29.1.10

822 - Friday vouère


1) La blague de la semaine
Petite moisson, cette semaine. A vrai dire, pas une blague qui m'ait donné envie de. A moins, évidemment, de s'a(ban)donner aux jeux de mots et autres contrepètries. Mais tout de même, ça me ferait un peu honte.
Enfin, friday, hein...
Alors, salut, Fred, salut, Patrick.

2) Réflexion sur les soirées canapé
Les feuilletons télé ont la bonté de me conforter dans ma propre médiocrité.

3) Inavouable
Il n'y a pas, sur ce blog, de compteur ou autre traceur de provenance. Et le grand sage en moi s'énerve souvent de ce que le petit couillon en moi s'énerve parfois de ne pas déborder de commentaires. Et que ce soit Loïc Le Meur, et non moi, qui soit invité à Davos.
Remarque, je n'y serais pas allé ( pas plus que je ne sais ce qu'il fait, d'ailleurs).
Vanitas vanitatum et tout le bordel.

4) It's the art
Vous voulez savoir ce que tricote Marie Lamarche quand elle n'est pas la drummachine des Grizzly Sisters et de LoFi, et quand elle ne grave pas (par exemple la gravure au carbondurum, Brussels, 2004, tirage 1/1, qui illustre ce post) ?
Bin, des vidéos.
L'hyperactivité semble aussi contagieuse que la gastrouille (avec une bise à mon Zadig contaminé).

5) En plus, il lit Télérama
"Le plus grand crime de l'homme c'est d'être né" - citation qui entame une critique de théâtre.
Tout humain qui pense à ces mots, pas rasé devant son ordinateur à une heure indécente, en grande tenue de friday wear, ne pourrait que répondre : "Ah ouéééééééééé d'accord..."

ill. Marie Lamarche

28.1.10

821 - Communications only


1) Musique, ou presque
Au chapitre "La musique dans la peau", j'ai l'honneur de vous signaler Psychognitive Jungle Cat, un nouveau morceau des Grizzly Sisters Gestalt Machine ; ainsi que la première apparition de la nouvelle formule de LoFi, le 16 février au tremplin "Osons" du Bijou de Toulouse.
(sans parler de la petite ballade folk, cadeau d'anniv pour mon grand)
Rhalala, y'en a qui sont incapables de se contenter d'écrire...

2) Gastro haïku
Février, la feuille
Trempée de glace
N'en peut plus d'oublier le printemps.

27.1.10

820 - Nouvelle page


1) Allen Carr ain't dead
Il paraît que je ne fume plus à partir du 2 février. J'envisage, pour contrer le manque d'activité buccale, digitale, et l'inquiétude possible, de rouler des pelles en pelotant des poitrines. Révolutionnaire, comme méthode, non ?

2) J'sais pas, j'fais pas philo
Peut-on être sans le savoir ?

3) Weather report
Un front froid me semble-t-il sur la région des relations amoureuses. Le travail, sans doute. La fatigue. Les sushis du Ko-tî-dyen.
Et moi comme un con qui t'en veux au lieu de vouloir t'entendre.
Tant tendre.

26.1.10

819 - MArdi, je te raconte


- OK. On arrête les conneries. On arrête de raconter des histoires.

Alors.

Au niveau de la construction. On voit bien que ton père a passé un an à ne pas construire une histoire. On n'y peut rien, c'est son côté déconstructiviste.

Lui pourrait dire qu'il ne voulait pas, surtout pas, te raconter une histoire à laquelle tu te serais identifié ; qu'il voulait te laisser ton histoire, ta liberté.

Il pourrait aussi prétendre que la plus belle histoire sur ta vie, mon amour, a été écrite par ta mère ; elle s'appelait Le Brisamour, et racontait comment un monstre, un peu comme celui dans Kirikou, avait peu à peu grandi entre elle et lui. Un monstre dont ils n'avaient pas pris conscience, et qui les a obligés à aller vivre dans deux petites maisons séparées au lieu d'une grande maison à la campagne.

Elle était belle, cette histoire ; il pense qu'elle mériterait d'être publiée, mais il n'en est pas l'auteur, alors il n'y peut rien.
Il pense aussi que peut-être, dans ta petite tête de petit enfant, tu as pu croire que tu étais le Brisamour.
Et il faut bien admettre qu'après ta naissance, nos rapports ont changé. C'était une étape nouvelle de notre vie, de notre relation ; c'était un moment où nous réalisions le rêve qu'avait mis en nous l'histoire des humains, où nous entrions de plain pied dans le monde des adultes. C'était un moment que nous n'avons pas su vivre, un cap que nous n'avons pas su passer en conservant l'un pour l'autre assez d'estime et de respect pour continuer ensemble.
Comme si nous avions marché, elle et moi, sur deux chemins tout proches, qui un jour se sont séparés. Ta naissance n'a rien changé à ce fait - à moins, simplement, qu'elle ait retardé l'échéance.

Bref, te voilà avec ton histoire, ton chemin. Je te regarde le suivre, je tente de t'aider à l'aimer.

Re-alors.

Au niveau symbolique. Cette histoire d'enfant qui fuit son père : oui, j'ai souvent l'impression que tu cherches à m'éviter. Je le comprends. Il y a des jours où j'aimerais m'éviter moi-même. Et je suppose que c'est bien, pour un enfant, de savoir se démarquer de son modèle paternel.
Même si cette complicité de nos premières années me manque un peu, mon amour. Mais j'ai toujours été heureux et fier de te voir choisir ta route - comme la fois où tu m'as dit d'un ton décidé de petit enfant de trois ans, On enlève les petites roulettes. Et que tu es parti sur le chemin, tout droit sur ton vélo, comme un oisillon s'envole.

