13.12.08

On s'est dit quoi ?



Elle avait des yeux de source ; elle écoutait, captive, et ses mots les touchaient. Au fond, chacun, au coeur, à l'âme, à la culotte - dans cet ordre ou un autre, c'était sans importance. Elle les bouleversait.

Tout au plus l'un d'entre eux, à un moment quelconque, se sentait pincé d'une brise jalouse quand elle allait, papillonne lascive, se poster près d'un autre, et l'aspirer d'un sourire. (Il pensait un instant qu'elle était salope ou pute ou chaudasse - mais vite il souriait : elle était profonde et mystérieuse, aussi imprévisible que les vagues d'alcool qui les tournoyaient).

L'un, au détour d'un hoquet, voulut jeter les yeux dans ce qu'il aurait appelé son corsage - juste, peut-être, pour s'en rapprocher. Elle le regarda avec colère - il se prépara à l'orage.

Et l'orage vint, plus surprenant encore.

"I want to fuck you", lui cracha-t-elle - et elle sourit.

Alors il connut la tempête.


Le lendemain, elle avait oublié - l'alcool, sans doute, ou l'herbe, qu'ils fumaient pure, pour s'économiser la franchise.

Et son oubli à elle le condamnait au silence.
Alors, il disparut.

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