour se souvenir. Il avait, il le savait, une vérité à dire, une histoire à raconter. À raconter à son fils, son fils unique. Il devait, il aurait dû, il était obligé de...

Mais au creux de l'Arbre ses souvenirs se brouillaient, ses pensées s'effaçaient comme les doigts de la brume matinale quand le soleil apparaît.
Sauf qu'il n'y avait pas de soleil.

Esag prit soudain conscience que son fils, son Rahoul, les yeux rivés sur la pléïstéchione, les mains crispées sur sa carapace, semblait devenir moins solide, moins réel - transparent, presque.

- Rahoul ! hurla-t-il.

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