Au
théâtre, ces derniers temps, je vais voir des comédiens. Des compagnies, des
metteurs en scène. De moins en moins de textes.
Des pièces, plus du tout. C’est bourgeois, les pièces. Dépassé.
Les
comédiens chantent leur texte. Ils disent des chansons. Avec des vidéos. C’est
un peu comme un cinéma, mais un cinéma chic. Les gens à côté de moi sont des
fonctionnaires ou des étudiantes en théâtre. Pas des jeunes en parka qui
avalent du pop-corn en jouant avec leur portable. Il y a le charme désuet d’un
public bon enfant. On est entre soi. Au théâtre, on se tient bien.
Au
théâtre, on ne pleure pas. Pleurer, c’est réservé au public des opéras - CSP+
et hommes à l’orientation sentimentale chahutée. Des gens qui ne sont pas là
pour rire.
Rire,
d’accord, ça arrive, au théâtre. Mais c’est souvent au théâtre vulgaire, celui
avec des gens qui font la queue pour voir des pièces aux titres et aux comédiens
interchangeables.
Au
vrai théâtre, le sérieux, on réfléchit. On n’est pas là pour autre chose. On
réfléchit, on se regarde. Et on se voit
comme une œuvre, un spectacle, une performance – mais certainement pas comme une
pièce. On vaut mieux que ça.
Pour
un auteur, il n’y a donc aucune bonne raison d’écrire des pièces. La notion
d’auteur elle-même est suspecte. Dramatique.
Alors
quand, un soir d’été, trois pièces frappent à ta porte, un peu boiteuses et un
peu agaçantes, tu envisages de ne pas leur ouvrir.
Mais
bon, tu leur ouvres. Tu doutes un peu, parce que tu te demandes comment vont
faire les comédiens pour le chant, la vidéo, la performance. Tu te poses des
questions sur rire, pleurer, vivre. Ressentir, éprouver. Et sur les liens de
tout ça avec le théâtre.
Et,
donc, tu te retrouves à écrire des pièces. Bourgeoisement. Parce que tu as
envie de voir ce que ça donne.
En te souhaitant une bonne lecture,
Manu
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