30.9.08

Encore des avis

"Immoral, gratuitement violent, répréhensible : l'auteur sacrifie deux avions de ligne pour les vagues besoin de nouvelles qui n'ont, c'est paradoxal, presque pas de chute".
(Un ex lecteur)

"La première nouvelle, "En ce début d'automne au bord de la Garonne", reprend de façon éhontée le thème central du recueil Petit guide des transports à l'usage du trentenaire amoureux. Monsieur l'auteur, s'il vous plaît, renouvelez-vous un peu...
(Un ex éditeur)

" Aucun réalisme, aucune authenticité dans ces nouvelles aux arguments hautement improbables : un chagrin d'amour, la mort de l'être aimé, une découverte scientifique, une soirée en banlieue, la vie ordinaire d'un voyageur commercial, des accidents... On se demande où l'auteur est allé chercher son inspiration, lui qui devrait parler de la réalité : krach de la bourse, vie des peoples, frasques amoureuses des présidents..."
(Un ex traterrestre)

Voilà voilà...
Et sinon, j'ai un problème de mail : il faudrait que je fasse un joli message d'autopromo pour la sortie du bouquin à tous mes correspondants (oui, y compris la mailing list des Gonins, il suffit que je trouve une photo de femme à poil ou de gendarme assoupi avec une bière) ; manque de bol, mon outlouc est tout pourri, il refuse d'envoyer les messages... Si vous lisez ces mots, vooyez ce que vous pouvez faire pour relayer ce déchirant message : "Lisez Visitez le purgatoire, emplacements à louer, parce que l'écrivainequi, l'éditeur, ma petite soeur et moi-même en sommes vraiment très contents".

Reçu 5 sur 5 ? Bien, bien.
Resinon, l'écrivainequi et moi-même venons de terminer une pièce, notre première pièce en commun ; comme titre, vous préférez Désolé pour le chien, Couloir et dépendances, Le couloir de ton coeur fait le tour de mon cul, Mon chien, le dentiste et l'amour... ou autre chose ? Le concours est ouvert. Non, non, pas besoin de savoir ce qui se passe dans la pièce, vous le verrez dès le mpois de mars.

Ce sont les autres qui en parlent le mieux

Je continue mon tour des réactions provoquées par la parution de Visitez le Purgatoire - emplacements à Louer :

-
n'ayant pas compris que lesdites locations s'effectuaient dans la tête, le coeur, les rêves (ce sont les trois parties du recueil), le système financier mondialocapitalistique a voulu y investir, provoquant un bordel mondialomonétaire qui, c'est heureux, ne touche pas mon épargne de cigale.

- le système économicomacroique ainsi mis à mal, c'est la notion de propriété même qui s'est trouvée bouleversée : à peine sorti des presses, Visitez le Purgatoire était volé sur un présentoir, à Lauzerte, à cette pauvre Magali Duru qui explosa en sanglots. Heureusement, elle mit à contribution ses talents de nouvelliste pour se transformer en détective, et retrouva l'objet, emprunté par mégarde. Seul hic : l'emprunteuse, restée anonyme, ne rendra le recueil qu'une fois qu'elle l'aura lu. C'est vous dire si elle est sous le charme...

- En parlant de charme, j'ai dû refuser l'argent qu'une RMIste me proposait pour le recueil (un exemplaire à moi, non commercialisé). Elle le voulait, disait-elle, pour en lire un passage sur scène ; mais elle n'osait pas, ne le sentait pas - voulait pourtant la nouvelle. Qu'est-ce que tu voulais que je fasse ? Je lui ai demandé qu'une fois lu elle l'offre à quelqu'un qu'elle aimait.

Bref, dès les premiers jours, Visitez le Purgatoire est un succès, sinon commercial (on l'emprunte le vole le détourne, et de toute façon dans dix jours personne n'aura plus un sou pour acheter quoi que ce soit, alors des livres...), du moins d'estime. Au point que, paraît-il, George Flipo, pourtant fin stratège de la vente, s'inquiète.

Demain, inch'Bouddha, une autre réaction.

Sinon, vous, ça déprime de l'actionnariat ?

Ce sont les autres qui en parlent le mieux

Je continue mon tour des réactions provoquées par la parution de Visitez le Purgatoire - emplacements à Louer"

29.9.08

Une réaction...

Je me demandais comment faire de la pub pour mon nouveau recueil sans que ça paraisse forcé, ou de copinage, ou de l'auto-promo...

Et puis je me suis dit, peste !

(je me dis, des fois, comme ça)

Et si je balançais tout simplement ce que les gens me renvoient ? Forcément, ce sera du copinage, mais après tout, au moins, ce sera clair.

Bon, les gens, en priorité, c'est mon cercle de fidèles lecteurs... dont Petite Grande Soeur, d'abord, qui fut la vraie première lectrice du Petit Guide, et m'a aidé aussi sur Roméo...

C'est une scientifique, elle parle en mac ou linux, mais voilà ce qu'elle me disait hier (traduisez vous-même...) :

Alors bon ça devient limite courant, mais hier j'ai tout lu tes nouvelles d'un coup, et je les ai trouvées vraiment bien (mais alors vraiment vraiment).
Pas eu envie de lacher le livre, et bien que j'aie dû me résoudre à le faire pour m'occuper un peu de mon fils, pour me rattraper j'ai cuisiné en lisant. Je suis restée dans le bouquin après sa lecture, et ça c'est signe d'un style qui chie la classe (sisisi on a le droit de le dire). Et puis plein de tons différents, pas juste du manu-causse-est-amoureux. J'ai même oublié que c'était mon frère l'écrivain (sauf pour être fière de toi).
Une bonne définition du purgatoire. Peut-être que celle que j'ai préféré c'est Autobahn guru, elle me rappelle les moments où j'ai envie d'etre un buron. J'y connais rien mais j'ai trouvé ça bien comme du Dino Buzzati (oui en plus je sais meme pas comment il s'épele celui-là )
Bon bref, c'est officiel, (1) je sais pas m'exprimer et (2) j'adoore c'que vous faites.
Tu es un écrivain, un vrai auteur, mon frère (Si jamais tu doutes tu m'appelles et je t'engueulerai pour te prouver le contraire).
Un grand merci de la part d'une lectrice de la région toulousaine
et des bisoux à vous tous

Wouaw. Comment ça m'a fait plaisir...

Du coup, pour fêter ça (et aussi pour bosser un peu notre prochaine pièce), j'ai emmené Miss Ecrivaine-qui-partage-ma-courette se faire bronzer la fesse pour l'après-midi du côté de Narbonne... et c'était bien, aussi, de parler de nos égos qui s'agitent quand nous écrivons de conserve.

En plus, il faisait beau, et on s'aime, alors tu imagines comment c'était une belle putain de journée.

Et sinon, vous, ça lit ?

28.9.08

Marylin m'inquiète

Conséquence à notre déménagement, Marylin-la-voisine n'est plus, de par le fait, notre voisine. Juste Marylin-la-copine, Marylin-la-coquine, la petite fille aux aventures hagardes et au coeur pur.

Et puis voilà que Mick-de-Rodez, son coloc, s'en va. Et Marylin est à la rue, ou presque - elle a toujours un camion, un ou deux animaux de compagnie, et quelques potes qui lui prêtent une chambre chauffée... N'empêche que, voilà, je m'inquiète pour elle.

Elle retombe toujours sur ses pattes, je le sais ; mais merde, elle les a peut-être fragiles, et j'ai toujours peur qu'elle s'en fracture une ou deux, à force, avec la fatigue.

