5.6.09

688 - Exposant, 1

Keskifécon ?

Tu as lancé le titre comme une boutade, quand ils ont parlé d'exposition. Qu'est-ce qui fait qu'on, que tu peins, que tu ne te cantonnes pas à l'écriture, petits signes noirs sur fond blanc, sens enchaînés avec une certaine logique sur le repère syntagmatico-paradigmatique ? Qu'est-ce qui te pousse, en plus, en outre (en trop va savoir), à étaler des pâtes et divers ingrédients sur des surfaces, et plus encore, sans qu'on ait vraiment besoin de t'y pousser, à les exposer - à t'exposer, avec une certaine dose de désinvolture, au risque de t'entendre dire que ça fait un peu con, ces trucs que tu n'oses pas vraiment appeler des toiles, ni des tableaux, et surtout pas des oeuvres

ou alors tu penses à l'anglais work, le travail, la tâche, et d'un coup ça te paraît moins prétentieux, parce que là oui, tu sais le temps que tu y passes, la façon que tu as de le faire, comme un paysan derrière une charrue - un paysan qui s'amuse, quand même, parce qu'il profite de l'odeur du vent et de la sensation sous ses pieds de la terre, bref, du taf, c'en est, disons-le comme ça ; et qu'est-ce qui fait qu'on, qu'est-ce qui fait que tu taffes, que tu t'essaies, que tu t'acharnes parfois, à représenter quelque chose sur un bout de quelque chose (encore que le terme de "représenter" soit sujet à équivoque, tu as plutôt tendance à regarder ce qui se décide à naître entre tes doigts et la fameuse surface) ?

Mais bon, la question est rhétorique : tu peins, point. Si on sort de là, on risque de se risquer aux considérations psychologico-spiritualo-métaphysiques - et tu veux bien le faire, tu es même plein de bonne volonté sur ces domaines, mais l'expo commence vendredi prochain, alors c'est une question qui espérons-le pourra attendre.

Qu'est-ce qui fait qu'on expose ? C'est que Yannick "Yrf" et Véronique Zofer nous l'ont demandé, nous accueillent. Et aussi en vertu du sage adage qui dit qu'on écrit pour être lu, et conséquemment qu'on peint pour être vu. Orgueilleux, certes, mais tu auras tout le temps plus tard pour te passer du regard des autres.

Bon, admets-le carrément, le "keskifécon" a sans doute une réponse dans le désir vaguement conscient d'exister, d'exister autrement, différemment. Un peu plus, un peu moins, tu l'ignores ; de laisser quelque part la trace d'un regard, de rencontrer à mi-chemin le regard des autres. Et puis de se pencher un peu sur cette matière, sur ces couleurs, qui t'échappent parfois.

Mais tu y reviendras. Parce que pour l'heure, tu dois préparer l'expo. construire des cadres, peut-être quelques mots de présentation.

Tu entres dans ton atelier, farfouille dans la sélection qu'on a opérée pour toi (tu t'es enfui, à ce moment-là, mais c'est une anecdote). Et tu commences à regarder.

Il te faut une pincée de secondes à peine pour savoir que tu vas en baver.

D'abord, trouver un point commun à toutes ces toiles. Qui n'en sont pas - il y a aussi des papiers, des planches, des collages, des recouvrements.

OK, disons : "trouver un point commun à toutes ces peintures".

Sauf que là non plus, ce ne sont pas des peintures - encre, feutre, crayon, craies, fusains, acrylique, enduits, huiles, colles, terre, pollen, liquides indéfinis, où tu serais bien en peine de retrouver tes petits.

Bon. Faisons court. Il est temps de mettre un nom sur ces assemblages-de-techniques-diverses-sur-supports-d'origine-variée.

Des noms. Comme des titres, quoi.

Donc, tu prends le premier. Ce qui te semble être le premier, chronologiquement. Tu te souviens qu'il s'intitule... qu'il s'intitule...

Et merde, tu le savais, pourtant. C'est quand même toi qui l'as fait. Ou le contraire.

Pas grave, tu te fies à ce qu'il représente.

Oui mais...

Tu le regardes bien. Puis tu le regardes mieux. Puis tu cesses de le regarder. Est-ce que ça te regarde, comment il s'appelle, et ce qu'il représente.

Tu le mets de côté. Tu y reviendras plus tard. Demain, par exemple.

Bon. Ca commence à se compliquer...

4 commentaires:

Zoë a dit…

C'est quand les petits fours ? Keskifécon vient te voir ?

Manu Causse a dit…

C'est vendredi 11 ; ce qui fait qu'un vient nous voir, c'est qu'il y faut découvrir l'atelier-expo Zofer ; qu'il y a Emmanuelle Urien qui expose pour la première fois ; qu'on se fera bien un peu de lecture, des fois que. Et puis aussi qu'on dit des choses marrantes quand on boit des coups aux vernissages. Et puis je ne sais pas.

Oh!91 a dit…

C'est fou ce que ça fait écrire, la peinture... Bravo pour cette nouvelle aventure.

Emmanuelle a dit…

N'essaie pas de brouiller les pistes : vendredi 11 juin, ça n'existe pas. Venez plutôt le 12, vous aurez plus de chances de nous y trouver, et les petits fours avec...