2.1.12

999 - Pertes et tracas

1. Encore temps pour les cadeaux

Perte de réseau, donc, ou du moins de poste fixe ; de tonus, un brin, de foi, de libido, pourquoi pas ? Ou bien est-ce ce qu'on entend en général par "vacances"? Quoi qu'il en soit, je suis en retard de tout (comme prévu), y compris de Noël.

Du coup je n'ai pas pu te parler de ces cadeaux que j'ai voulu offrir en 2011. Il est plus que temps, je pense...

L'ami Cyrille a commis son troisième album : Sorties de route, chez Scutella éditions. Lent ou plutôt flâneur, contemplatif ; ironique, toujours, mais avec une douceur, une gravité qu'il effleurait jusqu'à présent. J'aime de plus en plus le lâché de son trait et sa sensibilité rêveuse.On devrait même bosser ensemble en 2012, c'est dire s'il y a de l'espoir.

A Voiron, j'ai découvert, outre le sourire ravageur et les romans de Christian Garcin, ses photographies ; mises deux à deux - opposées ou complémentaires - elles sont devenues Le minimum visible, que je me suis empressé d'offrir à des très-aimés. Pour la trace du vivant dans le lointain et le proche.

C'est le même ouikend, je crois, qu'après avoir entendu Trintignant rappeler de sa voix toute la modernité de Vian, Prévert et Desnos, je suis tombé sur Je suis un humain qui peint, de/sur/avec Laurent Corvaisier (texte d'Alain Serres). J'ai pensé justement à Picasso et Prévert, à tous ces artistes mythiques de notre enfance - quand tout un chacun connaissait le nom de grands peintres et poètes vivants. Et j'ai craqué, bien sûr, pour mon Zadig qui n'aime pas lire - sauf les livres qui ne ressemblent pas à des livres mais à de petits univers.

Et puis, quand Noël a approché, je me suis souvenu des livres et albums qui avaient marqué mon année : les géniales nouvelles économiques de Christian Ost - Un dé en acajou a disparu ou les petites histoires d'un grand système absurde, le sympathique et familial n'importe quoi maîtrisé d'Oldelaf, mais aussi la douceur folk-sucrée bilingue de Caracol... et puis du vin original et des livrets carte-postale pour ceux que je n'ai pas vus.

Je sais, une telle liste aurait été plus utile il y a quelques jours, mais que veux-tu, c'est aussi ça, le décalage horaire...

2. Le diaporama de nos vacances

C'est drôle (non), mais quand elle et moi racontons nos vacances, nous en arrivons très vite à "... malgré les touristes anglais", "... et pas un arbre" ou "... si on peut appeler ça de la plongée".
Nous nous regardons, surpris : on dirait que seuls subsistent les récits de petites galères, de déceptions, d'attentes non comblées. Et pourtant.
Nous avons humé l'air d'autres îles, baigné, sous le soleil, dans un bel océan ; observé la beauté des laves et des cendres noires, traversé des paysages. Nous avons respiré, l'un près de l'autre. Loin de chez nous - et chez nous encore.
Et c'était bien.

3. Le truc que je n'ai pas pu offrir

"- En portrait, tu'ois, tout a été dit, y'a plus rin à faire", m'a soufflé il y a quelques années un jeune artiste avide de répéter les phrases toutes faites de ses profs des Beaux-Arts. A l'époque, j'étais facilement impressionné par ce genre d'aplomb, sans bien me rendre compte à quel point il n'était qu'un académisme de plus.

A l'époque, je ne connaissais pas Jean-Pierre Angei.

A Voiron, on présentait ses Portraits de famille : des gens pris dans leur salon, tout simplement.
On pense à la télé-réalité ; on pense au photo-reportage. La mère et les fils, les quatre femmes, la tribu - toutes les formes de familles sont présentées, au grand angle, l'impression d'espace intérieur aiguisée par les murs qui les entourent.
On pense à la télé-réalité - sauf qu'il y a ici un regard honnête, ouvert, sans jugement ni caricature ; il y a un oeil qui donne à voir sans déformer. Alors, les histoires se tissent ; ici se lit l'absence d'un père, ici l'opposition familiale entre dedans et dehors ; ici l'angoisse rassurante du lien d'affection - ici, la terrible solitude meublée de jouets hors de prix.

Sur son site, et à travers ses autres séries, j'ai découvert un photographe populaire - au sens étymologique, de celui qui capte la vie "normale", moyenne, de la population (du peuple ? Des "gens" ? Ou tout simplement la nôtre ?). Sans autre drame, sans autre triomphe, que ceux du quotidien, ses clichés saisissent et éclairent ; sa série sur les les participants à "Livres à vous" témoigne d'un sens de la lumière inspiré des maîtres flamands, mais aussi d'un humour décontracté qui joue des références pour mieux mettre en valeur l'humain et ses discrètes histoires.

Il me tarde de revoir Jean-Pierre et ses photos ; si elles vous plaisent, n'hésitez pas à le lui dire et à lui en réclamer d'autres, car j'ai cru comprendre que sa timidité l'empêchait parfois de chercher une reconnaissance bien méritée...


4. Apprendre à respirer, partie 1

Voilà combien, 4 mois? que je ne fume plus. C'est (re)devenu une habitude lointaine, qui me dégoûte un peu; l'envie de nicotine ne me tenaille plus ; je n'ai pas trop grossi. Quand je cours, je cours plus longtemps, peut-être un peu plus vite ; je me sens parfois fier de ne pas me cacher derrière un rideau de fumée. Je me demande ce que j'ytrouvais (et je le sais bien, d'ailleurs).
Si je déprime ? Oui. Pas plus qu'avant - mais sans avoir une sucette magique derrière laquelle me le dissimuler. J'apprends à respirer aussi quand le ciel est très bas, quand mon esprit s'enlise au fond des vallées.
Plus heureux ? Sans doute pas, mais plus serein, même dans l'agitation. Et décidé -  l'envie d'aller de l'avant, encore et encore.
Bref, c 'est globalement positif.
Et je ne dis pas ça pour t'aider à, évidemment.
(Exercice n°1: la différence entre "arrêter de fumer" et "ne plus fumer").


5. Des nouvelles des images

J'ai appelé Mr Dieu pour le réseau : il devrait m'aider à rétablir les images sous peu.


6. Note pour plus tard

La veille de ce tournant, j'avais donc en tête plusieurs tempêtes, des noms et des bouches de femmes, un roman sexuel, des nouvelles infernales ; sur l'établi, une fin de traduction steam-romance, un ouvrage sur le bourreau, mille pages d'art - pas plus de deux scénarios, une seule pièce (le reste étant encore en pleine gangue) ; quelques concerts et lectures se profilaient, cependant que deux enregistrements n'en pouvaient plus d'être en cours. Je peignais mal, me passionnais pour les sexualités divergentes, les rôles familiaux, et le sens de mes vieilles peurs et colères ; je faisais de mon mieux pour réapprendre mon corps.
Je doutais, aussi, de mes capacités et du sens global du monde. C'était un 2 janvier. J'avais la trentaine pour la dernière fois.

7. J'ai oublié de


2012 ? D'accord. Meilleurs trucs, donc.

1 commentaire:

lucie a dit…

belle et heureuse année ! un billet sur votre dernier recueil : http://facetiesdelucie.canalblog.com/archives/2011/12/19/22997347.html