Et puis elle a toujours cette façon de te dire le mot, la phrase juste, la réalité simple qui te permet de mieux te comprendre, de mieux te comprendre... Bref, je voudrais bien l'aider, la protéger.

D'ailleurs, elle se moque de moi, me traite de Papa. Moi qui suis souvent un bien piètre papa avec mes propres enfants, pour ne pas parler de ceux de l'écrivainequi, de quoi je me mêle ?

Tout ça pour dire que le ouikend avec les enfants me donne, nous donne, souvent l'impression de ne pas être vraiment des adultes. Le dimanche aprème passe comme une menace de lundi matin.

Je ne veux pas aller à l'école, demain. Pourquoi le gamin qui disait ces mots continue-t-il à s'agiter en moi ?

Confiance, Papa. Confiance, Marylin. Confiance, mon amour. De dimanches en dimanches, on finira par grandir.

25.9.08

crrrrrrrczzzzzzzzz....

Le...

crrrrrrrrr

problèmes de connex...

pourtant

ccrrrrrrrrrzzzz

recueil de nouvelles... nouveau site éditions noirsibleu...

crrzzz...

est-ce que tu me copies, Roger ?

ccrr...

Allô, Papa Tango Charlie ?

zrrrrrrrrr....

kicé Roger ?

22.9.08

Revoir Lauzerte

Ayé, nous voilà de retour de Lauzerte.

Bon, vous le savez déjà (car des problèmes de connexion m'ont retardé dans l'écriture de ce post), c'est le recueil d'Yves Lériadec, Les hommes aussi ont besoin d'amour, qui a remporté le prix de la Nouvelle du Scribe.

Je suis ravi pour Yves, vraiment. Et, comme tous les membres du jury, un poil déçu pour les autres, car, les ayant rencontré, j'en aime encore plus ce qu'ils ont fait.

Au fait, je ne vous ai pas dit, je n'avais pas le droit, en tant qu'auteur, de faire partie du jury. Ca m'a ôté une belle épine du pied, parce que vraiment je n'aurais pas su.

Parce que le copinage, il n'y a que ça de vrai.

Si, donc, vous avez envie de lire un panorama très complet de ce qui se fait dans le monde de la nouvelle, la solution "Pack Lauzerte" reste valable.

Très valable. Et histoire d'être complet, vous pouvez y ajouter le recueil du président du jury, Georges Flipo, Qui comme Ulysse. Parce que, pour faire bref, c'est une vraie tuerie (comme dirait Gomez, enfermé lui aussi dans ses cartons, mais à dessin).

Je sais, j'ai pas clair, mais jtapatoutvitess passque connection s'échappe et jprofit de la fenêtr pour envoyer le post d'hier...

Sinon, il faisait beau à Lauzerte, et tout s'est bien passé : on a lu bu vu écouté ; on a chanté au Café du Commerce, et slammé (manière de dire, parce qu'on ne sait toujours pas bien ce qu'on a fait exactement) au Puits du Jour ; on est heureux, on stresse un peu dans les cartons, et il faut vraiment que je fasse l'autopromo de mon dernier recueil, Visitez le Purgatoire, emplacements à louer, qui est beau dans sa couverture, qui vous attend chez votre libraire ou en ligne, dont je suis tout fier et dont je m'apprête à vous rebattre les oreilles dès que j'aurai un adsl un tant soit peu stable, bordel.

Ca va passer, là ?

Revoir Lauzerte


18.9.08

Pack Lauzerte : last but not least

Il m'attendait patiemment au fond de la pile. Petit format jaune, gros bandeau rouge clamant "Chaque nouvelle est un enchantement." Psychologie Magazine.

Ouais, bof, moi, les bandeaux...

Et puis qui c'est ce Yves Lériadec ? Et intituler un recueil Les hommes aussi ont besoin d'amour, c'est pas un peu, je sais pas moi, un peu truc ?

J'étais en train de me dire qu'il faudrait que je me dépêche pour finir le cinquième des sélectionnés au Prix du Scribe, afin de voter dimanche à Lauzerte ; et il y avait un bout de soleil qui me caressait le dos alors que je mangeais un morceau préparé par la fameuse artiste-colocatrice-anonyme qui partage ma courette... vous le savez, je suis du Sud ; et quand le sudiste sent la siestoune lui monter, bin, il ne fait ni une ni deux, il monte faire la siestoune.

Avec quand même une petite lecture pour reposer ses yeux.

Et.

Laissez-moi compter. Treize nouvelles, 140 pages, c'est moins de onze pages par nouvelles. Certaines (et loin d'être les moindres) n'en font qu'une ou deux. C'est dire si c'est rapide. Une heure de lecture, max - et encore, je m'ai endormi à un moment.

J'aurais bien dit "oh putain", mais ça deviendrait systématique.

Ce ne sont pas des nouvelles noires. Pas des nouvelles-hameçons, construites sur les surprises et les retournements. Pas des nouvelles-poèmes qui emportent par le style. Pas des nouvelles-univers, ni des nouvelles-photos.
C'est encore autre chose : des nouvelles-souffle.
Une situation, un personnage ; un sentiment.
Une bouffée de joie et de grâce, un sourire, une pensée chaude.

Ca vit, ça respire dans tous les sens. Trois lignes suffisent à entrer dans la bulle, et à l'aimer. Des courts-métrages familiers, des envies de sourire, et de simplicité.

J'aime quand un auteur aime ses personnages. Quand il me touche. Quand chacun des petits mondes qu'il crée est un morceau de réel plus vrai que la vraie vie.

Les hommes aussi ont besoin d'amour. Et il y en a dans ce livre - l'arpenteur, l'éditeur, peut penser à changer le bandeau pour inscrire "Avec de vrais morceaux d'amour dedans".

Et tout le reste est littérature.






Warf, warf. Pas mal, le coup du "tout le reste est littérature" - un bon moyen de taper en touche, mon garçon. Parce que maintenant se pose le vrai problème : pour lequel voter ?

Et merde. Choisir, toujours choisir. Jacques, sage Jacques, est-ce que nos voix comptent si on vote pour les 5 recueils ? Est-ce qu'on pourrait se mettre d'accord avec quatre potes pour choisir chacun un recueil, et être certains de rester équitables ?

Je profite de ce blog pour te demander, lecteur, de me rendre un service : lire les 5 recueils, et m'aider, non pas à choisir (je ne le pourrai pas), mais à prendre une décision rationnelle.

Et dépêche-toi, parce qu'il n'y a plus que deux jours...

Pack Lauzerte, et de quatre

Cette fois-ci, pas de copinage. De Bertrand Runtz, l'auteur de Cette fragilité, en dépit de tout, aux éditions finitude, je ne sais rien de plus que ce qu'indique la 4e de couverture : né en 1963, photographe. Premier roman en 2005 (Amère).

J'espère que les éditions finitude, indiquant que le recueil de nouvelles est son second livre, se sont trompées là-dessus, et qu'il ne s'agit que du deuxième.


Photographe. Et ça se sent.
Laurence Barrère m'a régalé d'histoires aux coups de théâtre parfaitement maîtrisés ; Magali m'a emporté dans la multiplicité de ses univers ; Pierre m'a entraîné au rythme de ses chants.

Et Bertrand Runtz ? C'est encore différent. Huit nouvelles dont, au fond, aucune ne raconte d'histoire. Pas de coups du sort, pas de trame machiavélique.

