29.1.12

1001. Nuits (j'avais mieux comme titre, mais obligé)

Et quelques
1. Le mou du tunnel

"- Pas de post depuis ton de l'anniversaire", m'a dit l'ami Cyrille, "ça fait type en pleine dépression."
Si seulement, minou.

La vérité ? La vérité, c'est qu'entrant à peine en quarantaine, me voilà rappelé aux cruelles réalités : les journées n'ont que vingt-huit heures, les semaines neuf jours et tout ce genre de choses. Depuis octobre dernier, j'ai traduit un roman steampunk, un manuel de psychologie, un livre d'art sur Michel-Ange (pas le garagiste, l'autre), et je suis en plein coeur d'un autre bien touffu. Il y a quelques numéros, j'avais promis d'apprendre à être en retard : mission accomplie, à présent je sais faire.
Et je n'aime pas ça.

D'autant plus que s'agitent dans ma tête un recueil de nouvelles, un roman, un conte pour illustratrice (avec une petite fille aux mains d'ours), un solo de théâtre avec une fascinante comédienne et quelques scénarios de BD (dont un commandé par cf supra, genre l'honneur, en collaboration avec l'Urien, en plus...). Sans compter les fois où Aymeric de la Mouille m'accapare pour lui écrire des chroniques de droite.

Bref, qui en pâtissa ? (à part la conjugaison du verbe pâtir, je veux dire.) Ce blog, évidemment.
Qui me sert, comme tu le vois, à poser un tas, de temps à autres. Un tas de projets, d'en-cours, de regimbages et d'espériances.

Et à te signifier que je suis, au jour d'aujourd'hui, en vie - et que si tu me lis, c'est que tu l'es fort probablement aussi.
En tout cas, le Moi de J'enviais se termine. Vu mes premières semaines en quarantaine, j'ai vraiment hâte de connaître la suite.

2) De fils en...

Treize ans que tu m'enchantes. Treize que je te regarde - me regarder d'abord, regarder le monde ensuite.
Je me souviens du jour où tu marchas pour toucher un rayon de soleil sur un rayon de vélo ; je me souviens de l'enfant de trois ans qui me dit, avec son sérieux si doux, "laisse-moi partir tout seul", enfourcha sa bicyclette et descendit le chemin comme un chef.
Je me souviens - le moins possible - de mes hurlements intérieurs quand je suivais l'ambulance qui t'emmenait vers l'hôpital, si fermée, si lente, le jour où nous avions oublié ton casque.
Je me souviens de tous mes cris sur toi, et ceux, solitaires, qui me traitaient de mauvais père, qui accusaient ma tendresse, mon impatience... Et tu m'apprends encore souvent à t'apprendre.

Hier, nous t'avons acheté ensemble un jean et un chapeau. Il ne faut pas que tu imites ton père - ça lui fait trop plaisir, et ça l'inquiète. Hier, au concert où je me tenais devant la scène, tu as choisi d'aller au fond de la salle : je te l'ai dit, je me demande toujours où te laisser ta liberté et ou clamer ma peur de te manquer, de te faire fuir.
Mais l'un dans l'autre, mon beau, mon grand, ça fait treize ans que je t'admire, et que je te le dis de mes grognements de



3) ... père

Je me suis réveillé ce matin en fredonnant
la rémission papa, ça ne se commande pas.
Mais j'adore ce mot. Ainsi t'ai-je vu malade fragile, presque détruit, tremblant,
agacé, aigri, revêche,

jaune, déplumé

épuisé démissionnaire,
puis

souriant d'un jour sans peine,
souriant d'un jour sans trop de peine,
souriant d'un jour supporté,
souriant d'un jour qui aurait un demain.

Nous avons appris, donc, à plaisanter du mot cancer (ou presque), à rire un peu de la chimio (même si nos larmes affleurent), à penser en termes d'années, non plus de mois.
Nous avons appris, grâce à toi, à triompher.

4) Parce que bon, on n'est quand même pas là que pour le sentiment


Des nouvelles du front de l'édition, où se profile la révolution post-numérique ?

L'eau des rêves, roman du Sud-ouest, commence bientôt sa carrière internationale. En paraissant chez un éditeur belge - Luce Wilquin, ce qui en français signifie "c'est un honneur, et un plaisir" - et me fait des points en cas de demande de nationalité belge.

Entre des lectures la semaine dernière à Ombres Blanches et un concert ultra-privé prévu le 11 février (sous l'intitulé des Paperback Writers), Miroirs et purgatoires (titre provisoire, on cherche), CD de nouvelles musicales, est en cours d'enregistrement, dans un studio tenu secret - avec la divinement humaine Emmanuelle Urien aux textes et voix (et même un peu de guitare, si, si) ainsi que votre pas serviteur.

En parlant d'elle, joie et émulation d'auteurs en couple : son prochain roman paraîtra en 2013 dans une grande maison (comme on dit, hein) qui semble avoir l'intention, contrairement à la précédente, de se comporter en éditeur (tu notes la pointe de fiel, là ? Avant, je l'aurais enlevée. Même encore j'hésite : d'une part ça fait loser, d'autre part on ne sait jamais à quel point le fiel peut nous envahir. Mais bon, hein, des posts 1001 il n'y en a pas tous les jours).

En avant pour les bestsellers, donc (avant, j'aurais rajouté un truc montrant mon doute et mon humble modestie). Pour le plaisir, en tout cas.

3.1.12

1000. Autoportrait à 40'

Enjoy & smile


1.Premiers pas


Voilà, donc
aujourd'hui 3 janvier 2012
je commence
pose le premier pas
sur la nouvelle terre de
moi-même
(ferme, pourquoi pas ?)
Compte les blessings et les blessures
Espère toujours, apprend sans cesse
Retrouve le meilleur, découvre le nouveau


Et


ne fermerai les portes que si c'est nécessaire
par paresse jamais par lâcheté le ciel m'en préserve


laisserai traîner mes orteils
dans l'embrasure
jusqu'aux autres
continents


Amoureux, je nous le souhaite
Infidèle à tout, sauf à moi-même

(Trouverai enfin la patience, et le jouir, et la respiration enthousiaste,
trouverai).

Allons, marchons - et que le coeur, comme la tête, comme le corps.


2. Le type sur sa photo

On sent le type pas un peu coincé, pas qui hésite mais tout de même,
qui sourirait, s'il pouvait,
qui se rend compte de l'énormité de la chose (de la chance)
je vis je vois je suis, se dit-il
- plus ou moins, évidemment.
Et il fait bien attention à se relâche pour.

Je ne sais toujours pas ce qui le rend si triste, si anxieux, tellement en colère ; moi aussi, il m'aimpatiente, à attendre comme ça d'arrêter d'attendre - à se mettre en scène en grand absent - à hésiter même sur ses hésitations, tant elles lui paraissent certaines.

Je lui souhaite un bon anniversaire, pour tous les jours des dix ans à venir.

3. A toi

ton message - merci. De toi, de ta présence. De tes pensées. Je t'.

4. Parce qu'il faut un 4, un jour pareil

Autant hier je me demandais si, autant aujourd'hui tout me semble.

J'ai réécouté un vieil album de, et retrouvé les sensations des premières écoutes ; ma nonagénaire de grand-mère m'explique que la vie commence aujourd'hui ; l'air est clair, les sourires pleins ; l'imagination m'a tenu en éveil une partie de la nuit ; les choix me font moins peur ; j'arrive à savoir ce que je veux - ou au moins je commence.
Je profite.
Je me sens comme un rugbyman juste avant le coup d'envoi d'un match plein de promesses - avec de l'adversité sportive et respectueuse, et le groupe, autour et avec. Les mains me démangent de saisir le ballon - et tant pis pour les fautes, si c'est dans l'esprit du jeu.

Je vieillirai plus tard. Pour l'instant, je préfère grandir.

2.1.12

999 - Pertes et tracas

1. Encore temps pour les cadeaux

Perte de réseau, donc, ou du moins de poste fixe ; de tonus, un brin, de foi, de libido, pourquoi pas ? Ou bien est-ce ce qu'on entend en général par "vacances"? Quoi qu'il en soit, je suis en retard de tout (comme prévu), y compris de Noël.

Du coup je n'ai pas pu te parler de ces cadeaux que j'ai voulu offrir en 2011. Il est plus que temps, je pense...

L'ami Cyrille a commis son troisième album : Sorties de route, chez Scutella éditions. Lent ou plutôt flâneur, contemplatif ; ironique, toujours, mais avec une douceur, une gravité qu'il effleurait jusqu'à présent. J'aime de plus en plus le lâché de son trait et sa sensibilité rêveuse.On devrait même bosser ensemble en 2012, c'est dire s'il y a de l'espoir.

A Voiron, j'ai découvert, outre le sourire ravageur et les romans de Christian Garcin, ses photographies ; mises deux à deux - opposées ou complémentaires - elles sont devenues Le minimum visible, que je me suis empressé d'offrir à des très-aimés. Pour la trace du vivant dans le lointain et le proche.

C'est le même ouikend, je crois, qu'après avoir entendu Trintignant rappeler de sa voix toute la modernité de Vian, Prévert et Desnos, je suis tombé sur Je suis un humain qui peint, de/sur/avec Laurent Corvaisier (texte d'Alain Serres). J'ai pensé justement à Picasso et Prévert, à tous ces artistes mythiques de notre enfance - quand tout un chacun connaissait le nom de grands peintres et poètes vivants. Et j'ai craqué, bien sûr, pour mon Zadig qui n'aime pas lire - sauf les livres qui ne ressemblent pas à des livres mais à de petits univers.

Et puis, quand Noël a approché, je me suis souvenu des livres et albums qui avaient marqué mon année : les géniales nouvelles économiques de Christian Ost - Un dé en acajou a disparu ou les petites histoires d'un grand système absurde, le sympathique et familial n'importe quoi maîtrisé d'Oldelaf, mais aussi la douceur folk-sucrée bilingue de Caracol... et puis du vin original et des livrets carte-postale pour ceux que je n'ai pas vus.

