16.1.09

Fuck it


"Ne déprimez plus, imprimez."

C'était, si je me souviens, une phrase clé d'un roman que j'avais attendu et aimé, L'homme qui parlait d'Octavia de Cadiz, suite de La vie exagérée de Martin Romana, de j'ai oublié.

Bin ouais, mais encore faudrait-il que mes mots trouvent grâce auprès des éditeurs. Les dames de Talents Hauts aiment Quiet Village, le bilingue aux dix versions, mais pensent que les adolescents ne l'aimeront pas (note à l'intention du potentiel lecteur adolescent de ce blog : si tu veux me donner ton avis à toi, passe-moi un mail sur manupointcausse chez M'sieur qu'il est libre en anglais point fr, je t'envoie ça dans la foulée, autant que ça serve à quelque chose).

Du coup, j'ai décidé de cesser d'écrire.
Définitivement.

Je me suis incliné dans une église pendant une heure le matin, et le soir sur mes chiottes pendant près de deux.

Digère, me dit l'éditrice.

Peux pas, je dégueule.

Ce serait comme si :

les médecins regardent en biais ce qui vient de sortir de ton ventre / Non, madame, celui-là ne vivra pas, ne pourra pas vivre, ne correspond pas.

Et toi, tu meurs - oh, juste un peu, juste en dedans.

Je n'écrirai plus jamais, promis, au moins jusqu'à lundi,

Du coup je me mets à penser à des choses comme vrai métier cours particuliers à domicile retour dans le giron de l'EN et*

le ventre encore qui crève quand j'entends la sonnerie de l'école à côté,

le goût bilieux des projets - illustrer chanter peindre pour quoi faire, si c'est toujours pour se battre pour s'imposer au lieu de jouer le bruit du monde.

Et malgré la douceur des bras d'Emmanuelle je ne sais plus à quel sein me vouer (je m'arracherais volontiers la glotte pour me punir de cette dépendance),

et puis je n'y tiens plus,

je me décide à écrire

ah merde, ça ne servait qu'à ça/ éloigner de mon coeur le désordre du monde, le vomir sans laisser sur le rebord du lavabo des traces de champignons et des bouts de carotte,

gérer le refus ?

fuck it.

Quelque chose en moi a envie que ça explose que ça crève,

attendre, par la force des proches, par la douceur des mots (le concert de ce soir à Montgiscard sera saignant, je crois)

et accepter admettre renoncer.




(photo Ur.)

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