Des instantanés. Une série de pauses. Clic, clic, clic - ici, l'image de vieux amis se retournant sur leur passé ; là, le matin de la première neige ; là encore, le goût éraillé des jolies colonies de vacances qui revient soudain dans une liste du nécessaire à emporter pour...

Ah bin non, je ne vais pas dire pourquoi.

J'aime la pudeur de ces nouvelles, leur simplicité ; j'aime les mots qui viennent décrire l'après des amants - juste un instant, rien d'autre, et les sentiments qui en coulent. Des hommes et des femmes pétris d'enfance se retournent, presque par hasard, sur le passé - et le passé se glisse dans leur coeur, avec son teint d'oubli et de regrets.

Des souvenirs, voilà. Le goût et la lumière des souvenirs lorsqu'ils en viennent à masquer la lueur du jour.

Quatrième recueil de nouvelles, donc - et l'idée de plus en plus insistante que, décidément, ce terme générique désigne des oeuvres qui au fond n'ont en rapport que leur nombre de pages.

Pff, et je me régale toujours à lire... Allez, un petit dernier et je serai prêt pour Lauzerte.


(et sinon, je tape ces mots depuis ma courette, le matin arrive sans se presser, et les cartons restent ventrus dans la maison ; Neuf merci, il y a un bout de connexion non sécurisée qui traîne, aussi vais-je sans doute pouvoir interneter sans trop de tracas. Je me ressers un café en pensant à vous - l'hortensia agite ses feuilles pour vous souhaiter une journée douce).

16.9.08

Pack Lauzerte : et de trois

Un pied dans la peinture, une main dans les cartons, je tape ce post dans un appartement déserté, assis à même le sol ; aussi sera-t-il bref, pardonnez-m'en.

Le troisième recueil de nouvelles sélectionné pour le prix du Scribe est, dans l'ordre de mon tirage aléatoire, L'autre versant du jour, de Pierre Le Coz, aux éditions du Rocher (prix Prométhée de la nouvelle*).

Copinage encore : Pierre est toulousain, j'ai assisté à certaines de ses interventions en librairie, nous nous croisons parfois sur les salons... décidément, on n'en sort pas. Mais passons.

C'est l'histoire d'un homme qui cherche un lieu, qui cherche l'amour - parfois dans les bras d'une femme, parfois dans l'errance, parfois dans la couleur des instants fugitifs.

C'est l'histoire de nouvelles qui se défont plus qu'elles ne se terminent, qui s'éloignent comme au cours d'une promenade - ou d'une fuite.

C'est l'histoire d'une langue qui magnifie les crépuscules et les soupirs, les chagrins et les doutes.

C'est l'histoire d'un style qui t'emporte comme le cours majestueux d'un fleuve - le Tage, peut-être, qui donne son titre à une des nouvelles ; c'est l'histoire d'une prose qui marche à pas paisibles vers la poétique.

J'ai aimé ces errances - anabase vers le sud, Marseille Marrakech Dakar pour la première nouvelle, randonnée vers l'oubli ou la fin de l'amour ; j'ai aimé ces mots ciselés et ces phrases aux accents de mélopée.

Dépêchez-vous de le lire, en même temps que les quatre autres sélectionnés à Lauzerte : le jury se réunit dimanche prochain...

Et sinon, peinture : j'ai entrepris en ce moment une série de fresques monochromes sur mur d'appartement.
En avant pour la deuxième couche.


*Le prix Prométhée de la nouvelle est décerné à des recueils pas encore édités, en respectant l'anonymat des auteurs ; il constitue donc une indiscutable référence en matière de prix littéraire.

12.9.08

Pack Lauzerte : et de deux

Encore une fois ma main a plongé innocente dans le sac rouge du Scribe ; encore une fois ma conscience, devant la couverture, m'a accusé de copinage (désolé, Wrath, je ne peux pas m'en empêcher).

Magali, je la connais. Oeil mobile, cheveux effervescents : sa présence sur les salons nous électrise, sa présence dans le nôtre nous ravit.

Si vous la croisez en signature, soyez gentils. Magali, comme beaucoup de grands timides, peut parfois être impétueuse - j'ai vu des dames âgées s'enfuir en pleurant après qu'elle leur a vanté les mérites de tous les livres du salon, à part le sien, bien entendu.

Mais bon, j'ai dit que je faisais lecteur, alors je fais. J'oublie que je connais (note : en règle générale, je ne lis pas les livres de mes copains, à moins qu'il me le demande. Je les achète, ce qui me paraît la moindre des choses, mais je me retiens de les ouvrir, des fois qu'ils attendent de moi que je leur raconte mes impressions : parce que, comme vous le savez, sorti de rhaa putain ou oué cool, question critique, chez moi, il n'y a plus grand monde).

Alors hop, abstraction. Disons que j'ouvrirais le livre d'une inconnue, un recueil de nouvelles chez Quadrature intitulé Les Beaux dimanches.

Sept, huit, neuf, attends que je compte... onze. Onze univers.
Pas onze histoires, pas onze nouvelles. Onze univers différents.
Qui ont plusieurs choses en commun - le style, d'abord, car chacune de ses phrases a la légèreté et l'élégance d'une pièce d'artisan (oué, ça craint comme image, sauf pour moi parce que je pense à mes potes luthiers ou archetiers - coucou, vous, ça gaze ?) ; la lumière, ensuite - les reflets qui se posent sur ses descriptions, le souffle qui agite les feuilles qu'elle raconte ; l'amour, le pur amour de ses personnages - ni camée ni caricature, une étymologique sympathie).

Alors, quoi dire encore ? Que j'avais lu la première nouvelle, Le maître des Kanji, l'année dernière, et que j'avais été impressionné - encore une fois au sens étymologique, marqué par la grâce qui décrit la grâce qui décrit la beauté ?
Que la dernière nouvelle, "Passeur d'étoiles", m'a bugné en plein coeur (oui, bugné, de l'occitan bunhar, si vous voulez) ?
Que sous beaucoup de nouvelles de ce recueil se cachent les amandes de futurs romans ?

Bon, bref, je me suis encore régalé. Ca promet pour Lauzerte, tiens...

( Et sinon, une info : pour la deuxième fois de l'histoire de ce blog, j'ai triché. Ce post, en effet, a été tapé hier - enfin aujourd'hui à cause que 2359 vient de devenir OOOO - mais je me suis dit que si je le postais tout de suite après le précédent, écrit deux heures auparavant, ça devienderait incompréhensible à cause des références et tout ça.

On s'en tape, me direz-vous (ho, poli, hein ?)

Bin ouais mais c'est pour préciser que le Laurence Barrère m'a tenu en haleine pendant une soirée, et que j'ai enchaîné mollement sur Magali Duru, en me disant que je finirais plus tard... sauf que je n'ai pas pu lâcher le livre, même lorsque la écrivaine-qui-dont-à laquelle est partie se coucher. 'Reusement qu'elle est pote avec Magali, sinon ça allait barder pour mon matricule).

Et sinon, vous savez quoi ? Je vais lire un peu au lit...

Pack Lauzerte : number one

Bon, ça y est j'ai commencé.

Nan, parce que je ne vous ai pas fait un post sur le Pack Lauzerte pour vous laisser tomber ensuite. Ces recueils, je vais les lire, des fois que la puissance de ma prose ne vous ait pas suffisamment convaincus. Et puis je vais vous dire ce que j'en pense, histoire de vous encourager à les tenter de votre côté.

Mettons-nous tout de suite d'accord : je vous en dirai du bien. Pas seulement parce que dire du mal est une perte de temps et d'énergie ; mais surtout parce que je veux tenter un truc qui ne m'arrive plus assez souvent : lire pour le plaisir.

En ce moment, quand je lis, je lis genre "pro du truc". Et que je te trouve la petite coquille ici, l'adjectif en trop par là, le poil de cul dans l'histoire qui fait que ça ne fait pas quoi ça aurait dû... bref, je lis en mode correction - et c'est très con, ou au moins frustrant. Mais c'est le taf qui veut ça.

Heureusement, je ne lis pas souvent : ça m'évite de participer à plein de conversations du genre, "Au fait, tu as lu le dernier... parce qu'il faut absolument, non, je te jure..."

Le "Il faut" avant le verbe lire me pré-soule, me déconnecte et m'envoie immédiatement au pays de mes pensées.

De temps à autres, je rencontre un livre ; on discute un peu ensemble, et puis on passe nos chemins. C'est comme une amoureuse : si tu attends, c'est que tu ne peux pas la rencontrer.

Bon, je diouague, revenons-en au fait : lire les 5 recueils sélectionnés pour le prix de la nouvelle du Scribe, qui sera remis le 21 septembre à Lauzerte (pour les liens, voir ci-dessous, j'ai la flemme à cause des cartons et tout ça). Et puis essayer de dire quelque chose de vaguement intelligent dessus, afin de.

C'est mal barré : hier soir, lisant au lit le premier volume choisi au hasard, j'ai lâché un "oh putain" sonore et enthousiaste.
L'auteure-qui-tient-à-rester anonyme qui s'endormait à mes côtés m'a jeté un oeil noir (elle a un très bel oeil noir, de par le fait. L'autre aussi, d'ailleurs), et je me suis repris immédiatement : manquerait plus que je m'exclame sur les nouvelles d'une autre...

Car il s'agit d'une autre. Plus précisément de Laurence Barrère, et de son recueil Rescapés ordinaires, chez D'un Noir Si Bleu.

Alors oui, on va m'accuser de copinage vu que c'est aussi mon n'éditeur et qu'en plus j'avais lu cette nouvelle qui m'avait disons-le fort alléché sur le site de Françoise Guérin ; mais voilà, la triste réalité est que j'ai pioché au hasard dans le joli sac rouge du Scribe (n'hésitez pas à le réclamer en mailant votre commande à Jacques, c'est le sac le plus tendance du moment), que ce recueil est venu et que bon, toute façon fallait commencer par quelque chose (oups, j'ai dit fallait).
Et que ce serait du copinage que ça ne me gênerait absolument pas de l'avouer : je suis toujours fier de mes copains, et fier d'en être fier. Mais là, bon, c'est juste le hasard.


Et donc, grâce en particulier à ma formation de lettré, j'ai pu émettre dès le milieu du recueil cette sentence définitive : "oh putain".

Peut-être même avec un point d'exclamation (étouffé, à cause de l'auteuse anonyme qui etc.)

Très universitaire, non ? M'étonne pas que j'ai enthousiasmé des générations de collégiens grâce à la subtilité de mes avis en matière de lecture.

Bon, j'étaye.

Rhhaaa comment ça déchire ?
Non, trop Gomez (qui marie sa soeur, le coquin, alors qu'un déménagement de la plus grande importance est en cours dans sa ville adoptive...)

L'auteur nous enchante grâce à la subtilité de ces analyses psychologiques qui merde je me suis planté dans ma phrase ?
Ouais, bon.

Merde, je suis nul en critique.



Les hameçons.
Les hameçons que tu vois, que tu connais.
La sensualité, le sens extraordinaire de l'ordinaire. La logique de l'absurde.
Ca, tu t'y es déjà laissé prendre. Alors quand c'est si bien fait, tu n'hésites pas : tu replonges. Tu t'accroches. Parce que tu sais déjà que tu aimeras cette nouvelle, où qu'elle t'emmène.
Parce que le personnage a un quelque chose qui, parce que les phrases chantent comme.
Parce que.
Parce que, tout simplement, les phrases ne te lâchent pas. Et tu ne lâches pas les phrases.
Et tu frissonnes un peu d'avance, quand même, parce que tu attends le moment où la ligne va se tendre, où tu vas te faire embarquer, retourner, chavirer.

Mais ça n'arrive pas. Oh non - c'est bien pire.
Quand ça part, tu ne t'y attend pas. Ca t'emmène dans un petit grand pays, un univers minuscule, inconnu et familier ; une explosion où, l'espace d'un instant, tu te reconnais.
Et où, comme malgré toi, tu souris.

C'est l'odeur de la terre sous le temps d'une maison ; c'est le sens unique d'une fissure ; c'est une estampe qui s'ouvre en corolle et te laisse au soleil.


Ouéééé... Comment ça doit donner envie de lire, ça...


Bon. En tout cas, moi, j'adore.
Il faut absolument le li...

Bref, comme on dit par chez nous, je me suis régalé.

A bientôt pour notre rubrique "ce sont les auteurs qui en parlent le mieux".

11.9.08

Si et seulement si....

"- C'est rediffusé demain, c'est ça ?" a lancé Christian Moretto au technicien imperturbable.
L'autre a souri en coin.
"- Si quelqu'un pense à le faire..."

Ah. Bin quelqu'un a dû oublier.

Conversations avec mon diable

En littérature comme en déménagement, le moment que je préfère, c'est quand délais et obligations font que cesse de se poser la question du bien et du mal (ou du moins bien).
Pressés, au pied du mur, nous donnons tout de nous-même pour aboutir au résultat en temps voulus ; et nous nous devons d'agir dans l'instant, pour l'instant, sans s'inquiéter du résultat.
Les choses arrivent parce qu'aucune autre solution n'existe ; et cet état des événements s'apparente je le crois à la plénitude zen.


Voilà le genre de trucs auxquels je pensais hier soir lorsque, contemplant mon appartement quasi-vidé, je laissais flotter à ma conscience la somme de travail abattue dans la journée : ranger vider nettoyer, pousser tirer des paquets et lessiveuses avec mon diable chromé ; chasser le carton comme un gibier sauvage dans les ruelles toulousaines ; emmener mon Zadig vers son destin de Manuel Petit (définitivement plus sexy quye Franck Ribéri) ; converser avec moults commerçants sympathiques à la recherche d'une mythique pièce de lave-vaisselle (faudrait que je vous raconte l'anecdote, ça me fait toujours chaud quelque part quand un type prend le temps de vous expliquer son métier en souriant, puis va cherche au fond de son stock un bitonio improbable qu'il n'a aucunement l'intention de vous faire payer), écouter la flamme sous les mots de Jacques du Scribe (pour ceux qui ont raté, l'émission est rediffusée aujourd'hui à 11 heures, toujours sur Radio Mon Païs, voir la fin de ce post), bouger à nouveau du carton et de la camionnette...

Et puis voilà. La journée était terminée, l'appartement vide, le monde en ordre.
Une saine quiétude se faisait en mon âme.

C'est là que mon diable a parlé.

Oh, j'aurais pu rester en couple, mari parfait, homme idéal, vaillant petit soldat de la guerre du ménage. Tartines, télé, pantoufles m'auraient tendu les bras. J'aurais goûté en vétéran les douceurs d'une soirée en tête en tête avec Princesse.

Mais aurait-ce été moi ?

Une douche libératrice, un coup de téléphone, et je me suis retrouvé en amant illicite, assis en terrasse, sirotant une bière en attendant un poulet indien.

La demoiselle de l'autre côté de ma table était... oh, comme elle était belle.