Je sais, une telle liste aurait été plus utile il y a quelques jours, mais que veux-tu, c'est aussi ça, le décalage horaire...

2. Le diaporama de nos vacances

C'est drôle (non), mais quand elle et moi racontons nos vacances, nous en arrivons très vite à "... malgré les touristes anglais", "... et pas un arbre" ou "... si on peut appeler ça de la plongée".
Nous nous regardons, surpris : on dirait que seuls subsistent les récits de petites galères, de déceptions, d'attentes non comblées. Et pourtant.
Nous avons humé l'air d'autres îles, baigné, sous le soleil, dans un bel océan ; observé la beauté des laves et des cendres noires, traversé des paysages. Nous avons respiré, l'un près de l'autre. Loin de chez nous - et chez nous encore.
Et c'était bien.

3. Le truc que je n'ai pas pu offrir

"- En portrait, tu'ois, tout a été dit, y'a plus rin à faire", m'a soufflé il y a quelques années un jeune artiste avide de répéter les phrases toutes faites de ses profs des Beaux-Arts. A l'époque, j'étais facilement impressionné par ce genre d'aplomb, sans bien me rendre compte à quel point il n'était qu'un académisme de plus.

A l'époque, je ne connaissais pas Jean-Pierre Angei.

A Voiron, on présentait ses Portraits de famille : des gens pris dans leur salon, tout simplement.
On pense à la télé-réalité ; on pense au photo-reportage. La mère et les fils, les quatre femmes, la tribu - toutes les formes de familles sont présentées, au grand angle, l'impression d'espace intérieur aiguisée par les murs qui les entourent.
On pense à la télé-réalité - sauf qu'il y a ici un regard honnête, ouvert, sans jugement ni caricature ; il y a un oeil qui donne à voir sans déformer. Alors, les histoires se tissent ; ici se lit l'absence d'un père, ici l'opposition familiale entre dedans et dehors ; ici l'angoisse rassurante du lien d'affection - ici, la terrible solitude meublée de jouets hors de prix.

Sur son site, et à travers ses autres séries, j'ai découvert un photographe populaire - au sens étymologique, de celui qui capte la vie "normale", moyenne, de la population (du peuple ? Des "gens" ? Ou tout simplement la nôtre ?). Sans autre drame, sans autre triomphe, que ceux du quotidien, ses clichés saisissent et éclairent ; sa série sur les les participants à "Livres à vous" témoigne d'un sens de la lumière inspiré des maîtres flamands, mais aussi d'un humour décontracté qui joue des références pour mieux mettre en valeur l'humain et ses discrètes histoires.

Il me tarde de revoir Jean-Pierre et ses photos ; si elles vous plaisent, n'hésitez pas à le lui dire et à lui en réclamer d'autres, car j'ai cru comprendre que sa timidité l'empêchait parfois de chercher une reconnaissance bien méritée...


4. Apprendre à respirer, partie 1

Voilà combien, 4 mois? que je ne fume plus. C'est (re)devenu une habitude lointaine, qui me dégoûte un peu; l'envie de nicotine ne me tenaille plus ; je n'ai pas trop grossi. Quand je cours, je cours plus longtemps, peut-être un peu plus vite ; je me sens parfois fier de ne pas me cacher derrière un rideau de fumée. Je me demande ce que j'ytrouvais (et je le sais bien, d'ailleurs).
Si je déprime ? Oui. Pas plus qu'avant - mais sans avoir une sucette magique derrière laquelle me le dissimuler. J'apprends à respirer aussi quand le ciel est très bas, quand mon esprit s'enlise au fond des vallées.
Plus heureux ? Sans doute pas, mais plus serein, même dans l'agitation. Et décidé -  l'envie d'aller de l'avant, encore et encore.
Bref, c 'est globalement positif.
Et je ne dis pas ça pour t'aider à, évidemment.
(Exercice n°1: la différence entre "arrêter de fumer" et "ne plus fumer").


5. Des nouvelles des images

J'ai appelé Mr Dieu pour le réseau : il devrait m'aider à rétablir les images sous peu.


6. Note pour plus tard

La veille de ce tournant, j'avais donc en tête plusieurs tempêtes, des noms et des bouches de femmes, un roman sexuel, des nouvelles infernales ; sur l'établi, une fin de traduction steam-romance, un ouvrage sur le bourreau, mille pages d'art - pas plus de deux scénarios, une seule pièce (le reste étant encore en pleine gangue) ; quelques concerts et lectures se profilaient, cependant que deux enregistrements n'en pouvaient plus d'être en cours. Je peignais mal, me passionnais pour les sexualités divergentes, les rôles familiaux, et le sens de mes vieilles peurs et colères ; je faisais de mon mieux pour réapprendre mon corps.
Je doutais, aussi, de mes capacités et du sens global du monde. C'était un 2 janvier. J'avais la trentaine pour la dernière fois.

7. J'ai oublié de


2012 ? D'accord. Meilleurs trucs, donc.