27.3.13

1035. Le principe de Peters

1. Va savoir pourquoi...
Think about it (illus. E. Urien)

... j'ai comme des envies de poser des principes des limites des choix des actes des mots des actions.
Ca doit être le printemps, j'imagine.



2. Au théâtre hier soir (comme dans "tu n'étais pas...")

... et tu as bien fait. J'étais (en partie) heureux de voir un spectacle qui ressemblait à ce que pourrait devenir Daniel/Les papillons. Dans mes pires cauchemars.

(extraits d'un mail échangé avec S.B, potentielle comédienne)
 
Acteur creux, agitation dénuée de sens ; phrases qui se coupent en plein milieu, se veulent profondes ; dramatisation à la limite du putassier, avec petites filles mourantes de faim les bras coupés et réflexions empruntées sur l'art.

On n'a échappé à rien, ni au type qui se fout à poil pour s'agiter de façon épileptique, ni à l'adresse au public pour lui demander ce qu'il fait là ; il y avait, bien entendu, la voix off enregistrée de l'acteur qui prend le relais, le jeu d'ombres chinoises, et, comme toujours, la projection vidéo - fort originale, puisqu'il s'agissait d'un paysage filmé à travers la portière d'une voiture, le tout sur fond de musique électronique, laquelle faisait pendant au concerto pour piano de musique sérielle qui avait entamé la pièce. Et les longs silences immobiles, les pantomimes censées symboliser quelque chose - se rouler dans un tapis, se répandre de l'eau sur le visage... le tout sponsorisé par un éminent comité culturel régional, avec une entrée à 12 euros à plein tarif - et cerise sur le gâteau, le banc de bois ou la chaise plastique qui te met le cul en deux morceaux - parce que le vrai théâtre, ça fait mal au, n'est-ce pas ?
Voilà à quoi je pensais en regardant ce type tout seul entre trois chaises enrouler un hamster dans du chatterton (en fait, c'était un chat empaillé, mais bon). Et puis aussi à tes phrases sur le théâtre. Je veux que les gens en ressortent changés. Quelle est ta dramaturgie de l'acteur ? Tu devrais lire...
 
Je ne lis que les livres qui me viennent dans les mains "par magie". Pas ceux qu'on m'a conseillés, pas ceux qui sortent, pas ceux qu'on m'offre (pas tous). Seulement ceux qui à un moment me font signe.
Je n'arrive pas à comprendre ce que veut dire "dramaturgie de l'acteur", et je ne suis pas sûr d'en avoir envie. J'aime le théâtre, la littérature, mais plus j'avance plus je me dis que les mots compliqués que l'on pose dessus ont tendance à éloigner de la créativité ventrale, instinctive. Il y a quelques vies de ça, j'ai soutenu un mémoire sur la dialectique baroque dans les comédies de Shakespeare ; je ne crois pas que ça ait changé quoi que ce soit à Shakespeare, au baroque ou aux comédies, et le terme dialectique me paraît aujourd'hui pédant.
Quant au théâtre qui fait changer les gens... J'aimerais le penser moi aussi. Mais je continue à me dire que payer 70 euros la place pour voir à Avignon une pièce qui dit que le travail fait souffrir et que le nazisme c'est mal, c'est le contraire d'un changement - juste une façon de se rassurer, de se donner bonne conscience. Alors certes, Molière critiquait les travers de son époque, mais il était payé par le roi pour le faire ; politiquement, il s'attaquait à ceux qui dépassaient - les bourgeois en particulier. Il s'agissait de ne surtout pas changer la société. Dans "castigat ridendo mores", on parle bien de châtier les moeurs.
Ce dont je suis certain, c'est que le spectacle d'hier ne m'a pas fait changer d'un pouce (ou alors pas plus que ne m'aurait fait changer n'importe quelle activité qui m'aurait obligé à passer une heure avec le cul sur un banc de collectivité) et que, contrairement à ce que m'avait annoncé l'ami qui me l'avait recommandé, je n'ai reçu aucune claque.
Alors à quoi bon écrire une pièce comme Daniel/les papillons, me diras-tu ? (Il faut le dire : dans la réalité comme dans mon imagination, tu poses souvent des questions impitoyables). D'abord, c'est un texte plutôt vieux - il a déjà deux ans ; ensuite, je voulais rompre avec les comédies psychosentimentales (les mélodrames, pour être encore plus péjoratif) écrits auparavant ; à le relire, je tentais sans doute de me mesurer à Beckett ou Valetti - allez, disons, leur faire un coucou de la main ; la réécriture récente m'a aussi montré que je voulais travailler sur le non-dit des phrases, avec en particulier ce procédé de phrases interrompues au beau. Enfin, ajoutes-y la volonté de faire parler une femme, ou plutôt un personnage soumis à un autre, subordonné de son propre chef.
Aujourd'hui, je suis passé à autre chose, avec en particulier les écritures "politiques" de sketches ainsi qu'un autre projet qui se veut politique, psychologique, provocateur, régional et européen (rien de moins) Ca s'appellerait La fameuse invasion de l'Aveyron par les Arabes et, si je parviens à l'écrire et à la faire jouer, ça aurait effectivement pour objectif de changer certaines mentalités - sans oublier que pour cela, il faut amener au théâtre un autre public que les sempiternels étudiants, théâtreux et bobos (que j'aime d'amour, soyons clairs, mais il s'agit de ne pas prêcher que les convaincus.
Pour cela, doit-on vraiment rester dans le théâtre ? En plus du spectacle subi hier soir, j'ai eu deux-trois mauvaises expériences récentes avec les structures théâtrales du coin ; j'ai l'impression de découvrir un manque de professionnalisme flagrant, une frilosité jalouse qui pousse les programmateurs à refaire toujours les mêmes choses et à se cantonner à "ce qu'ils aiment"... Ca sonne un peu aigri, bien sûr, mais il me semble que la question du pourquoi et surtout celle du pour qui est souvent oubliée. D'où mes recherches sur la vidéo / les performances - avec là encore l'écueil possible du trop conceptuel. Pourtant, certains des essais de lundi matin avec toi m'ont intéressé... Daniel/Les papillons ne pourrait être ni une série, ni un film, ni vraiment un spectacle de danse (encore que). Bref, à mesure qu'on avance, des limites se posent, et malgré mon ennui d'hier soir - et les réactions épidermiques que tes questions et tes remarques peuvent entraîner chez moi - je trouve que c'est en très bonne voie.



3. M'enfin tout de même

... si c'était moi et mon texte, filmé en go-pro, ça donnerait ce genre de (rassure-toi, celle-là est courte).
Et puis sinon, c'est bien beau d'écrire avec sa caméra, mais tout de même : le Sex Artist n'avance pas. Il faut dire que l'écriture du cinquième chapitre pue du cul.
Comme disait Victor Hugo.



4. For Mary, whenever she may find me

Et souviens-toi : la source finit où elle commence 
où elle finit
où elle commence

etc.

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