Des cheveux de marine, des yeux remplis d'étoiles - et la bretelle de son haut qui ne cherchait qu'à descendre, inquiète et malicieuse ; et je voyais sa peau, et je voyais son corps, et nos mots se croisaient.

Nous avons parlé d'écriture ; étrange comme nos expériences se parlaient, se répondaient ; étrange comme la rue se faisait calme, comme le serveur souriait un accent exotique, comme le dernier métro patiemment nous attendait.

Elle m'a emmené chez elle - sa chambre sentait doux, son lit nous invitait.

Sur ce qu'il s'est passé ensuite, je préfère me taire. Le plaisir et la surprise ont ceci de commun que les mots parfois leur sont inutiles.

Je me suis endormi en pensant à mon diable et aux conseils qu'il me soufflait. Non, je ne serai plus jamais un homme fidèle (sauf peut-être à moi-même), et je vivrai les aventures lorsqu'elles se posent auprès de moi.

La femme avec qui je vais vivre (cette fameuse auteure anonyme qui m'entretient, non pour mon talent, mais je pense pour mes capacités déménagiennes) ne me reprochera rien de mes escapades ; elle sait qu'elles font partie de moi.

D'ailleurs, elle a elle-même connu hier soir une aventure similaire, et je pense qu'elle s'en est enchantée.

(En tout cas j'aime le croire : elle m'a dit qu'elle avait passé sa soirée pirate en compagnie d'un jeune écrivain, dans un restau indien, étrange coïncidence...)

Le diable nous est utile. Surtout pour les meubles lourds.





Voilà voilà. Sinon, vous, ça chantourne ?


Et je ne peux pas vous laisser sans vous rappeler que :

- non, on ne peut pas voter par Internet pour le prix de la nouvelle du Scribe qui sera décerné à Lauzerte ; il faut venir, on vous attend (et ce n'est pas bien loin : le 21 septembre, Lauzerte sera au centre du monde) ;

- oui, vous pouvez encore écouter l'émission Transversales d'hier, aujourd'hui à 11 heures ; et au cas où vous voudriez les paroles du premier morceau que nous avons chantonné, il s'agit de ce poème de Claude Roy :

Il y aura d'autres étés
D'autres grillons feront leurs gammes
dans d'autres blés
On croisera sur la route d'autres dames

Un autre merle inventera
une chanson presque la même
Un autre monsieur se trouvera là
sous cet arbre où je t'aime

Une petite fille qui n'est pas née encore
fera une poupée en coquelicot
à cet endroit précis où ton corps
endormi se mêle au long bruit de l'eau

On dira (mais ce seront d'autres)
Il faudrait bien un bon coup de pluie
ça ferait du bien aux récoltes
Les mots feront le même bruit

Mais plus personne plus personne
ne se servira de mon cœur à moi
ni de ta voix à toi qui résonne
dans mon oreille et dans mon corps à moi.

Et pour entendre l'émission à 11 heures, c'est ici, ou encore sur 90.1 dans la région toulousaine... Perso, je vais écouter pour savoir si l'on distingue le double canon double crochique que mon gentil Zadig a entonné gentiment sur Ta peau. Comme footeux et chanteur, il y a qui de connu ? Roch Voisine ?


10.9.08

On the air

Tiens, en parlant de Lauzerte, justement, l'ami Christian Moretto nous invite dans son émission Transversales sur Radio Mon Païs, aujourd'hui à partir de 17h30. Au programme : le programme de Lauzerte, donc (Jacques du Scribe est l'invité principal), des nouvelles de la culture 100% sans OGM, et éventuellement quelques petites chansons de LoFi - dont, si tout va bien, la dernière en date...

Je rappelle aux pôôôôvres non-toulousains que Radio Mon Païs s'écoute aussi sur le web, en cliquant ici.

À tt'à l'heure ?

8.9.08

A cause des cartons

Rhaaahahaha je suis à la bourre...

Parce qu'ils l'ont tous fait. Si, si, tous.

Allez-y, vérifiez : Christine Avel, Laurence Barrère, Anouar Benmalek, Claude Bourgeyx, Magali Duru, Georges Flipo, Françoise Guérin, Éric Holder, Marie-Hélène Lafon, Michel Lambert, Fouad Laroui, Pierre Le Coz, Marie Le Drian, Frédérique Martin, Chantal Pelletier, Claude Pujade-Renaud, Bernard Runtz, Annie Saumont, Jan Thirion, Emmanuelle Urien, Marc Villard, Thomas Werth.

Tous. Ils ont tous fait un post sur Lauzerte.
Même ceux qui n'ont pas de blog, c'est dire.

Alors Lauzerte, c'est quoi ?
Bin, c'est un peu comme le salon de l'auto de la nouvelle, l'exposition internationale de la prose courte, les jeux olympique de l'instantané qui tue.
En mieux.

C'est une brochette d'auteurs (aïe) réunie au creux d'une bastide, sous la houlette du clocher, et qui regardent passer le soleil et les lecteurs.

Un auteur de nouvelles, ça se reconnaît vite. C'est discret, plutôt timide (mais on leur donne à boire pour qu'ils oublient cet aspect d'eux-mêmes). Ça écrit des petites histoires en sachant très bien que non, la nouvelle ne se vend pas, que le marché ceci, que Anna Gavalda cela.

Et ça s'en fout, un auteur de nouvelles. Ça écrit une histoire parce que, en quelques pages, cette chose-là réclame d'être dite.

Pour tout vous dire, personnellement, je ne me sens pas toujours très auteur de nouvelles. À cause des romans bilingues, de la musique, de la peinture. Et puis de ce premier recueil où j'avais mis tellement de moi, pour voir les ventes stagner, l'éditeur s'enfoncer dans la déprime - jusqu'à pilonner les exemplaires, c'est dire...

Mais.

Mais voilà que j'ai commis d'autres nouvelles.
Alors bon, faut que j'explique : une nouvelle (pour moi en tout cas) ça ne se pense pas. Jamais.

La couleur vient - juste un fil monochrome.
Et toi tu fais abstraction de toi pour écouter comment ce fil vibre.
Point.

Après, tu l'envoies à un éditeur. Là, l'éditeur te dit "Pas crado, mon bonhomme, mais t'en as fait trop là, là et là. Tu coupes, tu vires, tu réorganises. Et peut-être qu'on pourra s'entendre."

Et toi, comme tu es un auteur de nouvelles, rien que ça, tu fais comme il dit.

Plus tard, tu reçois des épreuves. Tu les relis, avec peut-être au départ l'impression d'avoir commis tout un ensemble de grosses merdes chantournées.

Ah, mais au fond, non. Parce que ton éditeur, ce qu'il t'a fait couper, c'était ce qui gênait.
Et là tu te retrouves avec un recueil - et pour être honnête avec toi-même, tu te dis qu'il est bien, d'autant qu'il n'est pas vraiment de toi. Que tu n'as été qu'un medium pour des histoires qui voulaient être dites.

Et tu évites de te la péter, parce que medium, c'est même pas un vrai métier. Juste un état, passager - tu n'es jamais sûr que tu réussiras à le redevenir. Que ça reviendra.

Mais tu vas à Lauzerte - parce que les lecteurs, parce que Jacques, parce que Mathieu, parce que René.

Là, il y a d'autres auteurs de nouvelles. Tout pareil que toi, sauf que différents.

Tu aimerais bien être le meilleur, celui qu'on remarque, celui qui vend. Pourquoi pas ? Après tout, cela ferait plaisir à ton égo, et à ton éditeur.