Passons.

Cette histoire d'arbre, de chute, de sequse. Psychologiquement, je suppose, on pourrait y voir une construction touchant à l'histoire familiale, voire, tant qu'à faire des jeux de mots, à l'hystérie familiale. Comprends-moi : ce n'est pas, vraiment, ton histoire. C'est une des façons dont ton père (moi, donc) se représente le monde, et ta venue en particulier.

Comme si le fait de vouloir raconter des histoires, produire des mondes imaginaires, découlait d'une angoisse liée à l'histoire. Familiale, l'histoire. Pas besoin de te faire un dessin : l'angoisse du sequse qui se serre et convulse, l'arbre généalogique, le secret de famille.

Bon, bin ton histoire commence avec un père pas forcément très stable, qui tente d'assurer son rapport au monde avec ce qu'il nomme art, ou créativité (même s'il se dit parfois à part lui qu'il s'agit peut-être de gribouillages, d'infantilisme et de prétention). Qui ne s'appelle pas Esag le farouche, même si ça fait un gag en plus d'être l'anagramme de Sage. Qui ne sait pas vraiment s'il doit t'apprendre à supporter le monde tel qu'il est ou à le changer pour qu'il te supporte.

Qui aimerait t'offrir un monde sans t'y tenir prisonnier.

Qui ne te parle pas, le moins possible, de ta mère. Qu'il a aimée - tu en es la vivante preuve. Dont il pense connaître bien des choses, mais sans doute moins que toi.

Faut dire, ta mère est une femme. Si, si, j'y étais, je m'en souviens.
Or, si tu avais lu cette longue série de posts du mardi, tu aurais noté qu'il y avait très peu, mais alors vraiment très peu, de figures féminines. À part le sequse, je suppose. Et la pléïstéchione.

Parlons de celle-ci. Cette pute. Qui te vole à moi. Qui te soustrait. Ces jeux où tu t'enfermes, où tu t'enflammes, où tu me fuis. Nous fuis. Eh bien, c'est une play, je te promets.

Un symbole de la petite blessure qui nous sépare parfois.

Malheureusement, c'est un symbole que je ne comprends pas bien. Ou alors simplement la séparation nécessaire entre un père et son fils, entre un adulte et l'image qu'il se fait de lui. Bref, la plaie-station s'efface, ces derniers temps, ne crois-tu pas mon enfant ?

Enfin, cette histoire de sequse, de convulsions fécondes... Là non plus, je ne sais pas. Je suppose que c'est une façon imagée de te dire : la vie, mon gars, c'est pas du tout cuit, en particulier en ce qui concerne ce qui se passe en-dessous des cerveaux et des ceintures. Mais ça, tu sais quoi ? On en parlera ensemble, plus tard. Et je ne te raconterai pas d'histoires : je te dirai simplement ce que j'en ai compris - c'est-à-dire rien, ou pas grand-chose.

Voilà. Sans doute encore un projet que je n'ai pas mené à bien. Ou peut-être que si, va savoir.

En pensant à toi qui liras, ou ne liras pas, je me dis que je t'aime, de cette façon un peu bête, un peu désordonnée, un peu alarmante, que j'ai d'aimer. Je me dis que tu te diras (que ton père fait des conjonctives pourries) que je ne sais parler que de moi, que je ne sais raconter que mes histoires ; que je ne traite pas en tant que tel, quoi.

Parfois j'ai envie de te demander pardon d'être ton père ; parfois, j'ai envie que tu sois fier de moi.

Parfois j'ai envie que tu sois heureux d'être toi-même.

MArdi, je t'ai raconté tout ce que je t'aime, tout ce que tu es, beau, intelligent, fort et sensible, et humain, et imparfait, et changeant.

MArdi, mon Martin, je t'aime.

Et puis tout disparut autour d'Esag : le sequse l'Arbre la pléïstéchione. Il ne restait rien, rien qu'une ville, et un enfant de presque onze ans qui regardait autour de lui. Et qui disait :
"- C'est quoi, mon cadeau ?"

C'est toi, le cadeau.


FIN

de l'épisode.

25.1.10

818 - Impressions, lundi de merde

1) Le péché des pères (fondateurs)
Une solution pour se faire pardonner l'horreur coloniale, les conquêtes et l'exploitation outrancières des richesses naturelles ?
Se transformer en un schtroumpf écolo de trois mètres.
Pas cons, ces américains.

2) Boys don't cry
Ce gosse de dix ans, presque onze, qui sanglotait en regardant mourir un beau peuple sur un écran 3D, c'était mon Anton.
Son voisin le dévisageait bizarrement ; moi-même, j'avais envie de lui dire "Ce n'est qu'un film" - de le lui hurler pour qu'il se montre moins trop sensible, moins trop impliqué. Les mecs, ça pleure pas, merde.
C'est alors que j'ai noté ce grattement, au coin de mes yeux.
Le cinéma, c'est pour les gosses, vraiment.

3) Dialogue
- Tu es heureux ?
- Presque.
- Qu'est-ce qui t'empêche de l'être complètement.
- Le manque de confiance, je crois. Mais je ne sais pas si c'est en toi ou en moi.

Ils s'endormirent sans plus y penser.

4) Pas de problème, que des solutions
Travail sans grand intérêt, gris souris dehors, lundi fatigue ? Un coup de musique douce, et ça devrait passer.
Fouillez un peu, il y a d'autres mysp. du même artiste, avec d'autres noms ou d'autres groupes.
Don't you worry a bit trying to think about me.

