Quoi ma gueule et tout ce genre de |
C'est donc bien aujourd'hui l'anniversaire de mon double réel, celui qui reste un peu tout seul dans les fêtes, celui qui rougit quand il est contrarié (ou ivre ou gêné ou en plein effort ou n'importe quoi d'autre), celui qui ne trouve pas ses phrases, celui qui garde le venin des non-dits au creux de sa poitrine.
Autant le lui souhaiter bon, son quarante-deuxième. Parce qu'outre ses défauts, je dois lui reconnaître une belle santé - encore que tu as pris un peu, mon loulou, avec toutes ces fêtes - un entrain de bûcheron, un certain caractère et une nature plutôt agréable.
Je lui dirais bien que je l'aime, cet Emmanuel, si je ne redoutais de laisser paraître dans ces colonnes mon côté homo/autosexuel. Mais bref, message à un moi d'hier ou d'il y a longtemps : donc, on peut se réconcilier, y compris avec soi-même.
2. It's the art
En parlant de sexe : le théâtre me semble très lié à celui-ci ; le cinéma, plutôt aux émotions.
Le Nymphomaniac de Lars Von Trier, avec ses jolis arbres et ses bites moches, m'a profondément ennuyé - je ne sais pas à qui s'adresse sa quintuple démonstration où le récit du personnage est appuyé par les images appuyées par le commentaire de l'autre personnage appuyé sur une oeuvre artistique appuyée par une illustration visuelle façon animation jpeg, mais ça n'a pas produit grand-chose ni dans ma tête ni dans mon coeur ni dans mon sexe. Un raté, donc. Contrairement à l'agaçant-au-début mais pas-si-prétentieux-au-fond-et-malin-et-charmant 2 automnes, 3 hivers, qui (mis à part une tendance à trop écrire les dialogues, mais bon hein) m'a séduit là, là et là.
Tout ça pour dire que quelqu'un en moi a envie de fabriquer du cinéma, du sexe et du théâtre, tout seul, à deux, à trois, en troupe...
On en reparle - en attendant tu peux aller au cinéma, ou bien si tu lis ce post le jour même et que tu n'es pas trop loin de Toulouse, venir découvrir ce qu'une émission de radio devient sur scène - bandante et baroque et bariolée, oui, oui, oui. Pas plus haut que le bord au Bijou, 21h30, et on boit un verre après.
3. Les mots que l'enfant n'osait pas dire à son père
Papa, la mort Papa, cette salope, cette belle salope,
Bien sûr que peut-être, bien sûr que les cadeaux que l'on t'offre seront trop lourds pour tes mains,
bien sûr que Noël prochain est en conditionnelle, et l'année suivante, et l'anniversaire, et demain
bien sûr que le souffrance, bien sûr que la douleur,
et Papa comme je t'aime et je veux te garder toujours,
Et Papa comme je pleure quand j'écris quand je bois quand c'est à toi que je pense
Mais Papa le bonheur, Papa, être là, être toi, te connaître, te porter, t'emporter,
on n'a jamais parlé de cul, Papa, de femmes, de maîtresses,
on n'a jamais parlé des sentiments qui coulent sur nos joues,
on n'a jamais parlé de ce que le coeur emporte quand il lance des vagues,
on n'a jamais parlé ce que c'est qu'être bien, qu'être bon qu'être fort qu'être un homme
que pleurer que lâcher que tomber s'abandonner
que mourir
que vivre
que jouir
que bander
que mouiller
(j'essuie ton fils)
que découvrir se découvrir se raconter se dire s'oublier triompher exulter s'endormir s'écraser,
bien sûr que tu es lâche comme je le suis, courageux comme je voudrais l'être,
plein de colère et de tristesse et de joie et de haine et d'amour
et de vie
bien sûr que l'équilibre est cette onde autour de nous, cette route que nous cherchons sans la voir sous nos pieds
et même,
même s'il
s'il ne nous restait s'il ne te restait
qu'un seul jour une seconde,
bien sûr que seul le silence dirait qu'on a tout dit.
La mort, Papa, cette belle salope. Tu sais que je pourrais mourir avant toi. Tu sais que tout peut arriver. Je sais que la douleur, cette pute d'usure, s'amuse à te détruire, à te voir te courber,
Pourtant, bordel à cul, pourtant merde de merde, pourtant
allez, on relève la tête, on peut toujours gagner,
s'alléger, se reprendre,
profiter, sourire, aimer,
aimer même ses peurs même ses défaites
même ses haines, pourquoi pas ? Pardonner. Comprendre.
Comprendre qu'il n'y a rien, rien à comprendre,
que ces quelques instants entre nous, ces quelques particules, ces riens, ce néant qui nous lie
ce qui vibre au-delà de nos têtes, peut-être dans le cosmos, l'inconnu.
L'inconnue.
Bref, Papa, je t'aime,
tu es en vie, moi aussi, nous aussi,
Papa la mort cette belle salope
C'est elle qui nous offre notre vie.
4. Les mots que le père oserait peut-être dire à ses fils
Franchement, mes chéris, c'est limite biblique,
quand le jour de mes quarante deux,
l'un m'écrit "heureux anniversaire"
et l'autre "demain pour la pizza ?"
(et vous pouvez me demander ce que vous voulez. Je ne saurais pas y répondre, mais au moins on parlera).
2 commentaires:
Ne redoute rien et bon anniversaire. ..
Quel bel hommage à la vie! Tu tiens bien la route, allez vieux frère.
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