Mais les autres sont bons. Très bons. Entre deux verres de vins et un demi de bière, l'un peut t'expliquer en une phrase ce qu'il t'aurait fallu deux ans pour trouver. Et il le fait avec un sourire que, si le mot n'était pas devenu grossier, j'oserais qualifier de fraternel.

Alors tu vas au prix de la nouvelle du Scribe - le Scribe, pauvre ignorant, c'est LA librairie de Montauban. Qui est tenue par LE libraire de Montauban, Jacques, pour ne pas le nommer. Jacques, qui fait des pieds et des mains pour ses auteurs - les auteurs de nouvelles.

Et au prix de la nouvelle, tu apprends que tu peux faire partie du jury. Comment ? En ayant lu les 5 recueils de nouvelles sélectionnés, et en votant.
Pas plus compliqué que la Star Ac. Moins cher en SMS.
Vachement plus enrichissant.

Et tu te dis que tu as fait quelque chose pour un genre littéraire en voie de renaissance.

Mais, te demandes-tu, comment trouver ces bouquins, ces fameux 5 bouquins dont l'un seulement aura le prestigieux prix de la nouvelle du Scribe (le seul prix littéraire à coûter de l'argent à son auteur, vu qu'ensuite il offre l'apéro à tout le monde, et à ses ex-concurrents en particulier, parce qu'on est comme ça, nous autres, dans la nouvelle) ?

Solution n°1 : se trouver à Lauzerte, et acheter les sélectionnés ; les lire le plus vite possible, faire son choix, voter, boire.
Inconvénient : il y a plein d'autres auteurs de nouvelles à Lauzerte, et à moins de posséder un coeur de pierre, tu ne pourras pas partir sans avoir acheté et lu leurs oeuvres. Ça risque de tasser au retour dans ton Ami6.

Solution n°2 : être un vieux routard de la nouvelle, et avoir lu à l'avance ces recueils, tout simplement parce qu'ils font partie des meilleurs de l'année écoulée.
Et là, tu viens quand même à Lauzerte, parce qu'en bon lecteur de nouvelles, tu sais qu'il est possible qu'un titre, qu'un auteur (peut-être deux, qui sait) ait échappé à ta perspicacité ; là, tu es sûr de rencontrer du beau monde.

Solution n°3 (la mienne, puisque comme je le disais, je suis à la bourre) : tu commandes par la poste les 5 recueils de nouvelles, tu les lis - et puis, fasciné, tu descends à Lauzerte, parce que des gens qui racontent des histoires comme ça, ça doit valoir le coup de les rencontrer, de les écouter lire, de leur parler...

Et là, tu t'effraies. Amazon, Fnac et tutti quanti ont-ils bien fait leur boulot ? Peut-on d'un simple clic commander le "Pack Lauzerte", composé de :

- Rescapés ordinaires (D’un Noir Si Bleu) de Laurence Barrère

- Les Beaux dimanches (Quadrature) de Magali Duru.

- L’autre Versant du jour (Le Rocher) de Pierre Le Coz.

- Cette fragilité en dépit de tout (Finitude) de Bertrand Runtz.

- Les hommes aussi ont besoin d’amour (L’Arpenteur / Gallimard) d’Yves Lériadec ?


Bin non. Bien sûr qu'on ne peut pas. À cause que la nouvelle, répétons-le, ne se vend pas, n'intéresse pas, ne marketingue pas (et s'en fout joyeusement, surtout quand le soleil tombe sur la place des Cornières).

Et le site de vente en ligne du Scribe, fournit-il une solution ?

Pas vraiment. Parce qu'en plus d'être admirable, Jacques est impartial. Il ne vend en ligne que des ouvrages chroniqués (par ses soins et ceux de ses collègues). Or, il refuse de chroniquer les sélectionnés, pour laisser aux lecteurs leur libre arbitre.

Bin alors, comment tu fais ?

Tu mailes. Tu mailes au Scribe, à l'adresse l i s c r i b e (chez) a o l point com (tu enlèves les espaces parce que tu n'es pas un bête robot spammeur), en disant que tu veux, que tu désires, que tu rêves d'acquérir le Pack Lauzerte. Et Jacques s'occupe de tout.

Ensuite, tu viens à Lauzerte, pour remercier les auteurs. Ou les engueuler, pourquoi pas ? Ils adorent discuter, de toute façon.

Et tu commence à te dire que les nouvelles, tu aimes vraiment ça...



Bon, encore un post peu informatif ; mais vous pourrez retrouver toutes les infos ici.


Et il me tarde d'y être (car on aura fini de déménager...)


Sinon, vous, quelles nouvelles ?


7.9.08

En français, c'est plus long

Elegy to an old mistress


When the days of grief and tears
On him, that has passed, sweet-silenced by the time
(oh and in the death of his skin you could retrieve his youth's flesh and blood)
You'll wake up one fine morning with yourself on your own
And happy and alive

And then in a soft breeze
He'll kiss you with his love
Wishing you to be
on your true loving self,

Caressing at times the sheer thought of him alive

Thus you will not cry, nor weep,
And the sole tear on your cheek,
Shall be filled by precious grace.

So I smile to thee, old mistress,
And embrace thee by the thought.





Hé bé voilà.
Parce que Yrf va gueuler, encore, si j'écris en anglais. Mais comme l'indique le titre du post, en français c'est plus long.

Parce que voilà, aujourd'hui j'ai eu envie d'écrire. D'écrire en particulier à propos de ma vieille maîtresse - ne vous méprenez pas, mon institutrice.
Madame Neyrolles, elle s'appelait.
Je la vois aujourd'hui comme une grand-mère, ce qu'elle est ; mais je me souviens aussi d'elle en maman-maîtresse-nounou-guide - une instit, oui, de l'ancienne école, celle qui n'avait pas bézef de formation théorique en IUFM mais détenait un authentique coeur d'or, et aimait les enfants quels qu'ils soient, les prenaient pour ce qu'ils étaient et les aidaient à faire leurs premiers pas hors de la maternelle.
Je pourrais vous raconter comment elle m'a bien préparé au système scolaire, faisant de toute activité un jeu, une aventure, une occasion d'apprendre et de grandir.
Oh oui, j'aurais des choses à vous dire (ainsi que de G. qui la suivit, et dont je porte le nom).

Mais aujourd'hui, Madame Neyrolles est triste.
Triste, parce que son mari vient de mourir.
Je connaissais moins son mari. J'ai le souvenir de cheveux blancs, de sourcils noirs, d'un sourire bourru d'arbre d'Aveyron. De la beauté-bonté de ses rides.
Un jour, il avait amené à l'école un poney noir, et nous avait fait asseoir dessus.
Je suis sûr qu'il est mort aussi beau et tranquille que ce jour-là.

Et Madame Neyrolles, la pauvre, doit pleurer. Comme je pleure en pensant à elle.
Peut-être se sent-elle comme une pauvre vieille femme seule, perdue et désorientée. Elle l'aimait, son homme, ça se voyait à son sourire. Et il l'aimait en retour.

Peut-être qu'elle se sent seule, dans sa grande maison au bord de la route.

Mais qu'elle se souvienne de ce jour-là, et des mille autres jours de beauté qui suivirent,
Qu'elle se souvienne du bonheur, seule, à deux, dans la joie et dans les larmes,
Et sur ses épaules elle sentira glisser le sourire de son homme

Vivant, présent, aimant, comme toujours.





Et voilà. C'est plus court en anglais, effectivement.
A moins que...