23.1.10

817 - Caractère analytique


1) Psychologie du pauvre

Le pauvre habite dans un pavillon récent, dont les cloisons de placoplâtre sont peintes aux couleurs vives ; dans son bout de jardin clôturé, des jouets pour enfants et un salon en plastique. Le pauvre vit avec 2 à 6 enfants - dont les prénoms ressemblent à Kevin, Joris, Dylan, voire Foufouna - et possède un écran plasma, quelques ordinateurs ou consoles, et parfois une voiture récente et relativement luxueuse. Economiquement, le pauvre n'est pas si pauvre que ça ; mais on reconnaît qu'il est pauvre à sa psychologie épaisse ainsi qu'à son accent.

Car le pauvre a un accent. En général, un accent du Nord, du ch'ti épais à la grammaire valsante et au juron fleuri. "Foufouna, putan, j't'ai djô dit qu'y faut qu'tu vôs ranger tô chombre !"
Il arrive également que le pauvre ait un accent du Sud - en général proto-marseillais, ce qui donne "Oh puté, Dyla-in, je veux pus que tu fais p'eurer ta mèreu, con, c'est la dernièreu fois je te garatis").

Le pauvre, donc, s'exprime mal ; et le pauvre souffre, puisqu'en raison de son accent, il ne peut exprimer ses émotions et sentiments. Ou alors si, mais avec une musique de fond et un cadrage type photomaton, qui s'oppose aux scènes familiales de conflit rejouées au ralenti (avec un effet couleur/NB s'il vous plaît).

Parce qu'heureusement, le pauvre - le pauvre psychologique, s'entend, car le pauvre économique passe moins bien à l'écran - a la chance de se voir offrir une psychothérapie, ou du conseil, ou du coaching, ou n'importe quelle forme à la mode de self-help, par ce grand pourvoyeur d'égalité devant la souffrance qu'est la télévision.

Ainsi, grâce à la voix off qui souligne le merdier relationnel qu'est sa vie, le pauvre apprend à changer ; à s'exprimer, à écouter les autres ; le pauvre guérit, miracle, sous les reconstitutions clinquantes de la télé-réalité.

Aux petites heures, hier soir, alors que j'attendais vaguement le retour d'E. en goguette, j'ai vu successivement un pauvre qui avait tout sacrifié à sa passion pour Johnny H. ; une pauvre qui menait sa famille à la baguette, et ne supportait pas la moindre miette sur le carrelage de sa cuisine Hic&A ; j'ai craqué quand deux pauvres se traitaient mutuellement de connard et de ta gueuuuul' parce qu'ils ne pouvaient plus dire qu'ils s'aimaient.

Oh, loin de moi l'idée de critiquer. On a tous nos problèmes, même si on ne choisit pas toujours une chaîne immobilière pour les résoudre ; et franchement, cela me rappelle, quoique de façon caricaturale, pas mal de bouquins de développement personnel sur lesquels j'ai pu bosser.

Mais hier soir, avant d'aller oublier tout ça au fond de mon lit, je me suis dit qu'il manquait quand même une composante essentielle pour que cette télé-réalité soit autre chose que de la réalisation télévisuelle.
Le rire, bordel.

Car il est bien pauvre celui qui ne sait pas rire de lui-même ; bien pauvre s'il ne peut comprendre quand on se rit de lui.

Et, d'accord, j'arrête de regarder les chaînes commerciales. Bientôt.

2) Father
En plus du match de rugby, et du concert qui devait suivre, il y avait hier soir grande première : Anton et Zadig, mes chéris, passaient leur première soirée seuls à la maison.
Bardés, rassure-toi Mamie, de numéros de téléphone et de voisins bienveillants.
Nous en avions parlé avant, c'était pour eux une aventure. Anton, en particulier, se sent pousser des ailes en ce moment.

Sur le coup de 22 heures, extirpant mes crampons de la boue, j'ai eu au téléphone la petite voix de Zadig. Anton dort, j'ai un peu peur.
C'est normal, mon loulou, endors-toi dans mon lit.

Fourgonnette, boulevard, parking du théâtre ; De Manha* se préparaient, les potes au rendez-vous. J'ai avalé une minuscule bière (celle de la victoire, ayant sauté l'apéro-débriefing où nous aurions achevé de chambrer ces sympathiques enculés d'en face, incapables de perdre sans mettre des bouffes) quand le téléphone, dans ma poche, a vibré.

Papa, j'ai très peur, tu sais.

Demi-tour contact ; pas de bossa ce soir, pas de soirée à féliciter les potes. Rentrer entre les feux pour serrer mon Zadig dans les bras.

Ses yeux étaient un peu rouges, mon presque grand, mon bébé qui se voudrait ado, mon trésor au touffet.**
Dors. Papa est là. Tu as bien fait d'appeler.

Et avant de me coller devant la télé et ses émissions téléréalistes, je me suis dit qu'il ne pouvait pas me faire plus grand plaisir, mon fiston, que de me dire qu'il avait encore un peu besoin de son père.



* Session de rattrapage ce soir samedi, toujours au théâtre du Pavé, dont au sujet duquel vous avez un chouette reportage ici.
** Touffet : terme technico-occitano-familial désignant les bouclettes de mon Zadig depuis l'enfance.

22.1.10

816 - Friday Wear, malgré tout


1) Rose water
"Enculé, cette cartouche !" s'exclama Pat en retombant pantelant sur la couche inondée.
"Tu peux le dire, mon biquet", répondit Dora. "Tu m'as sacrément bourrée, cochon".

"La prochaine fois, je te défonce la rondelle", assura-t-il avec un tendre sourire.


