19.1.09

Ce que je n'ai pas écrit


Comme je vous le disais précédemment, encore un refus. Le dernier futur prochain ex Dual Books, Quiet Village, ne plaît pas aux éditrices de Talents Hauts.

Et moi, je suis sensé digérer ce énième refus. C'est fait pour ça, un auteur : digérer.
Dont acte.

(Et merci au passage aux soutiens, Emma, Oh, P'tite Soeur : bin, sans vous, quoi, si vous voyez ce que je veux dire...)

Puis, le lundi, je fais une lettre de refus à la lettre de refus.
Puis je l'efface. Puis je le recommence. Puis...



J'ai trouvé préférable de ne pas prolonger au tél, ni de te répondre immédiatement. On ne sait jamais, avec l'émotion.
Si je m'étais laissé aller au ressenti (mais le ressenti ment, dit-on), j'aurais sans doute écrit :


Non, toujours pas.
Moi toujours pas comprendre.

Il y a quelques mois, vous avez refusé "Princesse Non", après l'avoir approuvé sur plan. Pour QV, ça recommence. C'est comme ça que vous traitez les auteurs ? Parce que c'est ce que vous m'avez dit, une fois ou deux : que j'étais un auteur.

Alors un auteur, ça cherche, ça fouille, ça intègre. Parfois, ça se plante, évidemment - mais les éditeurs sont là, normalement, pour les aider dans ce cas-là. Pour leur indiquer où creuser, quoi changer, quel filon privilégier.

Pendant que j'écrivais QV, je vous au passé un certain nombre de mails vous faisant part de mes questionnements. N'ayant pas de réponse précise, j'ai cherché tout seul. En me disant que je bossais pour vous, et que d'une certaine façon vous vous engagiez à prendre le livre, tout comme je m'engageais à l'écrire du mieux possible - en le reprenant dix fois de suite pour en faire quelque chose d'autre qu'un simple bouquin pour ados en deux langues : un roman bilingue sur un format court et illustré.

Après, je pourrais vous faire un truc à la Zola : vous parler de ce pauvre écrivain qui bosse comme un malade, persuadé d'oeuvrer à la fois pour le bien de l'humanité en général, des ados et de Talents Hauts en particulier, et à qui l'on répond "Merci, Machin, mais vous pouvez gerber, maintenant". Qui se retrouve également avec plus un rond, à cause qu'il n'avait pas demandé d'avance - et qu'il le regrette, parce que ça lui aurait garanti que les éditrices prennent tout leur temps pour lire son bouquin, pour le guider et le conseiller.

Qui a aussi l'impression que son petit ventre d'écrivain est tout ouvert, et que malgré le soutien de ses proches et des premiers lecteurs de QV, bin, ce coup-là, il pourrait en crever, le auteur.

Et redescendre de sa toute petite auteur pour reprendre une vie campagnarde à cueillir les jonquilles sur un tapis de feuilles mortes en embrassant des filles (bon, ça ne le rendrait sans doute pas beaucoup plus heureux à long terme, mais au moins cela demanderait moins d'effort et cela ne le soumettrait pas en permanence à un jugement extérieur. Et puis les jonquilles, ça sent bon).

Mais bon, je ne peux pas écrire ça. Ce serait partial, injustement accusateur et inutilement blessant. Un mauvais plan, si on veut bosser avec des éditeurs.

Donc j'ai fait un truc beaucoup plus soft. Tout en me demandant ce que j'avais envie de répondre, au fond.

Peut-être que l'illus en haut de ce post vous le dira.

Et de toute façon, c'est sans grande importance : je continue, on verra bien.

Sinon, vous, ça galope ?

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