Elégie à une ancienne institutrice


Après les chagrins et les larmes
Versées sur lui, cher envolé,
Que l'âge éteignit sans alarme
Le temps viendra vous consoler.

(oh dans sa peau morte,
vous revint un instant
la vigueur de sa jeunesse
)

Un matin, dans le bleu des roses,
Vous serez, (car vous savez l'être)
Toute emplie de beauté.

Dans un souffle de brise,
Il vous embrassera
Sachant que vous êtes heureuse
Jouant son image en pensée

Non, plus de larmes ni de peine,
La seule goutte à vos paupières
Sera toute de grâce et de gaieté ;

Aussi, chère maîtresse,
je t'envoie mon sourire,
et vous embrasse
par le coeur.

iu kljhkjiu oiuoiuu kjh

traduction du titre :

"pas facile de taper sur un clavier quand il est emballé dans un carton".

Parce que là, je cartonne. Et les livres par ci, et les draps par là...
Enfin, quand je dis je cartonne, je suis injuste. On cartonne - car l'aide précieuse de Princesse m'est acquise.

Et elle pleure, la pauvre, en déchirant de ses dents de tigresse le rouleau de scotch marron.

Pourquoi pleure-t-elle ? Mais parce que nous nous séparons.

Un petit rappel des faits :

En janvier 2007, j'ai rencontré par hasard une créature fabuleuse, une princesse toute de noir vêtue qui vivait dans un affreux château sous les ordres tyranniques du Roisonpère (ou son mari, je n'ai pas approfondi la question).

Je lui ai chanté quelques chansons, dont ma version offbeat du Bal des Laas de Polnareff ; et, envoûtée par ma voix profonde et mon regard caressant (ou l'inverse), elle s'est jetée dans mes bras de baladin, oublieuse de son rang et de ses obligations. Depuis, elle me suit sur les chemins boueux où nous allons de ferme en ferme porter histoires et chansons.

Sauf que.
Sauf que, qu'on le veuille ou non, on ne peut vivre d'amour et d'eau nitratée plus de quelques mois. Nos un an et demi de concubinage notoire constituent en eux-mêmes, sinon un record, du moins une rareté.
Depuis combien de temps ne l'émerveillé-je plus en troussant sur ma guitare les notes d'une chanson coquine ? Depuis combien de temps ne trouve-t-elle plus à mon corps cette saveur exotique (qu'elle a dû rêver, vu que j'ai grandi dans l'Aveyron) ?

Et puis j'ai besoin d'autre chose. De respectabilité, par exemple. C'est vrai, quoi : mon deuxième recueil de nouvelles va paraître, je ne peux plus me contenter d'improviser contes et historiettes en souriant au vent follet. Il faut que je m'établisse.

Quand j'étais petit, je rêvais d'être écrivain. Ca, c'est un métier sérieux, honoré, plein d'avenir (regardez les ventes du dernier livre de Benjamin Castaldi).

Et pour être écrivain, que faut-il faire ?
Bien écrire, avoir du talent.

Ah, merde.
Ou

(ah, il y a un ou, ça m'arrange)

coucher.

Que vouliez-vous que je fasse ?

- Princesse, enfermée avec sa pile de cartons, chante d'une voix lancinante arrête arrête, ne me touche pas, je t'en prie aie pitié de moi, d'ailleurs, demain, tu déménages, elle a de l'argent, elle a mon âge, elle a toutes les qualités, mon grand défaut, c'est de t'aimer (et de mordre le scotch marron, mais j'ai de bonnes dents) -

Oh, je ne suis pas de pierre. Mon petit coeur se serre en pensant à sa douleur. Mais je ne puis plus vivre avec une bohémienne. Puis plus, puis plus, c'est tout. Et qu'on cesse d'en discuter.

J'ai rôdé dans bon nombre de salons du livre à la recherche de la proie. Je voulais quelqu'un de célèbre, riche, avec du talent ; quelqu'un que je puisse vilement séduire pour profiter de ses faveurs, afin en dernier ressort de m'introduire (... blague de rugby...) dans le milieu de l'édition.

J'avais d'abord pensé à XX, voire à XXX, deux pointures dans le secteur ; mais ni l'une ni l'autre ne semblaient très enthousiastes (la première m'a même semblé carrément froide).

Au plus fort de mes recherches, et devant les refus répétés (même elle n'a pas voulu, et pourtant, merde, j'aurais pu lui apporter quelque chose en tant que mari écrivain), j'ai failli, je l'avoue, ouvrir un blog colérique ; mais j'ai baissé la tête et relevé le reste, et j'ai persévéré.

Et voilà. C'est fait. Une auteure célèbre, abondamment publiée, douée, prometteuse, a commis la folie de vouloir vivre avec moi. Et nous nous installons, dès cette semaine, dans une petite maison au coeur du quartier Bonnefoy - un des plus sympas de Toulouse, et pas simplement parce qu'il a donné son nom au gars Yves, un poète que j'aime bien.

Adieu, Princesse. Soyons réalistes en ces temps sarkosiens : nos amours bohémiennes ne pouvaient perdurer. Je m'en vais vivre avec




ah merdre, j'ai plus d'encre dans mon clavier.

Putain, le suspens...



Sinon, vous, ça déménage ?

5.9.08

Entraînons-nous gaiement à la pensée positive

... suite aux tracas causés par les velléités footballistiques de mon Zadigounet, cette phrase, inspirée d'une longue conversation téléphonique :


"Bénis soient nos ex,
car ils n'oublient jamais de nous rappeler
pourquoi ils sont nos ex".

Fais la passe, Rocheteau.

4.9.08

Modulons nos agendas

Hier, en commençant mes cartons de déménagement, je me faisais la réflexion (fort utile au demeurant, alors que le rouleau de gros scotch agonisait entre mes doigts) que, chez moi, le livre est endémique.

J'ai commencé par la bibliothèque - une horreur massive, ex-armoire d'enfant recyclée, et que je compte transformer encore en planches à peinture ; et comme à chaque déménagement, je me suis demandé quels livres j'allais cette fois abandonner à leur destin.

Il y a trois ans, quand j'ai changé ma vieille vie pour un T3 à Jolimont (Bahrein), je n'avais je crois que deux ou trois cartons de bouquins ; en trois ans, je pense n'avoir relu aucun d'eux ou presque.

Une bonne raison pour en balancer quelques-uns, non ?

Non. Endémique, vous dis-je : impossible de m'en débarrasser. Même ceux que je n'ai pas ouverts, ceux qui m'ont déçu, ceux dont je sais que je ne les reprendrai jamais, je les garde.
Je m'accroche trop aux choses, peut-être.

Mais je fais des efforts. J'ai réussi à ne pas empaqueter l'immortel La passion de créer de Paul Ricard, summum de la communication d'entreprise - oui, mais c'était un cadeau que L. m'avait fait du temps où Page à Page était une maison d'édition et que mon premier recueil promettait beaucoup...
Rhétorique de la poésie du groupe µ ? Ouais, je crois que je pourrai m'en passer, comme du Roman historique de Luckas et de deux-trois autres pavés de théorie qui convenaient à l'étudiant que j'ai été et m'arrachent à présent un minuscule sourire de dérision ; plus quelques exemplaires reçus en service de presse, des manuels de self-care pour la plupart.
Et au-delà ? Bin non. Je garde mes vieux polars, mes classiques au cas où, et même, même, mes manuels scolaires où il faisait si bon piquer des idées de lecture pour mes collégiens, du temps où...