Je me demande tout de même si E. et moi n'avons pas légèrement surtraduit la scène d'amour finale de ce roman...

2) La blague du vendredi
D'un penseur anonyme :
"Oué bon, d'accord, la Terre se réchauffe, la surpopulation guette ; mais si tu réfléchis, vu que les taux de fécondité sont plutôt faibles dans le monde occidental, bin, on s'en fout de pourrir la planète, vu que de toute façon, dans cent ans il ne restera que des pauvres et des étrangers".

Je sens que je vais encore me faire des amis au second degré.
Et encore, j'ai filtré la terminologie. Je ne pourrais jamais écrire des mots comme "crevards" et "bougnoules" dans ces colonnes.

3) Aucun lien
Devinez ce qui se passe ce soir, avant le concert de De Manha (bossa) au théâtre du Pavé à 22h ? Bin, un match de rugby.
Je me demande si ça excuse ce qui précède.

4) Trouve vite une citation poétique pour effacer l'impression détestable de ce Friday wear
Euh... j'ai la journée ou pas ?

5) Littérature
Télérama (ouf, sauvé) consacre un long article à la critique littéraire.
De mon côté, j'ai lu Miso Soup, de Ryu Murakami.
Oué, c'est pas mal.

6) Critique, encore
Et tiens, si on donnait notre avis sur des oeuvres d'art ? Ca se passe sur Artoulouse, et vous y trouverez une oeuvre de Véronique Pourrinet, ainsi qu'une toile de Yannick Zofer. Et ce n'est pas parce que ce sont des potes que j'ai voté pour eux.
C'est parce que je les aime.

7) Narcissisme
Bizarrement, un des personnages du roman en cours de traduction correspond point à point avec les typologies qu'établit l'auteur de ce bouquin sur le narcissisme, que je taduis de l'autre main. Nos amis d'outre-Atlantique auraient-ils des comptes à régler avec des hommes égoïstes, grossiers, imperméables aux sentiments des autres et à tout ce qui ne touche pas directement leurs propres peurs ?
Georges B., si tu nous entends, sache qu'on pense à toi.

8) Psychotrad
Je constate à plusieurs reprises que dans la traduction d'E., les termes concernant les voix fortes sont parfois moins précis que les autres (qui sont putain précis, croyez-moi) ; de la même façon, je dirais qu'on prend une profonde inspiration plutôt qu'une profonde respiration.

Mon amour, est-ce que je te fais peur quand je prends ma voix de stentor, ma voix tonitruante ? Est-ce que je te coupe l'inspiration, est-ce que je t'empêche de respirer ?

Saleté de mots, va. Des fois, ils disent des choses sur nous.

9) Considération commerciale
Soudain je pense au nombre de lecteurs qui peuvent s'énerver de ce que j'ajoute sans cesse des titres à ce post.
Teasing ou inconséquence ?
Bah, tant que je ne finis pas sur Twitter...

10) Communication personnelle
Mon amour, qu'entends-tu par Les mouettes ciraient autour d'eux ?

21.1.10

815 - Saint Furibard


1) En temps de crise
Bin on dira ce qu'on voudra, c'est toujours énervant de rester calme face à quelqu'un d'énervé.
Bordel.

2) Action man
Pas eu le temps de penser, aujourd'hui.
C'est bon signe, docteur ?

3) And I love them
Serait-il absolument macho, odieux et homophobe que j'envoie une petite caresse de douceur éthérique à ces femmes qui peuplent ma vie de beauté et de sourire ? Oui ?
Ah, tant pis. Je le fais quand même.
Je t'aime.

4) Pilote automatique
A l'heure où j'écris ces lignes, je n'ai pas la moindre idée de leur contenu.
Est-ce que ce n'est pas de la suproduction ?

5) Parce qu'il faut un 5
Et le cintre des épaules
Rétréci vers le coeur,

Épuisant demain.
Ce soir, peut-être.

20.1.10

814 - Psylosophies


1) Le temps, cette notion subjective
Un rapide calcul m'a appris hier que j'approchais peu ou prou des 333333 heures de vol. Ça fait réfléchir.
Mais à quoi ?


2) Nos lecteurs avaient rectifié d'eux-mêmes
Concernant le clip qui se trouve deux posts plus bas, il fallait bien entendu lire :

"En préparation depuis deux ans, cette vidéo est l'aboutissement d'un travail sur les liens entre recherche graphique, sonore et littéraire, par lequel l'artiste explore le rapport de filiation et le concept de traces".

Évident.

3) Correspondance
Danse de l'édition hier : reçu par la poste des exemplaires de Le Facteur n'est pas passé, mon premier livret-carte postale chez d'un Noir Si Bleu. Qui fait partie de la nouvelle fournée de ces nouvelles que l'on peut envoyer par la poste - original, élégant, drôle... Bref, le cadeau idéal.

Bin oui c'est de la pub, mais je suis tout content de ce texte et j'adore DNSB.

19.1.10

813 - MArdi, je te raconte


Esag ferma les yeux.
Très fort. Pour faire monter ce que Rahoul, son fils, appelait les pensées.

Avait-il tout dit ? Que se passait-il, dans l'Arbre ? Qu'était ce sequse, dans lequel il se trouvait en la seule compagnie de la pléïstéchione muette ?

Reprenons, se dit-il. Mon fils rêvait de connaître l'histoire. Son histoire. Toutes les histoires des Zoms. Mon fils voulait s'enfuir ; mon fils voulait vivre par lui-même, loin de moi.

Loin de moi ?

