7.10.09
745 - Prépare tes cours, feignasse
Dilemme : j'aimerais bien faire un post, mais voilà : j'ai quelques cours à préparer, pour des 4e qui veulent parler du récit, et d'autres qui veulent que je leur parle du théâtre.
Pour ces derniers, facile : leur manuel leur propose un cocktail Molière/Racine très chouette. Et le fait que les textes choisis soient aussi obscurs que chiants (ou l'inverse ?) ne constitue, mais non, aucune difficulté. On verra bien.
Pour le récit... bon, c'est un genre de défi qu'on s'est lancés. Je les écoutais, tout en promettant quelques sanctions s'ils ne fermaient pas un peu leur ; jusqu'à ce qu'enfin, je menace d'en démembrer un. Comme je l'ai déjà fait dans le passé.
Ce qui pourrait être, convenons-en, un récit.
Du coup, je me suis fait la réflexion suivante : peut-être qu'ils sont fatigués qu'on leur présente des textes d'auteurs morts en leur parlant, au mieux, de génie et de perfection. Qu'on leur montre des modèles indépassables. Peut-être qu'ils auraient envie de mettre un peu les mains dans le cambouis littéraire, plutôt que de tenter de s'extasier sur commande à propos de statues.
Oué, donc,
Comment j'ai démembré un élève,
par le petit Emmanuel Plisson, proffe de français à 16 heures
Alors l'élève il me disa, je fais le bruit que je veux parce que je lui avais dit qu'il se taise. J'étais professeur dans le collège, et les élèves n'écoutaient pas. Ils faisaient du bruit et faisaient autre chose que ce que le prof leur demanda. Le prof avait regardé l'élève qui faisait le plus de bruit, il s'appelait Imanol. Il lui disa tais-toi. Il était en colère. C'était un élève grand, très mal coiffé, avec un blouson en cuir et un walkman sur sa tête. Le professeur était très en colère, dans sa tête il se disait qu'il allait faire quelque chose, et l'élève fit semblant de ne pas entendre, alors le professeur le menaçait mais l'élève faisait toujours semblant de rien. Alors le professeur commença à regarder l'élève, et il s'approcha de lui, et il lui prena le bras et il tira très fort pour le faire lever, mais l'élève ne bougeait pas alors le prof tira plus fort, et soudain le bras se détacha. Il y avait plein de tripes de bras partout et du sang, et les élèves criaient, c'était l'horreur, mais le prof était devenu fou et tira sur les autres bras et les jambes et à la fin il ne restait qu'un tronc, et là le prof se pencha et disa "comme ça tu vas m'écouter."
Ordre du récit, valeur des temps, point de vue, lexique : y'a de quoi faire, non ?
Pour le théâtre, faudrait que je fasse des recherches quand même. Savoir si Momo, Coco et Sissy se sont rencontrés. Patrons de théâtre à Paris, tous plus ou moins clients de Loulou 14, ils devaient quand même se voir des fois en terrasse, non ?
Ouh là mais non ; cet article semble indiquer que tout ça était plus compliqué : Corneille aurait écrit les comédies de Molière (ce qui laissait sans doute le temps à celui-ci d'écrire les comédies de Shakespeare). Ce qui a d'ailleurs donné naissance à une pièce, donc ce n'est probablement pas la peine que j'en écrive une ce matin. Et qui pose des questions sur le nom même de ce fameux Molière, pseudo qui trahissait de toute évidence son homosexualité.
Merde, il y avait tout un complot là-dessous, et je n'en étais même pas conscient.
Et côté Racine ? Bon, il s'est disputé avec Molière en 1665, c'est un bon début. Oh, et puis il a eu de nombreuses églises et de nombreuses femmes. Ce qui tendrait à le rendre en partie sympathique. Quant à Shakespeare, mort en 1616, il va me falloir de l'imagination pour l'amener là-dedans. Même en imaginant qu'il était le père de Cyrano de Bergerac, né en 1619 (mais ça s'explique, hein, une histoire de cryogénisation artisanale et le tour est joué).
Bon, je m'égare. Mettons, ça se passe en 1664, année qui sonne frais à la bouche. Et qui ferait un bon titre.
1664 : une comédie
Les personnages :
Molière, dit "Momo"
Racine, dit "Le gamin" Corneille dit "Vieux" Lully, dit "Le rital"
Cyrano de Bergerac, dit "Tarin" Boileau, dit "Qui t'es toi ?"
Fouquet
Colbert Un membre anonyme du clergé
William Shakespeare (en fantôme), dit "Gros Bill"
Philippe Caubère, dit "L'extra-terreste"
Louis XIV, dit "Loul"
Acte I, scène 1
Le décor : la salle principale d'une auberge (attenante à un bain turc)
Molière, seul à sa table, regarde autour de lui. De temps à autres il note quelques mots sur un parchemin.
Entre Racine.
RACINE : Heu... M'sieur ?
MOLIERE (sans lever la tête, le prenant pour le serveur) : Oui... Vous me remettez une mousse, s'il vous plaît ?
Bon, bin manque plus qu'une intrigue...
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5 commentaires:
Et Milady réponda du bout de son comptoir :" Môssieur Molière, vous reprendrerez bien deux ou trois petits cornichons avec votre mousse ? C'est ma tournée."
Et sinon, tu prendrais pas deux ou trois petits cornichons de ma connaissance dans ta classe ? Non ? C'est moi qui te les offre.
Morte de rire! La chute est spectaculaire (ça tombe bien pour du théâtre tu me diras!)!
Et puis si les élèves n'en peuvent plus d'entendre des profs leur rabacher que de toute façon jamais ils n'atteindront le niveau de perfection des auteurs morts... je salue bien bas l'imitation magnifique d'une copie d'élèves! j'aurais pu l'avoir entere les maisn celle-ci (c'est dommage que ce soit moins drôle quand ça vient d'un élève d'ailleurs?! je me demande bien pourquoi?!)
Rectificatif: "entre les mains" et on ne se moque pas!
T'es en grande forme Manu, ça fait plaisir à lire.
Pas eu beaucoup le temps de m'occuper du prof Manu mais il semble s'en tirer très bien (si j'ose dire)
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