Alors voilà. J'ai fait un choix - minuscule, à peine sensible, mais un choix tout de même. Sans même redouter le jour où je me dirai Rrrrrrahhahahaâââ putain, j'ai eu Le Naturalisme de Chevrel pendant des années et comme un con je l'ai balancé...
Au pire (mais ce serait vraiment le pire) je le rachèterai.

Il en va de même, en ce moment, pour mes projets - mes projets, tout aussi endémiques que les livres : les sélectionner ou même les hiérarchiser me fend le coeur. Aussi simple que ça. Pourtant, il est temps que je choisisse, non ? J'en ai même envie, et ça se fait presque tout seul.

Et puis c'est même simple, si l'on va doucement.

Tiens, par exemple, les projets quasiment prêts :

Visitez le purgatoire, emplacements à louer
- mon prochain recueil de nouvelles chez D'un Noir si Bleu. Bon, ça c'est fait ou quasiment, il n'y a plus qu'à attendre Lauzertes pour les voir en vrai.
(Et puisque j'en parle, c'est maintenant, que le livre est en cours d'impression, que je me rends compte qu'il est vraiment bon, en tout cas cohérent - et ce grâce à ma muse, qui m'a poussé, à Fred M., qui l'a relu une première fois, et surtout, à Pascal Arnaud, l'éditeur, qui y a vu ce que j'étais infoutu d'y distinguer : des histoires surles vivants et les morts, et la limite ténue entre les deux.

Enfin Seule, l'album pour enfants, illustré - non, enchanté - par Juliette Armagnac.
Là, c'est plus difficile : c'est normalement prêt, mais les aléas financiers de l'édition semblent menacer la sortie pourtant attendue depuis trois ans... Ou bien je me trompe ? Où sont les éditeurs, en ce moment ?

Bon, ça, c'est fait ; tout comme est preque fait Sujet Bateau, la pièce que le Fil à Plomb nous a commandés à Emmanuelle Urien et moi-même (pas belle phrase, mais tant pis, je laisse...).

Ensuite ? Bin, ensuite, je ne sais pas trop. Il y a Sphinx qui est prêt - ce sera je pense une BDblog, faut que je voie les détails ; les objets sonores de LoFi qui vont aller se chauffer la voix du côté de Lauzertes, Montolieu, et Toulouse (deux dates en novembre, je vous en reparlerai).

Il y a ce guide sur le Canal du Midi pour lequel je commence à me documenter, et ces envies de SF qui nous traversent, Emmanuelle et moi.

Et la peinture, évidemment...

C'est jouable. Comme un déménagement, comme le fait de vivre avec quelqu'un alors qu'on tenait si fort à cette vie de troubadour solitaire. Comme d'accepter que les choses changent, et que, comme il est dans leur nature de changer, cela ne peut être que pour le mieux...

Et les projets que j'ai oublié de citer ?

Bin, comme les livres : ils trouveront leur destin.

2.9.08

Rédac



D'abord, ils nous ont fait attendre dans la cour ; on se tenait par la main, en rangs : encore une année qu'on allait passer côte à côte (peut-être dans la même classe, avec un peu de chance).

Puis ils nous ont fait entrer dans la pièce - hauts plafonds, murs crème, dessins défraîchis.
Et ça a commencé, presque tout de suite : on ne savait rien, on avait tout oublié, c'était à peine croyable qu'on nous ait repris cette année.

Wow. Ça m'a fichu un coup, dès le départ.

Alors j'ai tourné la tête.
Elle était toujours aussi belle, et je ne vois pas pourquoi je me serai intéressé au cours.

Il ne nous a pas fallu dix minutes pour commencer à s'échanger des petits mots, des dessins, des histoires : on s'était débrouillés pour rester au fond, bien à l'abri des regards.
Elle était plus sage que moi, évidemment - elle voulait travailler ; mais je la faisais rire, et de toute façon elle était bien trop forte pour avoir besoin de s'appliquer.
Et puis j'aimais ses croquis et ses petits papiers.

Je me suis dit que ça risquait d'être une belle année, malgré tout.



Et puis on s'est réveillés - ce n'était qu'un mauvais rêve, comme on dit dans les rédacs de cinquième (thème : le fantastique - Rédigez un court passage narrant une anecdote à caractère fantastique ; vous soignerez l'orthographe et la présentation).
On était tout de même côte à côte, et on avait du pain sur la planche : ces petites histoires, maintenant, il fallait les écrire...



C'était : "Racontez votre rentrée scolaire" par Manu Causse (CP2)


Sinon, vous, ça rentre ?

1.9.08

Rond, le ballon

À quelques heures de la rentrée scolaire (dont la pensée m'horripile, rapport à mon lourd passé de prof), voici que se pose un problème.

Que dis-je, un problème ? Un dilemme. On noeud gordien (au fait, c'est qui, ce Gordy ? Celui qui chantait "Dur, dur d'être un Dédé ?).

Zadig veut faire du foot.

Du foot.

Oh putain.

Oh, ce n'est pas mon côté rugby qui l'interdirait, même si je pense toujours que quinze cons de rugbymen dans un vestiaire sont toujours un peu moins cons que onze cons de footballeurs, que respecter un arbitre et ne pas faire de cinéma est la moindre des choses en sport co ;

ce n'est pas non plus mon histoire personnelle - je suis resté célèbre auprès de ma Môman pour avoir quitté tout seul le terrain au milieu de mon deuxième entraînement de foot en poussins, parce que, je cite, "ils étaient cons et méchants" ;

ce n'est probablement pas le fait que cela signifie des transbahutations les mercredis et les samedis, des ouikend bloqués pour une heure de match à se geler les noix sur un terrain de campagne en compagnie de papas prenant leur dernier pour un futur Zidane (et bien décidés à imposer cette vue autour d'eux) ;

et ne croyons pas non plus que c'est parce que le foot a toujours été une affaire de famille du côté de la maman de mes affreux, tandis que c'était le contresport par excellence dans mon milieu à moi (ce qui signifierait que mon adoré mon angelot mon tout rond tout drôle se mettrait à pencher davantage vers eux que vers nous) ;

est-ce alors m'imaginer mon bébé, mon gros bébé, mon sourieur, mon câlin, devenir comme ces petits durs qui s'imaginent que Frank Ribery est l'incarnation de l'intelligence, de la classe et de la réussite, et dont le vocabulaire (y compris gestuel) me paraît d'une vulgarité incroyable ?

Est-ce me dire qu'il grandit, ce petit con, et que je vais devoir accepter ses volontés - lui qu'un papa artisssss, incapable de lui fournir la stabilité dont il rêvait peut-être, cherche toujours à combler ?

Bin, comme d'hab : un peu de tout ça et sans doute d'autres choses.

M'enfin, merde, du foot...

Pendant ce temps, Anton, mon secret, mon durtendre, mon fermé aux mains bouillantes, continuera le cirque - et je vois grandir petit à petit sa grâce mystérieuse, la pureté de sa violence et de ses gestes.

Et demain je courrai pour les entrevoir à la porte de l'école (leur tête tourne bizarre pour ne pas nous voir Maman et Papa ensemble côte à côté, pour effacer l'épaisseur de la colère et du ressentiment entre nous), j'aurai un goût de feuille ocre dans la bouche - et comme depuis la toute première fois (Anton et Zadig sur un manège à cesser de nous regarder) je me sentirai mourir une fois de plus. Tout doucement.

Et je me dirai que peut-être, mais qu'il faut aussi que cela soit.




Sinon, si un quelconque lecteur de ces lignes (quelconque ? mais personne n'est quelconque, ici) a une idée pour m'éviter la corvée du foot, please, écrivez...