Mais pourquoi faire ? Suis-je si terriblement père qu'il veuille devenir autre chose que fils ?
Lui ai-je menti, l'ai-je trahi ? L'ai-je abandonné ?
Mon fils, mon fils, pourquoi le crois-tu ?

Et soudain, la lumière lui vint.

C'était peut-être le soleil, par le trou de l'Arbre. Peut-être la pléïstéchione qui brillait.
Ou peut-être autre chose.

Esag se leva, prit une inspiration profonde.

18.1.10

812 - Je vous en demande bien pardon...

... mais

1) Too long

Ce clipou, de toute évidence, mériterait encore un coup de travail sur les coupes ; mais pour répondre aux remarques acerbes d'un voisin, collègue et ami, j'ai retravaillé les effets de voix. Bref, un projet, encore.



2) Cigarette thinking

La mort empêche de fumer, non ?

3) Et pendant ce temps au pays des carreaux multicolores
Les terribles secrets de famille de l'héroïne l'empêchent d'aimer à loisir - plus que 100 pages et des bananes pour qu'elle saute son patron et envoie bouler son narcissique de père (si on est partis pour un happy end). Je vous tiens au courant.

4) Non mais quel con, je vous jure
Incroyable. Je n'avais même pas annoncé dans ces colonnes le salon du Livre d'Hiver de Montgiscard !
Il a eu lieu hier, devinez où. J'y étais.
C'était bien.
NB : Je rappelle que le salon de Montgiscard est un salon où se tricotent les rencontres les plus inattendues ; il y a trois ans, par exemple, j'y avais croisé une jeune et prometteuse auteur qui... mais bon, nous en reparlerons.

16.1.10

811 - D'autres


1) Robin des bois
Marc, dit Caillou, garde toujours intacte sa révolte.
Se battre, lutter, revendiquer. Ne jamais baisser les bras, quoi qu'il en coûte.
Et savoir rendre hommage.

2) Grand comme ça
Et Zoé envoie son coeur et ses pensées vers Haïti.

3) So beautiful
Tandis que Mam'zelle Luna, sur son site nouveau, poétise black and white....

4) TPMG
Et que LoFi mélange marimba, guitare et des fragments de texte issus de ce blog.

5) Question fondamentale
Peut-on appeler ça un post ?

15.1.10

810 - Friday Wear


1) La blague de la semaine
D'accord, elle a fait le tour de Facebook, mais tout le monde n'y est pas.
Si Hitler se serait appelé Pépito, on aurait dit
Heil, Pépito.
Voilà voilà voilà.

2) Emmanuelle 9
Ma conjointe traductrice se heurte à la difficulté de retranscrire
His mouth was busy searching for the secret nub at the core of her.
Même mon côté rugby n'ose suggérer des termes comme minou clito chatte, des verbes comme bouffer ou dévorer ; même mon côté poète ne se résoud à utiliser bouton d'amour.
Le noyau secret de son être ? Son étamine d'extase ?
Son amande ?

Du coup, je pense à Bonnefoy (pas celui du Parc, l'autre)

Et poésie, si ce mot est dicible, N'est-ce pas savoir là où l'étoile Parut conduire mais pour rien sinon la mort, Aimer cette lumière encore? Aimer ouvrir L'amande de l'absence dans la parole?

Comme quoi bin les mots, c'est souvent complexe.

3) New block on the kid
Elle est du même bois qu'Olivia, ma nouvelle guitare ; ses tiges d'acier évoquent des doigts qui sourient ; quelques notes effleurées à peine transportent.
C'est une marimba toute neuve arrivée par la poste. À retrouver très vite sur le vieux blog LoFi...
Merci du cadeau, soeurette.

4) Horrible à dire
Le point commun entre Philippe Séguin, Eric Rohmer, Mano Solo et Haïti ? C'est que nous n'en sommes pas morts.
Ou alors juste un peu.

5) Rubrique "osons"
Je déclare unalittéralement les vendredis de 2010 dédiés à des tas de choses inutiles, relâchées, un peu bêtes et ridicules.
Friday wear et c'est tout.

Comment ça c'est déjà le cas tous les jours ?




14.1.10

809 - Éparpillement


1) The hell of a day
Voyons. Si je résume : les enfants ont oublié leur sac de piscine dans le bureau de Cindy Larson, la belle responsable de communication de la société Rocwell& fils dont le patron, le superbe mais distant Roy Rockwell, a répété tout cet après-midi une nouvelle formule de LoFi pour une apparition en février au Bijou malgré la farouche opposition des évaluations nationales de CM2 qui ont été punis pour avoir goûté à une heure indécente après la réunion alors que les potes débarquent pour une soirée pot-au-feu.

Heu... comment je faisais quand j'avais un boulot ?

2) Corneille
Je jure qu'elle me regardait en riant, la corneille du parc, quand j'étais sous les gouttes à attendre l'envie.

3) Lou ravi
À y bien regarder, la vie, ce jour, a un goût de patience et de joie.
Vous avez vu, par la fenêtre, la pluie qui souriait ?

4) Le jeu de la séduction
Mettons qu'elle me regarde comme si ; mettons que je la regarde. Mettons que sous nos yeux sous nos mots défilent d'autres conversations.
Mettons que l'un de nous - ou les deux peut-être - imagine que nous deux. Projette, s'avance.
Mettons qu'un petit air de musique passe dans la rue, et que nos fantasmes le suivent en rang vers un oubli joyeux.
Paisibles, nous rentrons.

5) Une aventure
Ce matin-là, l'homme le plus ordinaire du monde se sentit pousser
Une aile.

13.1.10

808 - Des enfants, à nouveau


1) J'sais pas, je fais pas philo
Être à l'abri du besoin, c'est être à l'abri du désir ?

