Se prendre la |
Je sais pas toi, mais pour moi, les vacances, ce n'est jamais facile. C'est vrai : passer du planning vingt feuillets de trad / une répète / une création audio / arroser les projets / téléphoner à Maman / nourrir Anton et Zadig / petit rugby / soirée en amoureux à que dalle/que dalle/que dalle, ça me fout dans les transes.
Là, par exemple, j'ai dû prendre à mort sur moi pour rester dans mon canapé à regarder les premières saisons des Sopranos. Ne ris pas : dedans criaient les voix "mais tu ne vas pas rester là à rien faire", "et les enfants, hein, tu ne vas pas les laisser ici ?" et "il y a tant à faire dehors ailleurs"...
Pourtant, en vraie moule-samouraï, j'ai stoïquement enduré mes remords imprimés ainsi que la mollesse du scénar et de la réalisation. Et, promis, c'est à peine si j'ai pensé Un article intitulé Dear dead I love you so, qui traiterait de la place des morts dans les séries depuis les Sopranos à Walking Dead en passant par Six feet under et quelques autres, ce serait pas mal et...
Chut. Le vide, d'abord. Laisser passer les pensées. Laisser s'exprimer les sentiments de manque. Se préparer doucement au soleil, à la mer, à l'Italie.
2. Oui mais là tout de même enfin merde
Quand nous partions en vacances avec mes parents, il y avait l'épisode Maison du Livre - oui, cette adorable librairie à taille humaine, à Rodez, sur le piton. C'était ma mère qui menait l'expédition ; nous y passions plusieurs heures et revenions chargés de romans épais, que nous empilions dans le camping-car familial et nous passions les uns les autres pendant les deux ou trois semaines de périple. Je me souviens de Robertson Davies dans les Dolomites, de John Irving en Grèce, de Fruttero et Lucentini à Cologne.
Bon, et là que je pars, dans ce XXIe siècle du facile et pratique, je me dis que je vais pareil. Un coup de FNAC (Amazon caca), de Kobo ou d'Immatériel, et hop, ma liseuse sera chargée des pages qui embelliront mon été. Parce que je voyage sac au dos, et que le numérique, sur la plage, ça a son charme.
Sauf que non. Ca ne marche pas. En jargon commercial, on dirait : l'offre numérique ne correspond pas à la demande.
La FNAC me propose dix-sept fois de suite les trois cents nuances de fade (je clique tout de même sur un titre repéré il y a quelques temps) ; Immatériel m'offre une liste alphabétique et des classements thématiques charmants (XXe siècle ? XXI siècle ? Contemporain ?) qui me donne envie de fuire ; ensuite, chaque éditeur cherche à me convaincre que toute sa collection est géniale, mais voilà : les éditeurs et les collections, je m'en tape. Je veux des livres.
Je tente Numilog, et l'espace d'un instant j'espère en avoir trouvé un qui m'intéresse. Sauf qu'il est traduit, et que j'aimerais acheter la VO... je clique et oups, ayé, le titre est perdu, remplacé par la sélection "meilleures ventes" qui affiche des couvertures répliquant à l'infini celle des Twilight...
Je continue, par défaut ; sélectionne deux romans français récent, tout en pestant sur leur prix (13 euros ? Pour un fichier numérique dont la fabrication coûte tout au plus 20 cents, alors que le poche coûtera moins de dix ? Non, finalement, je vire) ; question théâtre, je cherchais Melquiot, je trouve Corneille et EE Schmidt. Merci, je passe. .
Enfin la section des romans en anglais... où je trouve des auteurs au patronyme français chez des éditeurs de même métal - probablement des traductions de 4e de couv. Mais je ne renonce pas : je m'intéresse à un ou deux romans qui pourraient m'emmener à d'autres ; sauf que très vite, je me rends compte que la sélection est particulièrement restreinte, et que les proposition du type "les lecteurs qui ont aimé aiment aussi..." tournent en boucle.
Question "atout notoriété", je m'aperçois aussi que je ne connais aucun de ces auteurs, même de nom ; dans la rubrique "Science-fiction", les 17 premiers titres ont la même couverture. Encore un effet éditeur ? Jel'ignore ; en tout cas, j'ai l'impression qu'on me demande de choisir entre 25 articles parfaitement identiques, et laisse-moi te dire que je ne pars pas en vacances avec de la production de série.
Bon, alors : le dernier David Lodge en anglais, ce serait bien, non ? Numilog n'y arrive pas (j'entends bien que c'est peut-être "Je n'y arrive pas sur numilog", mais ça fait déjà deux heures que je galère et j'aimerais juste trouver quelque part ou taper auteur/langue, et voilà alors maintenant ça suffit). Un coup via google et... je tombe sur une plateforme pirate. Qui me propose d'ailleurs un bouquin de 1976 en français. Je finis par retomber sur la fnouk, qui a gardé un commande
Je m'arrête là pour l'instant ; pour l'année prochaine, je rêve d'un vrai libraire numérique, qui utilise les outils informatiques et ses vrais coups de coeur pour proposer des livres...
Jusqu'au moment où je me dis, et pourquoi pas ? Et je vais sur le site de la Maison du livre - de Rodez, et bientôt de Toulouse, m'a-t-on dit.
J'achève là-dessus ce post : en ce moment, je m'achète des livres (et pour l'année prochaine, mes chers ruthénois, s'il vous plaît s'il vous plaît le lien vers la VO...)
3. Conclusion et moralité
Des fois, observer vaut mieux que s'indigner - décidément, une thématique en ce moment.
En parlant de thématique, ne pense pas que les autop illustratifs soient le résultat d'une crise de mégalomanie plus sensible que les autres, c'est juste que je suis sur un ordinateur sans mon stock habituel de photos...