1.7.13

1047. Tiens, et si je prenais un peu de temps pour écrire ?

Bientôt les vacaaaaaances
1. C'est la question, 

selon moi, qu'on devrait se poser avant de. Il se peut qu'on soit justement en train d'écrire, quand elle se pose. Mais...
juste une respiration, le temps d'une respiration,
un peu comme un surfeur attend la vague.

2. Oué mais enfin j'aurais des trucs à dire

Si je te racontais que samedi, après avoir assisté à une prometteuse conférence gesticulée d'Abra-notre-chef, bu un verre en compagnie de Carole Fives, claqué la bise à Cyrille Pomès avant sa première dédicace en terre toulousaine, j'ai assisté à la dernière de la première d'Emmanuelle Urien
(et note, tu ferais bien de cliquer, parce qu'il y vraiment de quoi) ?

Et je garderais pour moi le fait que le premier porte mes caleçons, que j'ai à peine grogné quelques mots à la seconde tant j'étais embêté de ne pas l'avoir lue, que le troisième était très absorbé (nan, je ne dirai pas à quoi, mais j'espère que c'était bien pour toi) et que la soirée a fini en Marathoff - le marathon des mots off - entre comédiennes et comédiens, metteurs en scène, musiciens, chanteurs (le couple Betsch était même là, vibrant de la voix comme jamais, mais chhhhhut, donc).
Je ne citerai même pas le fait que ladite Urien s'est honteusement envoyée en l'air le lendemain avec un beau mec attaché.

T'as vu comment je dénonce ?

3. Ca donne quoi ?


Mais alors, c'est vrai : peut-être manque-t-il à ce que j'appelais Déjà que tout seul j'ai du mal à vivre ensemble non pas une structure - c'est comme si tu disais qu'il manquait la colonne vertébrale à un squelette - mais plutôt une couche, une membrane permettant l'échange. Du coup, j'ai commencé à.
Ca donnerait ça, (fais gaffe, c'est une prépublication).



  
Il y a des vies comme ça où tu regretterais presque d’être venu. Des moments où tu aurais honte d’être, tout court.
Des parents qui t’aimaient – et t’aiment encore, ces cons – un ou une life partner en qui tu oses avoir assez confiance pour arborer en sa présence tous tes doutes ; des enfants, des loisirs ou des animaux de compagnie, selon tes choix et tes goûts politiques ; des potes avec qui boire les soirs de soif et pleurer les jours de joie ; un métier – on l’oublie souvent, maintenant que seul le travail est à la mode, mais détenir un certain savoir-faire rétribué de façon satisfaisante reste une source de bien-être moral ; bref, tous ces trucs de confort, que tu as, qui t’entourent, et même allons donc pourquoi pas un bon gros malheur, mais un malheur identifié, une tragédie personnelle face à laquelle tous les jours tu peux faire preuve d’une belle résilience – bin, tout ça, ça te fait ce qu’on appelle une vie.
Tu la regardes de temps à autres, comme ta gueule dans la glace, et tu te dis, oh, tiens, c’est ça ma vie. Et tu fredonnes – couillon comme tu es, ça peut même être un truc du genre Alain Barrière,  Frankie Sinatra ou Laisse-moi kiffer la vibe avec mon mec (avec la voix de Brassens, ploum-ploum).
Tu vis, quoi. Ce qui constitue à la fois un truc d’une banalité affligeante et le machin le plus rare dans l’univers. A ce qu’on en sait en tout cas.
Puis un jour tu te dis qu’au fond…
Ce n’est pas que tu ne mérites pas tout ça. C’est que ça se casse la gueule. C’est que ça n’a plus le goût, le vrai d’avant. C’est que les hirondelles meurent, les banquises fondent, les fachos se réchauffent ; les temps sont durs, le temps est moche, le climat se dérègle.
La nuit, quand tu te réveilles, tu te dis que tu vas mourir. Ça te fout des trouilles affreuses qui remontent du ventre, ça te brûle l’œsophage ; et tu te mords les lèvres, amer, pour éviter de hurler, de pleurer. De réveiller ton ou ta partenaire, à côté de toi dans le lit, qui dort et qui s’en fout. Qui n’a même pas idée du profond où tu te débats.
Quand tu regardes une pierre, tu te dis qu’elle sera là quand tu n’y seras plus. Et tu trouves ça injuste – c’est con, une pierre, Spinoza le dit toujours. Quand tu regardes un jardin, tu te dis que les mauvaises herbes l’envahiront. Qu’elles gagnent toujours à la fin. Que ce qu’on t’a raconté dans les films et les livres – avec les gentils qui triomphent, les bons qui pardonnent aux méchants, l’héroïne qui vécurent longtemps – c’est du flan et rien d’autre. Du doux sucré qu’on te vend pour éviter que les voies des métros ne soient encombrés de cadavres de suicidés. C’est vrai, il y a des fois où dans les transports en commun te prend l’envie de hurler aux autres Mais putain réveillez-vous on va tous y passer. Ou de les buter parce que tu les détestes – là aussi, ça dépend de ta sensibilité.
Et là, tu as beau te souvenir qu’à un moment on t’a aimé… ça ne marche plus. Tu as la mémoire du cœur aux abonnés absents. Tes parents ? Alors peut-être qu’ils t’ont donné la vie, mais pour un misérable coup de bite, combien de traumatismes, combien de mensonges, combien d’injustices t’ont-ils fait endurer ?
Ton amant amante mari femme maîtresse compagne compagnon ? Parlons-en ; son incapacité à te comprendre, à te saisir, à te suffire, à t’apaiser ne prouve qu’une chose : l’immense nullité de ta vie.
Comment ça, tu es seul(e) ? A fortiori.
Seul. C’est exactement ça. Il n’y a rien – rien d’autre que les mensonges qu’on nous vend pour éviter qu’on ne hurle et ne panique, qu’on ne rue dans les brancards comme le petit veau qui découvre autour de lui l’odeur de la mort. La vie n’est ni une tragédie ni une comédie : c’est une aberration. Les liens tissés avec les autres ne sont qu’hypocrisie, ils se désagrègent autour de toi. Ton passé ? Je t’en prie. Ton passé n’est qu’une suite de regrets ; tu as toujours fait les mauvais choix – d’ailleurs, tu n’as jamais eu le choix – d’ailleurs, tu n’as jamais rien fait. D’ailleurs il n’y a rien à faire.
D’ailleurs, tu n’es plus tellement sûr d’être là. D’être tout court. Quant à l’avenir, c’est une farce.
Les autres, peut-être, peuvent trouver du bonheur. Tu ne leur arrives pas à la cheville. Pour cela, tu les détestes. Et en même temps, tu les méprises – les naïfs. Les stupides. Ils ne te méritent pas.
Comme tu es lucide. Comme tu comprends le monde.

C’est à peine si le terme dépression te vient à l’esprit.

(première nouvelle : Achever)


La fin du monde tombe toujours un dimanche soir. Tout s’éteint : les lumières, le courage, l’espoir.

4. Tu es encore là ?

Autre chose. Elle m'a vu dans une émission (pas sûr que ce lien marche, faudra que tu me dises).
Elle m'a demandé de devenir son lu. Aujourd'hui, j'ai accepté.
Je serai son comédien.

4 commentaires:

Ladite Urien a dit…

À 3000 m de haut et à 900 km/h en vitesse verticale, cela ne se refuse pas. Je compte sur la compréhension du public.

P-mec a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
estèf a dit…

Impressionnante la chute, et l'écriture bien sûr.
Le lien marche.

Seth Koch a dit…

Hi nice reading yyour post