2) Children, you know
Il semblerait que la pédopsychiatrie moderne éprouve quelques difficultés avec l'antique sagesse de phrases comme "Un bon coup de pied au cul, ça te fera arrêter tes conneries".
Je suppose que c'est un bien.
N'empêche qu'à l'époque, pour être père, on n'avait vraiment besoin au fond que d'une paire de godillots taille 43.
Suis-je né trop tard ? Mes pieds auraient été parfaits.

3) Take it easy on herself
Elle est malade, il s'inquiète. Y peut-il quoi que ce soit ? Est-ce que cela n'est pas un peu de sa faute ? (Euh, la faute de qui ?)
Elle est malade, il s'agace. Elle doit bien le faire exprès, non ?
Elle est malade, il s'indigne. Elle a beau jeu de le faire se sentir impuissant.
Elle est malade, elle va guérir.
Peut-être qu'il couve quelque chose.

4) Va-t'en trouver les mots
Le nom du bleu après la neige ?

5) Flambée des prix
(celui-ci pour C., qui râle du trop peu)
Sur le marché devant chez moi, le kilo de poireaux était à 3 euros. Je trouve cela inadmissible, quand on pense qu'en surgelé, il est à moins de 2.
Du coup, et de colère, j'ai poussé un peu plus loin sur l'avenue.
La guitare de mes rêves, chez François le luthier, coûtait moins que 200 kilos de poireaux.
On va pas se laisser emmerder par des légumes.

12.1.10

807 - MArdi, je te raconte

Tu as été, mon fils.
Tu as été" poursuivit Esag.

" Tu as été ma joie, tu as été ma lumière.
Tu as été insupportable ces nuits où ta mère et moi ne savions plus que faire pour calmer tes cris tes peurs les angoisses de nos angoisses.
Tu as été cette vie qui valait plus que nos vies, qui les dévorait, qui en devenait centre.
Tu as été la raison, chaque jour, le progrès, la nouvelle,
Tu as été chaque geste qui redonnait le sens au geste, chaque bruit qui racontait le bruit,
Tu as été l'amour, le soleil, le nom de nos noms, l'être de nos êtres,
Tu as été nos larmes de plaisir de bonheur
Tu as été.
Oh tu avais ton nom ton existence,
Et pourtant nous vivions, ne vivions que de toi."

La lumière, dans le sequse, se mit à clignoter étrangement.

"Tu as été la source, je le sais, tu as été le nouvel autre,
Tu as été ce que jamais nous ne serons,
Tu as été le futur, tu le restes,
Tout le reste,
Tu as été notre joie."

Esag se tut un instant. Il lui restait tant de choses à dire.

"Tu. Voilà le premier mot.
Le tu de Je t'aime.
Le tu de Tu seras.
Le Tu de Ton histoire.
Qu'avons-nous tu, mon amour, qui te fasse si mal ? Qu'avons nous échoué, qu'avons-nous ne pas fait, qu'avons-nous souffert qui fasse que tu souffres ? Dis-le-moi, Amour, je t'en supplie."

C'était stupide, Esag le savait. Plus rien, sans doute, ne lui ramènerait son enfant. Son fils, son unique.
Plus rien, sans doute.
Ou un doute minuscule.

Alors, il continua.

"Tu. Oh, tu. Que faudrait-il que je te dise ?"

Et le silence retomba au creux du sequse au creux de l'Arbre.






Pour des raisons techniques et morales (l'absence d'hommage aux 807 de Franck Garot), ni illustration ni lien sur ce post. Veuillez pardonner le scribe.

11.1.10

806 - Bon bin lundi alors


1) TV diner
De ce ouikend télévisuel, je retiens :
- que Inglorious Bastard m'a fait me demander si toute forme de transformation de l'histoire de la seconde guerre mondiale pouvait être assimilée à du révisionnisme,
- que Mad Max a très mal vieilli, et se rapprochait de plus en plus de La Cage aux folles,
- que Robert Redford non.
Ce qui m'inquiète, pour l'avenir.

2) Avatar
Enfin, nous étions prêts, tous six, à sacrifier au rituel du cinéma trop cher et outrageusement outre-Atlanticiste.
Manque de bol, il a neigé, et nous avons créé nous-mêmes nos effets spéciaux dans le parc Bonnefoy.
Mieux que la 3D, je vous jure.

3) Glory day
Huit petites heures de traduction, et c'est quinze pages de narcissisme qui s'évaporent. Je me demande tout de même avec inquiétude qui est ce "narcissique dans ma vie" dont me parle l'auteur...
4) Mother
"Tous les matins, tu prends 5 mn pour te dire ça ne marchera jamais je vais tout rater j'ai pris une décision stupide. Histoire de ne plus y penser pour la journée". Voilà ce que m'a conseillé ma mère.
Maman, comme si tu avais besoin de le dire.
En plus, j'ai un blog pour ça.

5) Thérapie des schémas
Alors comme ça, quand je propose un truc à quelqu'un, c'est pour mieux me permettre d'être rejeté ?
Putain de psys, tiens...

8.1.10

805 - Day of wonder


1) Comptes de Noël
2 armées, 21 bataillons, 7 armes, 84 cases, 9 races de personnages : le père Machin a apporté un jeu de plateau aux enfants ; E. et moi, avec nos pauvres bac + et quelques, avons presque réussi à comprendre les règles en six heures de temps.
3 gants perdus, 7 coups de gueule, 1 crise d'adolescence, 2 débtas de fond sur l'adulte, l'enfant et le respect, 4 bols de céréales qui décidément ne trouvent pas le chemin du lave-vaisselle, 19 référence à la pendule de la cuisine : le jeu du "C'est le matin, on va à l'école" est toujours aussi complexe.
Au moins, j'ai arrêté d'y jouer.

