13.12.08

Ménage à trois


Je vis encore dans l'ombre d'une image - voilà ce qu'il pensait en nettoyant par terre, en frottant les dalles de carrelage d'une eau qui brûlait les jointures.

Je vis encore dans l'ombre d'une image - chaude et pourtant inutile.

Elle avait ce sourire - oh mon dieu ce sourire, et ce regard, cette impudeur ; elle avait cet amour dans le coin de ses lèvres - et le goût de son sexe, un fruit au nord salé.

Il la rêvait fontaine, il la désirait flamme ; et pourtant avec elle il n'y avait

qu'une façon de couper un citron - en deux, pas en quartiers
qu'une façon de tourner sur la route - clignotant averti
qu'une façon de sourire, de chanter, de penser, d'espérer, d'attendre

qu'une façon d'aimer - ce n'était pas la sienne.

Il avait vécu à l'ombre d'une image, qui disait : tu n'es pas toi - si c'est toi que tu aimes, c'est moi que tu détesteras.

Ce matin-là, sur les dalles d'eau chaude,
Il voyait se dissoudre un visage ; sa vie était facile - il s'en voulait parfois.

Une autre chantait dans la maison limpide.

L'eau avait goût de vinaigre (comme un sexe, au fond).


Il avait toujours adoré le vinaigre.

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