14.12.06

Steven Seagall

Le chef cuisinier est un ancien commando...

Heureusement qu'il y a France 2 quand Mr Canal a décidé de ne pas passer de films américains...

Me voilà tanké devant une bluette où le beau Steven sauve un porte-avions d'un groupe de terroristes méchants, accompagné d'une poupée au brushing très eighties ; rien à dire, la vie est belle.

La tentation est grande, d'ailleurs, de transformer ce blog en une chronique du bonheur domestique : vous parler de mes bonshommes, du super repas qu'on a fabriqué ensemble, des discussions, des massages et des dessins que nous échangeons ; vous raconter la répét' d'aujourd'hui avec LN, comment nos voix se trouvent, comment les rythmes viennent, les conneries qu'on se raconte au balcon dans la chaleur des derniers rayons de soleil...

Heureusement, la Vraie Vie, avec son cortège d'emmerdes, frappe parfois à ma porte. Par exemple, hier, au lieu d'acheter Le Monde comme j'aurais dû me souvenir de le faire pour y découvrir les illustrations de Miss S., j'ai acheté Marianne. Je partage leur agacement sur la non-campagne politique, les injustices stupides de la société, etc... Ceci dit, je n'ai pas vraiment besoin de les lire pour ça. Et j'aurais mieux fait d'acheter Le Monde, introuvable aujourd'hui. Zut de zut de zut.

Et puis j'ai mes propres ennuis, tiens. Pas seulement les petits - une aile de voiture froissée hier soir en sortant du rugby (on s'en fout, on est potes), l'inquiétude de ne pas avancer plus que ça sur mon très attendu (par moi) deuxième roman, les gens qui ne répondent pas aux mails, les livreurs de livres qui ne passent jamais...

Mais tout ça n'est rien. Purement transitoire. Les Fiesta se réparent, les livres se composent et se décomposent, les élections surprennent parfois et s'oublient toujours (qui furent les adversaires de Guy Mollet ? Quelles invectives et quels torrents de haine ont-ils échangé ? Quels journaux prenaient alors scandaleusement parti ? Comment s'appelait la fille chérie d'un obscur journaliste qui pensait de tout son coeur faire bouger le monde en écrivant dans les colonnes d'un canard de province ?).

Il y a tout de même des moments un peu plus forts - quand on sonne chez moi juste avant six heures du matin, et qu'une voix gorgée de stress me lance
Police, ouvrez-nous...

Je dois être un citoyen modèle, parce que l'idée qu'ils puissent venir pour moi ne m'a même pas effleuré.
J'ai cherché quelque chose d'intelligent à répondre, un peu comme le Terminator trie dans sa mémoire les réponses les plus adaptées
- Yes ?
- Would you mind coming a little later ?
- Fuck you asshole
"-Fuck you, asshole"

J'avais aussi comme possibilités :
"sonnez chez le concierge" (courageux), "je ne cautionne pas votre politique sécuritaire" (boueffff....), "nique la police et ta race" (mais je joue au rugby avec plein de gendarmes super sympas, et par principe je ne nique personne - je ne sais même pas bien ce que ça veut dire...).

En plus, j'étais dans le brouillard, comme Toulouse, et tout ce que j'ai trouvé à faire, c'est d'ouvrir la porte et d'aller me recoucher.

Une vague conscience politico-citoyenne m'a quand même titillé - et si c'était faux ? Et si c'était pour déloger une famille, comme celles dont parle le RESF tous les jours dans mes mails ? Et si je n'étais qu'un sale collabo ? Et si...

Et si je retournais me coucher ?

Quelques minutes plus tard, j'ai entendu qu'on défonçait une porte, une course et quelques cris.

Steven Seagall, sans doute. Il a dû commencer sa journée par ça avant de sauver les Etats-Unis et la choucroutée.

Je pense que je ne reverrais pas tout de suite mon grand voisin du dessus, celui qui était toujours très bien habillé et très très détendu - et qui balançait de temps à autre sa cannette de bière depuis le 7e étage...

Ca gâche un peu la journée, quand même.

Il paraît qu'il est bouddhiste, Steven Seagall. Alors, un proverbe bouddhiste :

"Une journée commencée avec Steven Seagall peut toujours se finir par autre chose."

Espérons.

Du coup, j'en profite pour recaser un genre de texte qui m'est venu samedi, et dont le côté hayku me laisse perplexe; pour bien l'apprécier, je vous propose de le dire à voix haute, légèrement penché en avant, avec l'accent et la voix de Claude Nougaro (ne me demandez pas pourquoi, c'est comme ça).

L'eau est limpide
Seulement troublée
Par les coups de vent
Et les coups de bâton.

Steven Seagall a perdu : je change de chaîne.

Une pensée spéciale aux deux lectrices qui m'ont dit du bien de mon blog. Ca me fait très plaisir, et ça m'a obligé à faire ce post.

PS : Seagal, avec un seul l, après vérification. Mais comme je l'ai laissé finir son film le temps que je cherche une photo, il n'aura qu'à venir frapper à ma porte s'il n'est pas content.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

oh Manu faut arrêter la fumette cong !!!

Manu Causse a dit…

toc toc... qui c'est ?

"-Steven Cigale, asshole... je vais te f&aire avaler ta fumée..."

oups...

ben non, j'étais à jeun - sinon, je n'aurais pas pu supporter le film.

Anonyme a dit…

ah putaing cong y m'a enfumé... petit joueur va... I'll be back !!