2) Psychologies (de base)
Traduire brain par cerveau et mind par conscience, ou utiliser le couple inconscient/conscient, ne change pas les données du problème : d'un point de vue psychologique, sommes-nous tous construits comme des Américains ?
Peut-être que voir Avatar m'apportera une réponse.

3) Règle du Je
J'ai posé un pied sur la limite ; elle m'invite à la dépasser.

4) Éternel recommencement

Au tout début, quand je n'avais écrit que Le petit guide..., je ne savais pas ce qu'était un éditeur. Le premier - et seul - à qui j'ai envoyé le manuscrit y a vu un futur succès planétaire (au moins dans la région Nord-Pas-de-Calais). Puis j'ai appris qu'envoyer un manuscrit par la poste et être publié, cela n'arrivait jamais ; que le milieu de l'édition était constitué de pourris ; et que seule notre chère Wrath* savait en parler.
Dire que je commence à chercher une boîte de production pour la musique de LoFi...

5) Emploi du temps
Enfants école traduction expertise de la voiture yoga cher sherpa répète correspondance lectures superbes reçues pour Noël et mon anniversaire recueil de nouvelles début de roman tete radio courses cuisine et...
Ils font des agendas avec 72 cases par jour ?

6) Express
J'apprends qu'E., ce matin, a maîtrisé deux forcenés, rétabli la circulation, évité à la ville une grève des poubelles, sauvé une pauvre femme en détresse et de façon générale rétabli la paix dans un quartier voisin.
Tout ça en emmenant les enfants à l'école.
Il y a des jours où je me sens petit, mais admiratif.

7.1.10

804 - Day in white


1) Au rugby comme en amour
On ne dira jamais assez à quel point il est épuisant de plaquer quelqu'un. Surtout à plusieurs reprises.

2) De l'importance de la fiction de sous-genre sur la conscience planétaire
Terminator n'a-t-il pas mis fin à la guerre froide et aux tentations nucléaires ?

3) Ecologie bien ordonnée
Ne rien laisser perdre, voilà le mot d'ordre.
Après l'entraînement d'hier, deux bières et des galettes à la frangipane m'ont évité de laisser fuir mon léger surpoids. Ouf, la planète est sauvée.

4) Agressivité et jeune enfance
Quand on a passé sa journée à gueuler sur les mômes, une grosse séance de défense/enchaînement permet la remise à niveau des niveaux.
Commentaire de Tonton en quittant le terrain,
"Manu, si tu pouvais éviter de faire des conneries... Le temps que tu te fasses engueuler, on se refroidit tous."
Malin, tiens.

5) Schéma de je
Alors, tu imagines le type qui grandit avec un schéma d'Imperfection/Honte ; chaque fois qu'il est dans une situation donnée, il ressent la peur d'être rejeté pour ses défauts ; du coup, et pour fuir cette sensation, il se la pète, devient odieux... et finit par être rejeté. Paf, en plein dans le schéma. Pas facile d'être narcissique.
Voilà l'essentiel. Plus que 150 pages pour répéter ça.

6.1.10

803 - Jour des enfants


1) We're all family
Des autoroutes peuplées de camions vides ; des survivants dévorant la chair humaine ; et contre ce cauchemar de l'Amérique, le rêve d'une famille nouvelle.
La route ? Non, Zombieland.
Moins dramatique, mais Bill Murray en plus - dans son propre rôle.

2) Question nouvelle famille
Quand on aime quelqu'un, peut-on aimer quelqu'un sans sacrifier quelqu'un ?

3) Alive and clicking
Le petit guide des transports à l'usage du trentenaire amoureux
attend sagement une réédition ; d'ici là, deux nouvelles sont à lire sur le canadien blog participatif de Christophe Dugave.
"Plongée", la nouvelle courte destinée à être lue debout (sur un salon de préférence), et "La Fête à Fred", objet d'une adaptation théâtrale en cours.
Faudra que je les relise, je crois qu'elles étaient bien.

4) All about narcissism
Je me débats actuellement dans des schémas narcissiques - pour une traduction, heureusement. Mais la question se pose : un artiste reconnu est-il un narcissique qui a réussi ?

5) De vraies nouvelles
Répétées une heure par jour, les chansons de LoFi se mettent à raconter une histoire. Tournée mondiale prévue l'année prochaine ?

6) Jour des enfants
Et si je me taisais un peu ?

5.1.10

802 - MArdi, je te raconte


- Oooooooooooooooooooh ! gémit Esag.
Il laissa tomber la pléïstéchione, qui rebondit sur le sol du sequse avec un bruit mat, et enfuit sa tête dans ses mains.
Toutes ces histoires. Toute cette histoire.
Vivante sous ses yeux, dans son crâne épais de Zom, dans son corps.
Il avait poursuivi l'histoire que lui racontait la pléïstéchione car il y trouvait quelque chose - quelque chose qui lui rappelait Rahoul, quelque chose que, lui semblait-il, il devait comprendre pour retrouver son fils.

Total, il avait gagné un bon mal de tête.

Le sequse, au fond de l'arbre dont il était à présent l'unique prisonnier, ne bougeait plus. Fini les visions, fini les hallucinations ; Esag était seul, perdu, et son fils, son trésor, son unique, avait disparu.

Oui, parce que la pléïstéchione, ça ne comptait pas. Sauf peut-être pour oublier qu'il était seul. Et encore.

- Mon fils, mon fils, pourquoi m'as-tu abandonné ? rugit Esag au fond de sa carverne.

