14.10.09

750 - Dis-toi bien

Dis-toi bien que tu te moques des commentaires, de leur présence ou de leur absence ; dis-toi bien que tu te moques d'attendre, de l'impatience qui naît devant les projets qui s'empilent, les hésitations de l'éducation nationale, du sentiment de vague ennui quand tu prends ton vélo sur le bord du canal pour aller parler littérature et pronoms personnels à des plus jeunes que toi qui sont au moins aussi couillons et géniaux que le jeune que tu as pu être ; dis-toi bien qu'il est sans importance que ton travail soit morcelé professionalisé remis à demain ; dis-toi bien que tes rêves de gloire, ou de reconnaissance, s'effaceront peut-être ; dis-toi bien que la sérénité que tu dis rechercher, peut te tomber un jour sur le coin de la gueule - et que tu te sentiras sans doute inquiet d'être si serein, serin.
Dis-toi bien que tes rêves, tes projets tes désirs, n'ont pas plus d'importance qu'un grain de silice d'un désert austral ; dis-toi bien qu'ils n'ont pas moins d'importance que la graine d'une fleur dans ce même désert.
Dis-toi bien qu'il n'y a sans doute que cette vie, qui fait étrange s'appelle la tienne ; dis-toi bien que la défaite, au rugby comme ailleurs, est aussi un moment de victoire sur ton goût du triomphe.
Dis-toi bien que tes mots sont les mêmes que ceux des autres, que ta bouche n'est qu'une bouche parmi des milliards, que ton ventre mérite que tu t'y arrêtes, en passant.
Dis-toi bien que ce que tu te dis, que tu te répètes, n'a que la force d'un souffle d'air perdu dans le vent.

Aucun commentaire: