4.2.14

1065 . Vers une théorie du genre numérique

... déjeuné avec A. hier ; encore des idées sur le numérique. Qui stratifient avec celles qui n'ont rien à voir...
Pas paru (encore)

1. Ce que m'apprit mon père

Une psydame me disait l'autre jour, parlant de l'Eau des rêves : "J'ai été surprise par la palette des sentiments. La richesse". Outre que flatté je fus, je me suis dit que je tenais cela de mon père - je pense beaucoup à mon père en ce moment. Cette capacité non seulement à ressentir, mais à accepter son ressenti.

Je l'ai longtemps cru insensible. Je le découvre aujourd'hui souvent submergé par ses émotions.

Nous, hommes du XXe siècle, avons presque appris à laisser remonter à la surface ce qui passe dans les profondeurs.

Voilà une vraie richesse.


2. Avec l'image attachée

Jours non pas de colère, mais de rage - comme on dit d'un chien victime d'un virus. Moi aussi j'éprouve parfois une crainte aux images de ces fiers-à-bras revendiquant médiocrité, grand bond en arrière et muselière pour tout le monde ; je les lie non seulement à une vision enkystée de l'existence, mais à un modèle survendu par les chaînes de télévision et de vidéo - l'homme-bête décomplexé, fasciné par le pouvoir et le triomphe sur l'autre. Egoïste en ce sens qu'il souscrit aveuglément à la tyrannie de lui-même - vouloir encore, toujours, davantage ; s'élever dans une hiérarchie en écrasant les autres et en fermant les yeux sur ce qui l'écrase. Une dé-religion où prédominent les attributs du succès (dont le statut matrimonial), caricature du bonheur.

2 bis. Empilé

"Ma fille, elle fait ça, je la tue", me disait un collégien il y a quelques semaines en parlant de la fugue de l'héroïne dans Roméo@Juliette. Je me souviens de ma peine à entendre un adolescent affirmer ainsi (coup d'oeil à droite, coup d'oeil à gauche, qu'en pense la prof ? Est-ce que les filles m'apprécient d'affirmer ainsi le carcan de ma morale sur le féminin que je possède potentiellement ?) l'opposé de mes rêves de liberté à son âge.

Images, donc. Cet empilement de l'ère numérique. Je repense à cette nouvelle de (Pierre Boulle ?) où un Einstein philanthrope imagine une bombe destinée à couvrir un pays ennemi de fleurs pacifiques. Dont la production s'affole, étouffant la population sous un lit mortel.

Nous voilà recouverts d'images.
Ce que la littérature peut y faire ?
Montrer le chemin je suppose.

3. Résolutions, révolution

Hier soir malgré ma fatigue physique et mentale je n'ai pas allumé mon ordinateur pour suivre la chaîne d'images d'une série.
Hier soir malgré mon envie de distraction je suis resté immobile, écoutant les notes d'un bel album live s'égréner.
Hier soir malgré le manque d'envie et le jugement négatif j'ai repris un carnet à dessins.
Hier soir malgré la peine et la pénibilité j'ai repensé à ce long texte (oui, mal traduit, oui sur fond noir peu lisible, oui surtout exprimant une réalité difficile à supporter) de Stig Dagerman, dont je t'extrais

En ce qui me concerne, je traque la consolation comme le chasseur traque le gibier. Partout où je crois l’apercevoir dans la forêt, je tire. Souvent je n’atteins que le vide mais, une fois de temps en temps, une proie tombe à mes pieds. Et, comme je sais que la consolation ne dure que le temps d’un souffle de vent dans la cime d’un arbre, je me dépêche de m’emparer de ma victime.
Qu’ai-je alors entre mes bras ?

mais prêtes-y un oeil, une oreille, même patiemment. Il souffle des choses dures comme des solutions.
Hier soir j'ai accepté ma peine et le silence.

4. En pratique

Pratiquement ce matin des liens qui ne sont pas - exclusivement - publicitaires. Et puis écrire au lieu de s'engouffrer dans le commode du travail. Voire (pourquoi pas, une fois n'est pas coutume) oser le débat vers le haut.

En exigeant beaucoup des mots

et

du

silence

entre eux.



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