Puis il se souvint qu'il avait déjà dit quelque chose comme ça, et préféra se taire plutôt que de poursuivre ses jérémiades.

Et puis la colère, la sainte colère, le très juste courroux du Papa s'empara de lui. Il bondit sur ses pieds et, on ne sait trop pour quoi ou pourquoi, se mit à hurler :

- Tu es né parce que ta mère et moi nous nous aimions, parce que nous voulions te voir vivre en nous et nous voir vivre en toi ; tu es né parce que le monde appelait ta présence, ton unique présence au milieu des milliards de possibles ; tu es né parce que le hasard a mis en présence un spermatozoïde qui te contenait et un ovule qui t'as contenu ; tu es né parce que le jour était précieux, tu es né un jour de janvier où le soleil caressait les collines ; tu es né une nuit où le monde était doux, où ton corps comme un organe est venu raconter qui nous étions, ta mère et moi.
Tu es né parce que l'on naît sans savoir, sans s'avoir, et qu'on naît avant d'être.
Et puis tu as été."

Les paroles d'Esag résonnait dans le sequse, au creux de l'arbre ; rien ne semblait bouger dans la nuit.

4.1.10

801 - Nouvelles


1) Ängst
Et se reprocher de ne pas exister suffisamment, vouloir davantage, rêver d'autrement... Certes, cela nous pousse à moduler nos cris de façon esthétique, mais ne vaudrait-il mieux pas une bonne fois pour toutes interdire les adverbes en italiques ?

2) Vapeurs
On ne s'évanouit plus depuis le XIXe siècle et ses héroïnes tourmentées. Pourtant, comme il était simple d'arrêter, de mettre un terme, provisoire, de s'enfuir immobile d'une situation... Madame Bovary tombait, elle, comme une masse, sur un sofa ; Mme de Rénal s'abandonnait, mourait pour quelques heures, signifiant l'inadéquation de son rapport au monde, et...
Relève-toi toute seule, mon amour, tu vois bien que j'écris.

3) Rites
Samedi au cimetière, je me demandais quand ôter et remettre mon chapeau ; quand se lever, que faire quand nos mains ne tracent pas le signe de croix, quand nos lèvres refusent de s'agiter sur le Requiem ; ce que signifiaient la flamme, et l'encens, les formules chuintées par le prêtre, le cérémonial du drapeau ; et je me demandais...
En me rasseyant, j'ai mis un coup de tête à la voisine de devant. J'étais bien rappelé à l'ordre.

4) From now on
4 janvier, nom d'un chien. Soudain, une masse de taches se pose sur mon bureau. Vivement les vacances (les prochaines sont prévues à l'horizon 2016).

5) I won't go back
Une ancienne élève, via Facebook, me souhaite anniversaire et me dit que je lui manque.
Euh, pardon, vous, en tant que classe, ne me manquez pas... Mais ce que j'ai oublié de vous dire :
Qu'est-ce qu'il raconte, comment cela raconte, pourquoi ? A quoi cela vous fait-il penser, est-ce que cela vous apprend quelque chose ? Cela devrait suffire à comprendre et à parler de la plupart des textes.


ill. E.U

3.1.10

800 - Comme ça tombe


1) L'ami retrouvé
Il m'écrit par-dessus vingt ans de silence. Me raconte. M'explique. Me demande, d'une certaine façon.
J'attends, paresseusement, de savoir quoi lui répondre.
Peut-être quelque chose comme "Je t'ai attendu, je te faisais confiance ; même si parfois j'ai crié un peu plus fort en espérant que tu entendes".

2) Anniversaire
Une partie de moi a 38 ans aujourd'hui.
Je n'en finis pas de grandir.

3) Privacy

J'ai tendance parfois à croire qu'en buvant le verre de quelqu'un, on connait ses pensées, on s'accroche à son âme.
Depuis quelques jours, je dois être en pleine période d'introspection et de quête spirituelle : je n'ai pas cessé de boire mes verres.
En tout cas, mal la tête.
J'arrête bientôt :-)

2.1.10

799 - Larmes


1) Family trip
Nous étions 5 dans la voiture : Papa Maman GrandeSoeur Moi PetiteSoeur.
5 comme avant.
Comme avant nous avons ri pour rien, pour rire. Comme avant nous avons parlé.
Nous ne nous retrouvons ainsi que pour les enterrements.

2) Pierre
Je le connaissais peu, l'homme qui trop vieux. Je me souviens de son village, de la chaux sur le mur de l'église, des forêts sur les collines.
Des amis des voisins de la famille qui souriaient en pensant à lui pour son enterrement.
De ses yeux et de ses mots quand nous le rencontrions parfois - du mobile qui pendait dans le plafond de son garage, au centre du village, pour marquer l'arrêt exact de sa voiture. De son plaisir à nous voir quand, au matin d'une course de vélo nocturne, nous envahissions un peu de sa vie.
Précis, central, accueillant.
Au revoir Papy.
Ceux qui restent sont beaux -ils te ressemblent.

1.1.10

798 - Devine...


1) Vieux voeux
Le 1er janvier de l'an 2010 était un vendredi ; nous tombions bien, je me rappelle.

2) Quoi d'autre ?
Et malgré la promesse, le lien était si fort encore que j'ai voulu vous appeler pour vous souhaiter la pareille - voire davantage.
2009 était bien.
2010 sera meilleure encore.

3) Résolutions pour cette année
Arrêter de commencer. Arrêter de recommencer. Arrêter d'arrêter.
Apprendre à finir, peut-être.
Arrêter de faire le difficile.
T'épouser au moins une fois.